Tableau de la situation vécue par les familles de pêcheurs locales au port de pêche de Rufisque. Dans ce contexte de précarité croissante, peu de perspectives s’offrent à la population
Dans son récent reportage réalisé dans le port de pêche de Rufisque, au sud de Dakar, le Temps Afrique dresse le sombre tableau de la situation vécue par les familles de pêcheurs locales.
« Aujourd’hui, les sorties en mer rapportent quatre à cinq fois moins qu’autrefois », déplore Elhadji Malick Lô, 46 ans, interrogé sur place. Comme lui, les pêcheurs sont unanimes: les prises diminuent dramatiquement « de jour en jour », ne permettant plus de subvenir aux besoins des foyers.
Selon les explications recueillies, « c’est depuis que le gouvernement a vendu des licences de pêche aux gros bateaux » que la situation a décliné. Kondjira, jeune pêcheur, témoigne avec colère: « C’est une génération de pêcheurs traditionnels que vous êtes en train de tuer ».
Ces « gros bateaux », ce sont des chalutiers industriels étrangers qui « prélèvent des tonnes de poissons, transformés au large, sans jamais accoster », observe le journal. Résultat, « les ressources halieutiques sont épuisées sans créer aucun emploi pour les Sénégalais ».
Dans ce contexte de précarité croissante, peu de perspectives s’offrent à la population. Le scénariste Kondjira, dont le script sur « un pêcheur qui embarque sur une pirogue dans les ténèbres pour retrouver au large une lueur d’espoir » n’a trouvé aucun écho, envisage désormais de tenter sa chance par la mer. « Comment j’explique à ma mère, à mon père, à ma femme, à mes enfants que je ne rapporte rien à manger? », lance-t-il, désespéré.
Ainsi, malgré les risques de naufrage évalués à 30%, les départs clandestins par bateau augmentent chaque mois au départ du Sénégal, sans que les autorités ne parviennent à enrayer le phénomène.