Vous ne trouverez pas dans ce pays de paradoxes plus grands amuseurs publics que ceux qui nous gouvernent. Voilà plus de 11 ans qu’ils sont au pouvoir, nous vendant du vent avec des chiffres astronomiques qui sortent de leurs chapeaux de prestidigitateurs. A les en croire, en plus de notre statut très envié de pays émergent avec de belles routes, des ponts, un Ter et un Brt, ils ont créé tellement d’emplois au profit de la jeunesse que, pour « s’enjailler » et se trouver d’autres plaisirs, celle-ci décampe pour l’enfer !
Et tout récemment, l’un des plus obtus ministres de la Jeunesse depuis nos très glorieuses indépendances s’est détourné du combat qu’il menait contre Oscar Sierra et qui lui a valu sa présence en Conseil des ministres pour enfin se consacrer à la jeunesse et tenter de stopper l’hémorragie que constitue l’émigration irrégulière. Le bonhomme dit avoir trouvé la potion magique. Une annonce faite dans plusieurs périodiques comme si le mec venait de réussir l’exploit de nous sortir de la misère. En plus de 11 ans, et malgré leurs chiffres exagérés, ils n’ ont rien pu faire contre le chômage massif des jeunes.
Et eurêka, c’est en fin de mission qu’ils vont s’employer à trouver la recette infaillible pour fixer la jeunesse et lui ôter toute envie de quitter ce doux pays où l’université de la capitale est fermée pendant que l’Arène nationale, point focal du grand banditisme, est ouverte. Mieux, un dispositif de plus de 6000 policiers et gendarmes était déployé pour sécuriser l’événement. Résumons : on ferme les universités et on ouvre grandes les centres de recrutement de policiers et de gendarmes avec un objectif de 35.000 pour ces derniers à l’horizon 2035. Mieux, l’Etat, à travers un de ses canards préférés, montre les muscles avec l’acquisition de chars de combat en Chine, pays connu pour le massacre de centaines d’étudiants à Tien-Am Men.
La logique du pouvoir en place est claire comme de l’eau de roche… Aux étudiants qui ne veulent qu’étudier, on leur ferme les portes de la plus grande université de l’Afrique Occidentale. L’appel insistant des enseignants n’a eu aucun effet. Ces messieurs du Conseil académique de l’Ucad, qui sont pour la plupart des politiciens carriéristes, ont imposé leur veto, convoquant l’aspect sécuritaire tu parles, papa, et les milliers de policiers et gendarmes recrutés, et les chars achetés en Chine mais aussi en Turquie ? alors que tout le monde sait qu’il s’agit bien d’une décision politique.
Eloigner les étudiants du campus, le temps de régler son compte à ce vilain Oscar Sierra. Bien entendu, vous ne trouverez à l’université Cheikh Anta Diop et dans aucune autre université du pays, un seul rejeton de ceux qui refusent son ouverture. Tant pis pour les fils des autres !
KACCOOR BI – LE TEMOIN