Peur sur la ville ! 

par Dakar Matin

Le temps semble s’être arrêté dans ce charmant pays jadis si beau et que l’on nous a changé en si peu de temps. Figé, suspendant son vol. Les visages s’assombrissent et portent des signes de deuil. Partout, de la mélancolie dans les yeux et des rires qui se font rares. Un temps de tourments avec des morts sur nos routes et dans les mers. Les cœurs portent des douleurs que l’on peine à dissimuler. C’est une épouse qui pleure un mari supposé avoir disparu sans qu’aucun effort ne soit entrepris pour retrouver son corps. 

Une dame moins chanceuse — si l’on peut parler de chance !— que l’autre conjointe dont la dépouille du mari a été retrouvée en état de décomposition tellement avancée que l’on n’a pas pu pratiquer une autopsie dessus. Ce pays a véritablement changé… Les jeunes à qui l’on promettait l’Eden prennent le large par centaines sur des pirogues de fortune pour un ailleurs qu’ils croient meilleur. Ils partent comme si on les chassait.

Le phénomène s’est accru depuis l’emprisonnement de celui qui leur promettait une autre vie meilleure que celle qu’ils affrontent. Les morts n’arrêtent pas cette
envie de partir. 

Des jeunes qui ne partent pas d’ailleurs mais fuient leur pays où pourtant on leur dessine des perspectives mirifiques sur fond d’exploitation de pétrole et du gaz.

Ceux d’entre ces jeunes qui restent sont poursuivis, traqués et emprisonnés sous l’accusation de « terrorisme ». Ils seraient plus de 1000 en prison et risquent d’y moisir avec les charges lourdes qui pèsent sur eux. Leurs sont familles dans un désarroi total. Des vieilles mères qui pleurent des fils, des épouses et mères tourmentées et qui ne dorment plus, affrontant stoïques la précarité en l’absence du conjoint ou du fils qui tenait le foyer.

Point de compassion pour ceux qui observent une grève de la faim et dont l’état de santé est présenté comme alarmant. Tant pis semblent dire celui qui pourrait mettre fin à toute cette situation. Des vies en pointillés… Ce pays prend une trajectoire dangereuse. On s’épie et craint le voisin qui pourrait être un  délateur. La belle« Téranga » fout le camp, cédant la place à la haine.

KACCOR, Le Témoin

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