Invité de l’émission ‘’remue-ménage’’ sur la RFM, Cheikh Thiam, ancien directeur général du ‘’Soleil’’, spécialiste de l’économie des médias, estime qu’il est possible d’assainir en passant par la concertation. Par ailleurs, il note une crise que traversent les médias, ils doivent être « réinventés » et le défi aujourd’hui, c’est de rentabiliser les contenus au niveau.
Interrogé sur le foisonnement des médias au Sénégal, Cheikh Thiam donne l’exemple de la Côte d’ivoire, où, dit-il pour ouvrir un site d’information, il faut avoir un agrément, si vous n’avez pas d’agrément et vous ouvrez un site d’information, on demande à l’opérateur de désactiver. « C’est très simple et pour avoir l’agrément
il y a un dossier constitué et une commission se réunit pour délivrer les agréments. Le foisonnement des sites web, on peut le régler de façon pragmatique et très facile, c’est juste un bouton chez l’opérateur qui désactive le site », informe le journaliste.
En ce qui concerne les journaux, là aussi, on fait jouer les imprimeurs, car selon toujours lui, pour faire un journal il faut aller chez un imprimeur et donc, conseille-t-il : « on met des textes qui donnent un canevas pour que, pour ouvrir un journal, il y’a une certaine condition à remplir, moi je pense qu’il est possible d’assainir le secteur dans la concertation, dans la discussion, dans les échanges. Parce que personne n’y gagne quand il y a cette explosion dont on parle. Je disais tout à l’heure que les recettes publicitaires baissent d’année en année, les ventes chutent mais ensuite il faudrait qu’on pense à la mutualisation ».
L’ancien directeur de ‘’Soleil’’ pense que certains groupes de presse gagneraient à s’unir. « Il faut qu’on sorte de nos égos, je suis directeur d’un journal et l’autre est directeur d’une radio, un autre est directeur d’un site web qui a un très fort trafic, donc qu’est-ce qui nous empêche de mutualiser et de créer un groupe et de mettre quelqu’un devant ?
Et nous sommes peut-être actionnaires dans le conseil d’administration, on suit ce qui se passe et ça permettra de conforter les entreprises de presse », préconise Cheikh Thiam. Abordant les « assises de la presse » il estime que « c’est toute la presse mondiale qui est en crise et donc qui doit se réinventer, parce que cette crise a des conséquences dramatiques sur les entreprises de presse et aussi sur les travailleurs du secteur. Il y a d’autres problèmes connexes, nous y travaillons depuis 10 mois, c’est en novembre dernier qu’un atelier avait été organisé à Toubab Dialaw, avec des doyens de la presse qui ont, pour la plupart, plus de 40 ans de métier et on s’est dit, il faut qu’on s’arrête pour faire une introspection.
Et donc comme j’ai dit, depuis 10 mois nous y travaillons et c’est cette semaine qu’on a pu se lancer, pour un processus qui se poursuit sur trois mois. Et à l’issue des trois mois nous avons mis en place six commissions thématiques, au niveau de ces commissions nous pensons pouvoir émettre des recommandations fortes », rassure-t-il. Cheikh Thiam a également abordé la question de la marchandisation des contenus. « Aujourd’hui avec les réseaux sociaux, avant de vous coucher vous êtes au courant de tout ce qui se passe dans le monde. Au réveil c’est pareil. Dans un tel contexte, il faut être très imaginatif.
Comment rentabiliser ? Il faut vendre le produit mais il faut aussi attirer les recettes publicitaires. Il y a deux manières, il faut les faire correctement fonctionner. Mais comme je dis, le contexte aujourd’hui, vendre l’information est devenu très difficile, vendre une information que l’on trouve gratuitement sur toutes les plateformes, voilà le grand défi aujourd’hui », conclut-il.