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« La pire des misères, c’est de perdre sa dignité, son honneur et sa fierté ». Président Houphouët Boigny.
Depuis un certain temps, passent en boucle des images honteuses montrant de prétendus chefs religieux chialant ou plus exactement versant de chaudes larmes devant des politiciens. En effet, lors de cérémonies organisées en prélude au gamou, le Président de la République ainsi que le Premier ministre, candidat choisi pour la présidentielle du 25 février 2024, ont effectué des visites de courtoisie auprès de certaines familles religieuses pour les traditionnels salamalecs. Ce fut l’occasion pour le futur ex-président de la République de faire ses adieux à ceux-là qui ont été ses soutiens indéfectibles et par la même occasion de présenter et d’introduire son poulain, celui qu’il considère comme le plus valable des cadres de l’APR.
Au cours de ces rencontres les Sénégalais ont assisté à des scènes qui les ont laissés pantois; des marabouts qui, sans retenue ni vergogne, faisant totalement fi de leur rang et de leur dignité, se sont mis à chialer ou plus exactement à verser des larmes de vieux alligators au crépuscule de leur cycle biologique. Ces larmes sont destinées d’abord au Président Macky Sall pour qu’il intercède en leur faveur auprès de celui qu’ils ont déjà installé au palais, ensuite à Amadou Ba lui-même pour qu’il se souvienne de ces moments historiques d’intenses émotions qui doivent être rétribués selon leur philosophie. Il est certain que le « Ndampaye » alloué pour les pleurs tiendra compte des efforts fournis; en effet, il s’agit de personnes du troisième âge qui ont presque épuisé leur réserve lacrymale.
A moins d’être trahi par ma mémoire défectueuse, j’ai une vague souvenance des propos d’un marabout qui disait « Nos gouvernants règnent sur le pays sur la base d’une mafiocratie politico-religieuse et griotique qui fait que de plus en plus le peuple tourne le dos aux marabouts, parce qu’il fait faire aux marabouts des choses qui ne sont pas dignes, qui ne sont pas conformes aux enseignements de Serigne Touba et d’El hadj Malick Sy ». Cette même mafiocratie politico-religieuse etgriotique qui a réussi la prouesse de produire des fonctionnaires milliardaires aux fortunes colossales dont l’actuel candidat de la majorité présidentielle ferait partie. Aussi, doit-il, nécessairement et obligatoirement, faire sa déclaration de patrimoine pour édifier les Sénégalais sur l’origine licite de la fortune qu’on lui prête. IL ne saurait, sous quelque prétexte que ce soit, se soustraire à cet exercice exigé par les lois et textes de la république. Avant de solliciter le suffrage de ses compatriotes il doit prouver que son patrimoine n’est guère le fruit d’actes de nature dolosive, encore moins en marge de toute orthodoxie.
Un constat s’impose, les chefs et autres guides religieux perdent inexorablement leur ascendance morale et spirituelle sur leurs disciples qui, constitués pour la plupart de jeunes, comprennent qu’en réalité ils sont traités comme de simples sujets malléables et corvéables à souhait et que le souci et la préoccupation de leurs marabouts n’étaient point de leur indiquer la voie du salut éternel, mais plutôt de les exploiter. L’éveil des consciences et la révolution des mentalités favorisés par de nouveaux acteurs, hérauts de la citoyenneté, du civisme et de la promotion de la dignité humaine, ont permis aux populations, notamment la frange la plus jeune, de prendre conscience de la nécessité de s’affranchir du diktat des chefs religieux qui restent indifférents à leurs souffrances et silencieux devant la mal gouvernance, les gabegies; les détournements de deniers public dont le scandaleux est relatif aux mille milliards prétendument destinés à faire face au COVID
Un Khalife général, si tant est qu’il est doté d’un minimum de sagesse, d’une ouverture d’esprit et d’un brin d’intelligence, devrait comprendre que son statut lui interdit d’afficher publiquement ses opinions politiques et ses préférences partisanes. Il devrait pouvoir comprendre, et c’est le minimum qu’on lui exige, qu’il dirige une communauté hétérogène composée de toutes les obédiences politiques et qu’à ce titre, son discours doit être rassembleur, fédérateur et unificateur. Le chef religieux est un régulateur social avec comme principale tâche de favoriser et de veiller à l’instauration d’une véritable et durable harmonie voire osmose sociétale entre les différents membres de la communauté sans discrimination. Afficher ostensiblement ses choix politiques, en le faisant quelquefois avec des allusions et des piques malveillantes à l’endroit des opposants, ne peut qu’engendrer frustrations et dépits chez certains disciples; les choix politiques personnels sont des choix de vie individuels, ils ne doivent pas interférer dans la vie d’une communauté religieuse réunie par la foi et des pratiques rituelles, cultuelles et spirituelles collectives.
