Le président de la République est déterminé à faire élire Amadou Bâ au premier tour de la présidentielle du 25 février 2024 – Un coup KO ! C’est ce que prépare le Président de la République, Macky Sall pour faire élire Amadou Bâ
Le président de la République est déterminé à faire élire Amadou Bâ au premier tour de la présidentielle du 25 février 2024. Pour y arriver, le Chef de l’Etat tente de mettre tous les atouts du côté de son «choix de raison». C’est pourquoi, il prépare intensément son coup KO en déployant une stratégie pour neutraliser ses désormais ex-frères, étouffer la fronde des alliés et surtout éviter un éventuel second tour qui risquerait d’être fatal à sa coalition.
Un coup KO ! C’est ce que prépare le Président de la République, Macky Sall pour faire élire Amadou Bâ à la prochaine présidentielle prévue le 25 février 2024. Pour y arriver, le Chef d’Etat tout son déploie son génie politique. Ce même génie dont il use pour dérouter ses adversaires depuis qu’il a claqué avec fracas la porte du Parti démocratique sénégalais pour porter surles fonts baptismaux, l’Alliance pour la République (APR).
ETOUFFER LA FRONDE DES ALLIES
Après avoir accepté d’être phagocytés, puis réduits à leur plus simple expression, certains alliés ont décidé de se faire entendre pour ne pas mourir de leur belle mort. Le parti socialiste par exemple, est passé de 21 députés en 2012 à 5 lors des dernières élections législatives. Mais le parti fondé par Léopold Sédar Senghor garde deux postes ministériels et une institution (HCCT) contrairement à l’AFP qui voit sa posture se réduire comme une peau de chagrin. Désormais, le parti de Moustapha Niasse devrait se contenter seulement d’un département ministériel puisque le Perchoir de l’Assemblée nationale étant refilée à l’APR. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, est la nomination de Abdoulaye Diagne comme coordonnateur national des parrainages. «Le Président de la République soutient qu’il n’avait pas le choix parce que s’il avait désigné Abdoulaye Daouda Diallo, ça allait conforter certains dans leur analyse qu’il a un candidat autre que Amadou Bâ. Pourquoi n’a-t-il pas porté son choix sur Bounama Sall ?», fulmine un membre du Parti Socialiste qui a pris langue avec Sud Quotidien. Et de confier, «nous sommes obligés de réagir parce que nous courrons le risque de perdre nos militants qui sont courtisés par Khalifa Ababacar Sall avec comme arguments que nous avons vendu le parti».
Face à la bronca, le Président Macky Sall a promis de rectifier le tir et d’atténuer la boulimie des Apéristes. D’autres alliés qui assistent impuissants au déroulé des activités, commencent à se poser la question de savoir si ce n’est pas la grande recomposition de la famille libérale qui est en marche. «Absolument ! On s’interroge. Nous sommes très inquiets et nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Alioune Ndoye s’est vu doubler à Dakar par Abdoulaye Diouf Sarr qui a perdu les deux dernières élections. Ils ont recyclé Abdoulaye Baldé qui a été battu à Ziguinchor, Modou Diagne Fada et même Pape Diouf», fait-remarquer un membre d’un parti allié qui demande à Macky Sall de siffler la fin de la récréation et surtout à Amadou Bâ de montrer que c’est lui le candidat.
EVITER LE SECOND TOUR QUI RISQUE D’ETRE FATAL
La deuxième chose que Macky Sall voudrait éviter pour son candidat, c’est l’hypothèse du second tour qui pourrait lui être fatal. «Un deuxième ? Ce serait un scénario catastrophe pour nous», peste un chef de parti membre de la Majorité présidentielle. Le chef de l’Etat en est aussi conscient. Surtout que ses détracteurs commencent à vendre à l’opinion publique que «voter Amadou Bâ, c’est valider un troisième mandat à Macky Sall». Un slogan qui risque de faire mouche. Macky Sall qui avait laissé groggy aussi bien l’opposition que ses partenaires en renonçant à une troisième candidature qui avait tenu en haleine tout un pays pendant plus de deux ans, devrait s’employer en usant de son génie politique pour atteindre ses fins. C’est d’ailleurs dans cette perspective que l’opération 2 millions de parrains a été lancé. Sur les 14 régions du Sénégal, la coalition Benno Bokk Yaakar et la Majorité présidentielle se sont fixées un tel objectif. «Notre stratégie est de collecter 2 millions de parrains. C’est un test grandeur nature pour notre coalition», confie un grand avocat membre de BBY.
A la question de savoir comment pourrez vous être sûrs que les 2 millions électeurs qui vont vous parrainer, vont voter pour Amadou Bâ ? Il répond : «c’est une grosse équation. Mais, nous avons été clairs avec tout le monde. Il faut s’assurer que ce sont des militants et/ou sympathisants acquis à la cause de notre candidat». Ce qui est très loin d’être gagné. D’ailleurs, il s’est avéré que des électeurs parrainent deux voire trois candidats. Ce, même si avait averti Bernard Casimir Cissé de la DGE (Direction Générale des élections) qu’«un électeur qui parraine plusieurs candidats encourt une peine d’emprisonnement et une amende allant de 10.000 à 100.000 F CFA». Personne n’a été inquiété pour ces faits qui se sont produits et reproduits.
