Le Procureur de la République semble se préoccuper particulièrement de la confidentialité du dossier médical de Ousmane Sonko.
Dont acte.
Mais alors Mr le Procureur ne mettez pas la charrue avant les bœufs.
Bien avant la fuite de ce document, le secret médical et la confidentialité du dossier médical de Monsieur Sonko ont été allègrement violés et piétinés d’abord par le Directeur de l’administration pénitentiaire himself et la ministre de la justice qui l’a certainement transmis à son tour à sa hiérarchie
Il faut donc commencer par eux.
En effet ce directeur n’est pas un médecin impliqué dans la prise en charge de Sonko à ce que je sache et quel que soit son niveau de responsabilité administrative sur le DPS (détenu particulièrement signalé), il ne saurait être destinataire de telles informations médicales avec force détails.
Dans sa lettre au ministre, il parle de fièvre à 40 degrés, frissons, vomissements, perte de connaissance, de soins de réanimation.
Il se permet même d’enchaîner sur le diagnostic étiologique en précisant qu’en dépit du bilan biologique, l’étiologie c’est à dire la cause reste inconnue pour le moment.
Cerise sur le gâteau il déclare même qu’une « antibiothérapie probabiliste » a été mise en route dans ce contexte.
Bref un rapport médical digne d’un Reanimateur et destiné à … la ministre de la justice.
Non mais franchement ces gens croient que le service de réanimation c’est un hôtel cinq étoiles pour passer des vacances de rêve et que le dossier médical est un vulgaire carnet de vacances dans lequel on consigne tous les détails du séjour.
La seule information que ces deux (directeur de l’administration pénitentiaire et ministre et par delà leurs supérieurs hiérarchiques) sont censés avoir c’est :
« L’état de santé du détenu s’est dégradé et le pronostic vital est engagé ».
Point barre, à la ligne.
Ils n’ont droit à aucune information médicale confidentielle.
Jusque là le médecin traitant est lié par l’obligation du secret médical.
C’est du grand n’importe quoi.
Mais bon ce n’est pas étonnant.
C’est dans ce pays où des médecins sont sous contrôle judiciaire jusqu’à ce jour justement pour avoir refusé de violer le secret médical de leur patient qui ironie du sort, n’est personne d’autre que ce détenu particulièrement signalé.
C’est également dans ce même pays où le Procureur Général Bakhoum nous livrait publiquement tous les détails sur l’état de santé de Sonko, ses antécédents médicaux et même la facture détaillée de son hospitalisation à la clinique SUMA Assistance.
Rien de nouveau sous les tropiques.
Mamadou mansour Diouf
Médecin réanimateur
Bordeaux