Interview de Macky Sall avec France24/RFI : la France veut déjà conjuguer Sonko au passé !

par pierre Dieme

Certains diront que cela ne mérite pas de commentaires car on nous sert habituellement le même discours et la même posture du « Je suis le chef ». Oh que si, cela mérite commentaire ! Si on déplace le curseur non pas sur les réponses de Monsieur « Force restera à la loi » mais sur les questions des journalistes, on lit aisément les non-dits de cette interview : une nouvelle volonté de conjuguer le pdt Ousmane Sonko au Passé. 

On commence par M. Christophe Boisbouvier de RFI qui dit que les ténors de l’opposition prendront part à l’élection de février 2024 sans citer le pdt Ousmane Sonko qui jusque-là reste éligible car aucun jugement des dossiers politico-judicaires le concernant n’est définitif à ce jour. La rigueur journalistique impose d’être exhaustif quand on présente une situation. La tronquer c’est soit ne pas être à cheval sur les règles du métier soit vouloir dérouler une stratégie de consommation auprès de l’opinion.

Venons-en à M. Perelman ! Dans une de ses questions, il dit « Ousmane Sonko président de Pastef a été condamné à 2 ans pour corruption de la jeunesse, il est en prison, il est également poursuivi pour appel à l’insurrection et association de malfaiteur en lien avec une entreprise terroriste… ». Comme on dit ; le diable est dans le détail. M. Perelman, journaliste de sa trempe, ne devait pas omettre de préciser la nature du jugement (la contumace) objet de la condamnation de 2 ans et pour lequel le pdt Sonko a transmis un acte non-acquiescement dès son arrestation. M. Perelman dans son enchaînement laisse entrevoir que la détention actuelle du pdt Sonko est liée au jugement par contumace de 2 ans pour corruption de la jeunesse. Ce qui n’est point le cas ! Rien n’empêchait à M. Perelman de préciser que si le pdt Sonko est en prison c’est dans le cadre d’un nouveau dossier. Que l’on ne me dit pas qu’il n’est pas au courant !

Pourquoi il est important de s’arrêter dessus ? Nous savons que l’élection présidentielle de février 2024 sera celle d’une géopolitique où les enjeux dépassent nos limites régionales. C’est une élection pour laquelle beaucoup de grandes puissances vont se retrousser les manches, chacune avec son candidat, et s’y mettre à leur manière. Pour la France, qui s’exprime souvent officieusement à travers ses réseaux (médias, affaires, lobbies…) sachons déjà de quel côté elle sera. Après que son homme de confiance dans la région lui a fait cadeau en renonçant à une 3ème candidature qui menaçait ses intérêts, la France peut à présent fermer les yeux sur tout ce qui reste, surtout quand il s’agit de « neutraliser » celui qu’elle considère comme  » extrémiste  » et  » proche des cercles islamistes  » comme le laisserait penser M. Perelman dans une de ses questions. 

Dans cette interview, les questions abordées et leurs formulations ne sont pas le fruit du hasard. On s’y connait nous en matière de préparation d’interview.

Heureusement pour nous ! La seule puissance que nous voulons comme soutien à notre politique et à notre candidature, encore intacte, c’est le Peuple sénégalais qui est le seul à pouvoir décider de son destin quels que soient les enjeux et les combinaisons. Cette France va à nouveau, comme dans certains pays de la région, faire face à la réalité et comprendre que le Peuple sénégalais veut cet homme là, qu’elle, la France, qualifie d’extrémiste et qu’on ne peut exclure du jeu politique. Espérons qu’il ne sera pas trop tard pour eux !

Curieux ! En abordant la dissolution de Pastef, j’aurais aimé que M. Perelman rappelle à Son Excellence que leurs confrères du journal Le Monde ont diffusé un dossier au mois de juin dans lequel on pouvait voir des véhicules de nervis armés squattant le siège de son parti sis à mermoz. Ainsi M. Perelman aurait pu avoir l’opportunité de demander à son invité si cela faisait de son parti une organisation hors la loi ou bien ?

Ousseynou LY

Membre du Cabinet du pdt Ousmane Sonko

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