Pis, la loi reste muette sur la volonté manifeste des responsables politiques, surtout, de la coalition présidentielle de garder certaines signatures au frigo dans le seul but d’empêcher d’autres candidats d’en disposer. Ce qui fausse notre jeu démocratique, sans occulter la corruption que la collecte des signatures pourrait engendrer. Conscient de cet état de fait, un autre membre de la coalition BBY confie que les «2 millions ne sont que du bluff. C’est certes important pour nous. Mais dans la mesure où, ce n’est plus «premier arrivé, premier servi», mais plutôt un tirage au sort, on ne va pas prendre de risque. Nous allons collecter nos parrainages mais nous allons déposer le parrainage des élus. C’est plus fiable, plus sûr. Ça va nous éviter des doublons».
KHALIFA,SONKO ET KARIM MIS HORS D’ETAT DE NUIRE
Il y a aussi la question de savoir, qui, dans l’opposition pourrait mettre Amadou Bâ en ballotage avant de l’envoyer au tapis au second tour comme ce fut le cas entre Abou Diouf et Abdoulaye Wade en 2000 et Abdoulaye Wade et Macky Sall en 2012 ? Si en 2000 Me Wade avait bénéficié de l’usure du pouvoir des Socialistes (40 ans) et une union sacrée de l’opposition autour de sa personne, Macky Sall, en 2012, en plus de la cabale dont il a été victime au sein du PDS jusqu’à sa démission de la présidence de l’Assemblée nationale suite à la loi Sada Ndiaye, a aussi surfé sur l’explosion de Benno Siggil Senegaal matérialisée par le divorce inévitable entre Moustapha Niass et Ousmane Tanor Dieng.
En revanche, l’opposition actuelle peine à trouver un challenger. Pis, le seul et unique opposant qui était capable de remporter la présidentielle du 25 février 2024 a été mis hors d’état de nuire. Ousmane Sonko qui est loin d’être exempt de reproches pour avoir failli à son devoir d’exemplarité s’est vu écarter de la course par une justice à triple vitesse qui peine encore à trouver une base légale pour justifier sa radiation des listes électorales et la dissolution de son parti Pastef. Quant à Khalifa Sall et Karim Wade, dans un article paru dans les colonnes de Sud Quotidien, le 9 août dernier, nous avions déjà écrit les risques qu’ils encourent dans la course pour cette présidentielle. Les juristes restent divisés sur la problématique du quitus fiscal relatif à l’argent qu’ils doivent tous les deux au trésor public sénégalais. L’ancien maire de Dakar, rappelle-t-on, avait écopé d’une peine 5 ans de prison ferme assortie d’une amende de 1,8 milliard de FCFA dans l’affaire dite de caisse d’avance. Quant à l’ancien ministre d’Etat, ministre de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures, il avait été condamné à six ans de prison ferme et 138 milliards de francs CFA d’amende pour enrichissement illicite. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que Macky Sall ne leur laisserait en paix que si et seulement si leur participation à la présidentielle ne nuit pas à l’élection de Amadou Bâ. Sinon, on ne devrait pas s’étonner que les mêmes causes de 2019, débouchent sur les mêmes effets en 2024.
NEUTRALISER LES EX-FRERES
Last but not least, c’est la neutralisation des ex-frères ennemis. Il s’agit de Mahammed Boun Abdallah Dionne, Aly Ngouille Ndiaye et El Hadji Mamadou Diao, tous trois ayant déclaré leur candidature à la présidentielle du 25 février 2024.D’emblée, ils vont devoir batailler ferme pour franchir l’étape du parrainage. Et qu’ils ne comptent pas sur Macky Sall pour arrêter la prolifération des candidats, les uns aussi ridicules que les autres. Et pour cause, ils vont multiplier les doublons et du coup faciliter l’élimination des candidats. Et si jamais, ils réussissent à franchir cette fatidique épreuve, il leur restera à faire face à des concurrents locaux. A Kolda déjà, Abdourahmane Baldé dit Doura a été lancé pour chasser dans les eaux de Mameboye Diao qui fera aussi face au Professeur Moussa Baldé. Sans occulter la revanche que Abdoulaye Bibi Baldé voudrait prendre sur lui.
A Linguère, Samba Diobène Kâ va bénéficier davantage de moyens pour freiner Aly Ngouille Ndiaye. Il sera aidé par des Socialistes comme Bounama Sall entre autres. Quid de Mahammed Boun Abdallah Dionne ? Parviendra-t-il à faire main basse sur Gossas son fief et espérer que ça puisse faire tache d’huile ? Difficile de l’affirmer. En revanche, il pourrait faire mal dans le département de Mbacké, fief mouride que Macky Sall n’a jamais réussi à gagner. Au autre challenge à relever pour réaliser le coup KO !
Abdoulaye THIAM