Réponse à Joseph Barell de l’Union européenne : « Le Sénégal à l’aube des élections entre réalité et rhetorique »

par pierre Dieme

Josep Borrel Fontelles, Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a récemment partagé ses impressions positives sur la situation politique au Sénégal, qualifiant la démocratie du pays de « solide » lors de sa rencontre avec la Ministre Aissata Tàll Sall. Cependant, il est essentiel de jeter un regard critique sur cette déclaration, en particulier à la lumière des préoccupations exprimées par le peuple sénégalais lui-même.

Le Sénégal, depuis son indépendance en 1960, a souvent été considéré comme un modèle de stabilité démocratique en Afrique de l’Ouest. Cependant, la réalité actuelle semble ébranler cette réputation. Les critiques émanant du peuple sénégalais ne peuvent être ignorées. Les manifestations de ces dernières années ont été marquées par des violences policières, des arrestations arbitraires et des décès tragiques. Des organisations de défense des droits de l’homme ont documenté des cas de répression brutale contre les manifestants, ainsi que des détentions politiques massives.

L’emprisonnement du leader de l’opposition, Ousmane Sonko, et la dissolution de son parti ont soulevé des inquiétudes quant à la manipulation du processus électoral à l’approche des élections de 2024. Cette situation est en contradiction avec les principes fondamentaux de la démocratie, notamment la liberté d’expression et la participation politique équitable.

La question de la démocratie ne se limite pas aux élections, mais englobe également la protection des droits de l’homme, la transparence du processus électoral et la garantie de la liberté d’expression pour tous les citoyens. Les rapports indiquant plus de 1600 détenus politiques, ainsi que des manifestations pacifiques systématiquement interdites, appellent à une réflexion approfondie sur l’état réel de la démocratie sénégalaise.

La déclaration de Josep Borrel Fontelles soulève donc des questions cruciales. Peut-on vraiment parler de démocratie solide dans un pays où de tels problèmes persistent ? Les élections à venir en 2024 devraient être un moment de consolidation de la démocratie, mais les défis actuels doivent être surmontés pour que cela se réalise. Les partenariats régionaux, continentaux et mondiaux doivent tenir compte de ces réalités et s’efforcer de promouvoir une véritable démocratie au Sénégal, en veillant à ce que les droits de l’homme et les libertés fondamentales soient respectés.

En fin de compte, les paroles doivent être soutenues par des actions concrètes visant à favoriser la démocratie et à répondre aux préoccupations légitimes du peuple sénégalais. L’objectif devrait être de travailler ensemble pour construire une démocratie véritablement solide, où chaque voix compte et où les droits de tous les citoyens sont protégés. C’est sur cette base que les partenariats régionaux et internationaux pourront véritablement contribuer à l’avancement du Sénégal vers une démocratie solide et durable.

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