L’Imam SAMB dit ceci « Ce sont les marabouts qui ont détruit ce pays sur tous les plans, politique, économique, social, culturel etc…. La religion n’est plus enseignée correctement et ne mène plus sur le droit chemin; elle est devenue une affaire de business familiale. La confrérie est devenue une société d’affaires et un groupent d’intérêt économique et les talibés considérés comme de la marchandise, du bétail électoral qui procure mallettes, passeports diplomatiques, comptes bancaires fournis, véhicules de luxe; terrains ect… »
Cependant, il faut reconnaitre et admettre que les chefs religieux et autres marabouts disposent toujours d’une certaine influence, notamment auprès de certains intellectuels qui se montrent parfois très exubérants, très prolixes et très virulents quand il s’agit de s’en prendre à un homme politique, mais mettent la pédale douce ou esquivent quand il s’agit de parler de la classe maraboutique. Une telle attitude qui, à mon avis relève de l’hypocrisie, s’explique par la crainte, la peur de se voir morigéner par son guide spirituel. Puisqu’on parle de lutter contre un système défini comme « Un ensemble d’éléments en inter relations, organisé et structuré avec des lois internes et en relation avec son environnement
La sphère maraboutique ne doit en aucun et sous aucun prétexte être soustraite du champ de la réflexion et de la critique; étant bien entendu que, compte tenu de la délicatesse du fait religieux, il y a évidemment des précautions à prendre. Aussi, faudrait-il étudier comment imposer davantage de transparence dans les allocations de fonds publics lors des grandes manifestations religieuses; tout comme il parait nécessaire de revoir la participation des autorités administratives et la mobilisation des forces de sécurité lors des nombreux, sempiternels et incessants évènements religieux organisés par de milliers d’individus se réclamant khalife de telle ou telle famille. Les autorités administratives de même que les gendarmes et les policiers ont des taches éminemment plus utiles et plus importantes à faire au profit des populations.
Au Sénégal, il y a une spectaculaire inversion des rapports de sujétion entre la classe politique et le clergé maraboutique. En effet, contrairement aux pratiques d’antan, aujourd’hui, ce sont les marabouts qui prêtent un serment d’allégeance aux politiciens, notamment à ceux du pouvoir qui, en contrepartie, leur assurent et garantissent privilèges, prébendes, avantages, situation de rente et autres faveurs allant de l’octroi de passeports diplomatiques indus, d’hectares de terrains etc…Dans certaines familles religieuses, les politiciens sont accueillis avec des compliments, des discours élogieux et dithyrambiques dignes de griots écornifleurs, mais indignes de personnes censées incarner la modestie, l’humilité, le sens de la mesure et la dignité dans le comportement. Une bonne partie de l’argent public qui aurait dû servir aux populations atterrit dans les coffres-forts de certains grands dignitaires sous forme de mallettes.
Nous assistons à un changement de plus en plus perceptible dans les rapports entre les chefs religieux, les marabouts et leurs talibés dont certains commencent à remettre en question la verticalité de leurs relations fondées sur une soumission aveugle. Aujourd’hui, d’authentiques et fanatiques talibés, pour la plupart des jeunes, contestent les relations de vassalité qui les lient avec leurs guides spirituels; des phénomènes, jadis, impensables, sont en train de se produire, tels que la désaffiliation et la transhumance confrérique, toutes choses favorisant un retour salvateur aux enseignements originels de l’islam.
Pour conclure, je soumets à votre appréciation ces propos du Président Abdou Diouf « La majorité des marabouts ignore la notion d’intérêt public; ce ne sont que des féodaux ne représentant absolument rien et ne vivant que de la poursuite de leurs intérêts propres ».
En e qui concerne l’élection présidentielle du 25 février 2024, il faut relever le défi que certains khalifes généraux téméraires et très mal inspirés ont lancé à Allah Le Tout-Puissant, Maitre de l’univers et de nos destins d’êtres impuissants, insignifiants et ignorants, en déclarant, avec une effarante outrecuidance, que leur favori et bien aimé Amadou BA sera le prochain Président de la République du Sénégal.
Un seul mot d’ordre; laminer Amadou BA et pulvériser la coalition présidentielle.
Dakar le 28 Septembre 2023. Boubacar SADIO
Commissaire divisionnaire de police
De cl exceptionnelle à la retraite.
