Rapatrié des Etats-Unis après la voie du Nicaragua : récit d’un voyage périlleux qui a duré 16 jours

par pierre Dieme

L’Amérique n’aura été finalement pour lui qu’une découverte. Et Mbaye Diop, ce commerçant de Mbacké qui a laissé sa quincaillerie pour prendre le chemin du Nicaragua, fait partie des centaines de Sénégalais rapatriés des Etats-Unis, il y a une semaine. Ses 16 jours pénibles avant d’entrer aux Etats-Unis, ses 3 mois dans des camps de rétention, le jour où il a appris son rapatriement… C’est un récit d’un « rêve américain » brisé. Mais un homme pourtant resté digne. Attachez vos ceintures avec Bès Le Jour, le voyage est long et périlleux.

« J’ai dépensé au moins 5 millions FCFA pour ce voyage »
« J’ai 29 ans et j’habite Mbacké, je suis commerçant, je tiens une quincaillerie. J’ai entendu parler du phénomène de Nicaragua qui est une voie d’entrée aux Usa, sans passer par la voie régulière, puisque c’était devenu une actualité, tout le monde en parlait. Et puisqu’ici, au Sénégal, la vie est très dure, j’ai alors décidé de tenter ma chance. Mais c’est un véritable chemin de croix. Pour ce voyage périlleux, j’ai dépensé au moins 5 millions, pour tous mes frais ».

« On prend des pirogues, on se cache dans les forêts pour éviter la police »
« Il fallait acheter un billet d’avion, via Air Iberia ou Turkish Airlines. Après m’être renseigné sur le prix du billet d’avion, j’ai eu des contacts qui m’ont mis en rapport avec des businessmen qui vendaient le billet. Et c’est ainsi qu’on m’a fixé une date pour le départ. Mais il fallait d’abord demander des renseignements à ceux qui ont eu à déjà faire le trajet, car il fallait quitter Dakar pour aller en Espagne et de ce pays, partir au Panama, ensuite passer par Salvador pour enfin arriver au Nicaragua. A partir de là, on prend des bus, selon la destination. Me concernant, le bus devait m’amener jusqu’à l’entrée du camp. Mais il faut noter que tout le long du trajet, il y a des guides qui vous aident et vous orientent jusqu’à vous faire entrer aux Etats-Unis. C’est une sorte de chaine et ils coordonnent entre eux. On a même eu à prendre, à un certain moment des pirogues pour traverser des fleuves et passer des frontières. A certains endroits, les guides nous aident à nous camoufler dans les forêts pour éviter d’être repéré par la police de l’émigration. Il a en été ainsi jusqu’à notre entrée aux Etats-Unis. On joue à chaque fois au chat et à la souris avec les policiers ».

« J’ai abandonné ma quincaillerie pour tenter l’aventure »
« Ce n’était pas évident du tout car c’est un long trajet qui nécessite des moyens. A plusieurs reprises, j’ai appelé ici au Sénégal pour qu’on m’envoie de l’argent, faute de quoi, je n’allais pas arriver à destination. Arrivé à l’aéroport du Nicaragua, il faut payer 160 dollars Us (presque 100 000 FCFA) et à la sortie, il y a des taxis qui doivent vous amener soit à Marta ou ailleurs. Il y a une femme qui s’appelle « Maman Africa » qui sert de guide et un autre qui s’appelle Richard. Ce sont eux qui aident les migrants à rejoindre leur destination moyennant une rémunération de 50 dollars (30 000 F). Pour d’autres, il faut casquer 100 dollars pour être acheminer à destination, car ce guide se charge de vous photographier et de vous trouver un laissez-passer. Et il vous embarque dans un véhicule en vous mettant en rapport avec un autre guide. Ce dernier vous amène jusqu’au Honduras ou Guatemala, et de là, on vous amène à Tapachula puis on vous fait traverser d’autres Etats jusqu’au Mexique. Et de là, on va à Mexico, là où se trouve les camps. Il y a un camp qui s’appelle Sainte-Louise et on a été retenu là-bas pendant 10 jours. C’est après qu’on nous a transférés dans un autre camp qui s’appelle Missipissi ».

« Le jour où je suis arrivé aux Etats-Unis… »
Une suite encore plus époustouflante à lire dans l’édition de ce jeudi 21 septembre 2023.

Hamath KANE

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