A leurs risques et périls, les candidats au voyage mettent en gage jusqu’à leur vie. Mardi dernier, pas moins de 280 migrants, embarqués depuis les côtes sénégalaises, à bord d’une même pirogue, sont arrivés sur l’île d’El Hierro, dans l’archipel espagnol des Canaries.
Les morts et les disparitions, sans compter les emprisonnements et autres tortures, ne découragent pas ceux qui rêvent d’une vie meilleure à trouver ailleurs. Partir. Par tous les moyens, toutes les possibilités. En bravant tous les dangers. C’est vous dire que rien n’arrête les candidats clandestins au voyage. En embarquant depuis les côtes sénégalaises, quelques jours plutôt, près de 300 migrants sont arrivés mardi à bord d’un seul et même bateau sur une île de l’archipel espagnol des Canaries. Ils sont en fait 280 migrants arrivés sur l’île d’El Hierro, dans l’archipel espagnol des Canaries, par leurs propres moyens. Selon les secours espagnols, il y avait à bord de la pirogue 268 hommes, 10 mineurs et 2 femmes, soit 280 migrants.
D’ailleurs, il s’agit du plus grand nombre de passagers jamais arrivés sur une seule embarcation. « Depuis le temps que je travaille sur cette route, je n’ai jamais vu un bateau avec autant de monde à son bord », signale sur sa page X (ex-Twitter) le journaliste espagnol Txema Santana. « Ils ont eu de la chance de toucher terre », estime-t-il dans la foulée ». « C’est un débarquement hors norme », commente à son tour ‘‘InfoMigrant’’.
Sur cette distance de 1 700 km qui sépare le Sénégal des Canaries, la traversée est particulièrement dangereuse en raison des vents violents et des forts courants
Selon les sauveteurs, les exilés, d’origine subsaharienne, ont été pris en charge à leur arrivée alors que leur bateau était proche du port de La Restinga, sur l’île de El Hierro. Mais il faut préciser que la distance qui sépare le Sénégal des Canaries est d’environ 1 700 km et la traversée est particulièrement dangereuse en raison des vents violents et des forts courants.
Les Sénégalais ne sont pas les seuls à débarquer à El Hierro. La journée de mardi a été marquée par d’autres débarquements sur l’île. En 24h, un demi-millier de personnes y ont accosté, selon ‘‘InfoMigrant’’ qui indique que c’est un chiffre rare pour ce petit bout de terre dans l’Atlantique, situé le plus à l’ouest des Canaries. Ce, alors que les services d’urgence évoquent un autre bateau secouru avec 127 exilés à bord, ainsi qu’une autre embarcation avec 79 migrants.
Depuis début 2023, 140 migrants sont morts ou ont disparu durant cette traversée
Depuis plusieurs années, la route des Canaries a été réactivée en raison du durcissement des contrôles en Méditerranée ainsi qu’au large des côtes ouest-marocaines. L’archipel a vu arriver près de 15 000 migrants entre le 1er janvier et le 30 septembre, soit une hausse de 19,8% par rapport à la même période de 2022, d’après les derniers chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur. Les autorités prévoient un total d’environ 22 000 débarquements pour l’ensemble de l’année 2023.
En tout état de cause, cette route migratoire est l’une des plus dangereuses au monde. Des ONG font régulièrement état de naufrages meurtriers dans les eaux marocaines, espagnoles ou internationales. Depuis début 2023, 140 migrants sont morts ou ont disparu durant cette traversée, selon des données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) reçues début septembre.
L’ONG espagnole Caminando Fronteras qui, à la différence de l’OIM, s’appuie sur des appels d’urgence avec les clandestins en mer ou leurs proches, estime que 778 exilés sont morts ou ont disparu sur cette route migratoire au premier semestre.