Niger: «Des échanges sont en cours pour un départ rapide des forces françaises», indique le gouvernement

par pierre Dieme

Au Niger, le Premier ministre désigné par la junte, Ali Mahaman Lamine Zeine, affirme que des échanges sont en cours pour un retrait rapide des troupes françaises, lors d’une conférence de presse, au soir de ce lundi 4 septembre, à Niamey.

Les échanges avec la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) se poursuivent, a assuré Mahamane Ali Lamine Zeine, qui espère que « sous la houlette d’un certain nombre de bonnes volontés » les deux parties « vont très rapidement parvenir à s’entendre » pour la levée des sanctions. Le ton était plus dur vis-à-vis des forces françaises.

Le Premier ministre, nommé par la junte, a rappelé que le gouvernement a dénoncé les accords qui permettent aux militaires français d’être sur le territoire. « Ces forces sont dans une position d’illégalité », souligne-t-il, précisant que « des échanges sont en cours » pour permettre aux militaires Français de quitter le Niger. Paris n’a pas réagi lundi soir. À propos de l’ambassadeur Sylvain Itté en poste à Niamey, Mahamane Ali Lamine Zeine dénonce un comportement de « mépris inacceptable. Toutes les mesures sont prises en attendant que ce partenaire, qualifié de non-valable quitte le plus rapidement le Niger.

Le gouvernement a déjà dénoncé les accords qui permettent (aux troupes françaises, NDLR) d’être sur notre territoire. Elles sont dans une position d’illégalité et je pense que les échanges qui sont en cours devraient permettre très rapidement que ces forces se retirent de notre pays. En ce qui concerne l’ambassadeur, je pense qu’il n’y a rien à faire. Il n’a pas eu le comportement adéquat, en tant que diplomate. Moi-même, j’ai demandé à un moment donné, pour préserver les relations entre États – la France est un pays avec lequel nous avions toujours développé des relations de coopération – (…) au ministre des Affaires étrangères, ici, d’envoyer un message officiel pour l’inviter à venir échanger avec nous, voir dans quelle mesure on pourrait procéder à un règlement des escalades, comme on le dit. Il a refusé de le faire. En face, c’est un comportement de mépris et cela n’est pas acceptable. Nous attendons simplement que ce partenaire, on va dire non valable, quitte notre pays le plus rapidement possible.

Catherine Colonna, ministre française des Affaires étrangères, s’exprime

Dans son entretien au journal Le Monde – édition datée du mardi 5 septembre –, la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna justifie le maintien de l’ambassadeur français à Niamey.

« Il est notre représentant auprès des autorités légitimes du Niger, réaffirme-t-elle. Nous n’avons pas à nous ranger aux injonctions d’un ministre qui n’a aucune légitimité », ajoute-t-elle.

À la question : la France est-elle dans une impasse dans ce pays ? « La politique de la France est simpleNous condamnons toute prise de pouvoir par des putschistes, qui plus est dans un pays comme le Niger où les institutions démocratiques fonctionnaient. Et nous appuyons les efforts de la région pour un retour à l’ordre constitutionnel », répond la ministre.

La France a-t-elle eu une réaction moins ferme face au coup d’État contre le président Gabonais Ali Bongo ?, demande le quotidien.

Pour Catherine Colonna, le processus électoral suscitait un certain nombre de questions.  « Nous n’avons pas à nous substituer aux autorités régionales 

», indique-t-elle.

Enfin, sur la perte d’influence de la France observée en Afrique, Catherine Colonna reconnaît que « ces crises sont troublantes, préoccupantes. Mais ce n’est pas parce que 3 à 5 000 personnes manifestent dans un stade à Niamey que cela résume les relations de la France avec 1,5 milliard d’Africains », ajoute-t-elle.

« Deux poids, deux mesures », pour Abdoulaye Seydou

Alors qu’à Ouallam, dans le sud-ouest du Niger, et surtout à Niamey, la capitale, plusieurs dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés samedi au rond-point de l’Escadrille, une mobilisation « exceptionnelle » pour le CNSP, la junte au pouvoir, pour Abdoulaye Seydou, coordonnateur national du mouvement M62, coalition de quinze organisations de la société civile, joint par RFI, l’attitude de la France est incompréhensible.

C’est une attitude jusqu’au-boutiste, qui n’est pas fondée sur le droit, qui est totalement contraire aux valeurs officielles qu’incarne le peuple français. Aujourd’hui, je pense que Macron est en train de tirer la France vers le bas et ça, ce n’est pas bien ni pour la France, ni pour les Français. Les relations entre la France sont régies par la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques. À partir de la décision de l’État du Niger de déclarer l’ambassadeur de France au Niger persona non grata, la France a l’obligation de le rappeler ou bien de mettre fin à ses fonctions d’ambassadeur.

« Nous ne comprenons pas cette attitude de deux poids deux mesures aujourd’hui, poursuit Abdoulaye Seydou. L’ambassadeur de France est invité à une rencontre par les autorités nigériennes. Il refuse. Il dit qu’il ne reconnaît pas les autorités nigériennes. En même temps, aujourd’hui, il y a un coup d’État au Gabon et l’ambassadeur français est reçu par les putschistes gabonais, s’il faut le dire ainsi. Donc, vous voyez que le comportement et l’attitude de la France ne repose sur aucune règle, sur aucune vision, sur aucune valeur. »

Par :RFI

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