Depuis le mois de juin dernier, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) est fermée à la suite des violentes manifestations qui ont eu lieu au sein du temple du savoir et les autorités avaient décidé de la poursuite des cours en ligne. Toutefois, cette décision a fini d’installer un bras de fer au point que la coordination du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES) du campus de Dakar a décidé de boycotter définitivement les cours en ligne. Ce qui risque de porter un coup dur à la fin de l’année académique en cours et de plonger davantage les étudiants, confrontés déjà à une lutte pour une connexion internet de qualité, dans une profonde inquiétude à cause de, surtout ceux installés hors de Dakar et/ou autres capitales régionales. Sans oublier l’approche de la campagne électorale qui risque d’aggraver la situation.
La coordination du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES) du campus de Dakar reste déterminée pour la réouverture de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et la reprise des cours en présentiel. Après une grève de 48 heures les 7 et 8 novembre derniers avec cessation des activités pédagogiques, et la tenue d’une marche et d’un sit-in, le SAES a décidé de se radicaliser. Il a donné un mot d’ordre d’arrêt définitif des cours en ligne malgré la décision du Conseil académique de l’université de « finaliser les activités pédagogiques de l’année 2022-2023 en distanciel avec l’accompagnement du Rectorat».
Et «la poursuite des travaux du comité de sécurité élargi aux fins de propositions d’un rapport sur les scénarii de reprise en présentiel en tenant compte de l’évolution de l’environnement sécuritaire, au plus tard le 30 novembre 2023» annoncée par les autorités n’aura rien changé en ce qui concerne le bras de fer avec les syndicalistes.
En effet, cela fait cinq mois que l’UCAD a été fermée, suite aux violentes manifestations qui avaient éclaté après la condamnation du principal opposant, Ousmane Sonko à deux ans de prison pour «corruption de la jeunesse» dans l’affaire Sweat Beauté. Et tout comme l’organisation syndicale, les étudiants aussi dénoncent cette suspension des cours pour des «raisons politiques».
Alors que la fin de l’année académique 2022-2023 reste incertaine, quid des nouveaux bacheliers qui ne savent plus à quel saint se vouer. Beaucoup d’entre eux s’inquiètent pour leur avenir à cause de la fermeture de l’université. Encore, faut-il disposer d’un bon matériel et d’une solide connexion pour pouvoir suivre les cours en ligne. Un gros défi chez les étudiants rentrés dans les villages et autres hameaux depuis juin dernier. Ils luttent pour obtenir une connexion internet de qualité.
«Ici, on ne se connecte qu’avec l’internet mobile et la connexion n’est pas fiable. Du coup, c’est difficile pour moi de suivre les cours à distanciel», fulmine Ousmane Sy, étudiant à la faculté des Sciences à l’UCAD, renvontré dans un village du département de Podor.
«Les nouveaux bacheliers risquent de payer les pots cassés de cette décision de fermeture de l’UCAD. Car, on n’a rien appris au courant de l’année 2022-2023. On a pratiquement rien fait et les conséquences risquent d’être trop lourdes pour les nouveaux bacheliers. Ils risquent de se confronter à un retard, car les étudiants n’ont pas encore terminé l’année 2022-2023 et les enseignements à distance n’ont rien réglé ici. En plus de cela, il y a des enseignants à qui, on n’a pas encore payé leur salaire. Et c’est comme si ces doléances que nous posons sur la table ne préoccupent pas le ministère de l’Enseignement supérieur», s’insurgeait le secrétaire général de SAES, David Célestin Faye lors d’une conférence de presse.
A plus de deux mois de l’élection présidentielle de février 2024, l’inquiétude risque de grandir pour les étudiants. Et pour cause, des menaces planent encore sur le déroulement des enseignements en raison de la campagne électorale.
Mariame DJIGO