Une poudrière

par pierre Dieme

L’activité minière détruit insidieusement l’écosystème. Plus de la moitié des sites sont des bombes écologiques sans étude d’impact. L’or noir arrive et mettra le pays à genoux si rien n’est fait pour restaurer les terres ravagées

Il ressort d’une étude de la Direction des Mines que l’exploitation minière a des conséquences néfastes sur l’environnement. L’audit des plans de gestion environnementale (PGES) pour l’opérationnalisation du Fonds de réhabilitation des sites miniers et des carrières montre que beaucoup de carrières n’ont pas d’études d’impact environnemental. Pis, des plans de réhabilitation font aussi défaut.

Le Sénégal s’achemine vers une exploitation pétrolière et gazière qui aura, sans nul doute, des impacts négatifs sur l’environnement. D’ores et déjà, la Direction des Mines fait ressortir les conséquences de l’exploitation minière sur l’environnement. De l’audit des Plans de gestion environnementale (PGES) pour l’opérationnalisation du Fonds de réhabilitation des sites miniers et des carrières, il résulte que moins de la moitié des carrières a fait l’objet d’une étude d’Impact environnemental et social (EIES), soit 47% des projets de carrières, tandis que 44% de ces derniers ne disposent pas d’étude et 9% ont des EIES en cours (rapport non encore validé par l’administration environnementale).

Selon le document, pour les carrières n’ayant pas fait l’objet d’une EIE, il s’agit notamment de celles antérieures à la loi N°2001-01 du 15 janvier 2001, portant Code de l’Environnement qui exige la réalisation d’une étude d’impact environnemental avant la mise en œuvre. L’inexistence d’une EIES étant liée, selon le rapport, au manque d’informations des promoteurs sur l’obligation de réaliser, préalablement à toute activité, une étude d’impact environnemental.

Comme explications, l’étude fait ressortir que certains promoteurs ont plusieurs autres carrières appartenant au même titre et ils pensent qu’il suffit d’en faire l’étude d’une seule carrière pour couvrir l’ensemble du titre.

Pour les petites mines n’ayant pas fait l’objet d’une évaluation environnementale, sept (7) se trouvent dans la région de Kédougou, deux (2) à Thiès, deux (2) autres à Matam dont l’une est à Ndendory. Une autre mine se trouve à Bakel, dans la région de Tambacounda. S’agissant des concessions minières qui n’ont pas fait l’objet d’une évaluation environnementale, on les retrouve à Thiès : deux (2) dont l’une se trouve à Darou Khoudoss, l’autre à Thicky. Il y a aussi une installation dans la Falémé à Kédougou. Pour les carrières qui n’ont pas fait l’objet d’une évaluation environnementale, plus de la trentaine se trouve dans la région de Thiès. Trois (3) sont dans la région de Tambacounda, à Koussanar. Bafoundou et Marougoukoto sont aussi concernés. A Kédougou, on en dénombre quatre (4) : Mako, IbelNdebou et Dimboli.

Dans la région de Dakar, Ndoukhoura Wolof accueille aussi une installation qui n’a pas fait l’objet d’une étude environnementale. A côté ily a des carrières dont les études d’impact environnementales sont en cours. On en retrouve trois (3) dans la région de Thiès. Elles sont à Thiés, Ngoundiane et Ndebou. Neuf (9) sont dans la région de Kédougou, à Tomboronkoto, Saraya, Wassadou et Mako. Ce qui est constant dans l’étude est que l’existence d’un plan d’impact environnemental ne garantit pas la disponibilité d’un plan de réhabilitation. 47% des carrières qui ont fait l’objet d’une EIES n’ont pas de plan de réhabilitation budgétisé. D’après le document, l’absence de plans de réhabilitation de certaines évaluations environnementales peut s’expliquer par le fait que l’élaboration d’un plan de réhabilitation au sein des rapports d’EIES est absente de la loi environnementale en vigueur. Toutefois, des efforts de réhabilitation sont entrepris par des compagnies.

A signaler que la réhabilitation des sites miniers, après exploitation, est une directive de la législation sénégalaise. Un Fonds de réhabilitation des sites miniers est instauré depuis 2003, mais il n’est pas fonctionnel car n’étant pas alimenté. L’alimentation de ce fonds a commencé ces dernières années. Et, pour le moment, c’est seulement 1,5 milliard qui a été mobilisé. Certains exploitants refusent de se soumettre à la loi, sous prétexte que leurs contrats n’intègrent pas cet aspect, car antérieurs à son instauration.

Fatou NDiAYE

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