Récapitulons et voyons froidement la situation. La Cedeao serait prête à organiser une opération militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger et remettre sur son fauteuil le président déchu et vomi par son peuple. C’est du moins l’impression que cela donne avec les images qui tournent en boucle sur les télévisions nationales des pays va-t-en guerre. Ils sont dans leur bon jeu propagandiste comme toutes les télévisions nationales de ce continent du désordre. L’ordre constitutionnel doit donc régner à Niamey.
La même fermeté n’a cependant pas prévalu au Mali, en Guinée et au Burkina. Les présidents de ce machin de la Cedeao dont les lois sont respectées selon leur bon vouloir, convoquant leur souveraineté quand on leur tire les oreilles, ne rigolent pas. Parmi ces messieurs, trois guerriers qui veulent affronter le peuple nigérien trainent une tare congénitale.
A tout seigneur, commençons par celui qui nous sert de président pour quelques mois et qui se trouve embourbé dans des problèmes à n’en plus finir. Paradoxalement, c’est dans son pays où la démocratie et la constitution sont piétinées et les règles du jeu faussées. C’est une vieille terre de démocratie qui glisse inéluctablement et dangereusement vers la dictature. Mais ne le lui dites surtout pas. C’est également dans son pays que des militants d’un parti politique et leur leader observent une grève de la faim dans une indifférence complice des régulateurs sociaux. Preuve de son caractère de bon démocrate ? C’est lui qui va choisir pour son armée mexicaine l’homme providentiel devant la représ enter à l’élection présidentielle.
Il est en quelque sorte un demi-dieu qui ne souffre pas la contradiction. L’autre, l’ivoirien, boulimique comme pas possible et installé de force par la France, n’a pas hésité à renier sa parole pour effectuer un forcing constitutionnel. Son armée n’a jamais été combative mais qu’importe, il compte l’envoyer pour affronter les militaires nigériens ! Quant au Nigérian, il peine à venir de Boko Haram et il veut se lancer dans une aventure militaire très risquée. Voilà la situation telle qu’elle se présente. Mais dans un cercle de feu qui fait face aux djihadistes, ne faudrait-il pas privilégier la diplomatie plutôt que de vouloir faire plaisir à des pays dont le regard est fixé sur les richesses nigériennes ? Surtout qu’un ancien président de ce pays, six anciens PM et trois présidents de l’Assemblée nationale s’opposent à une intervention et l’ont fait savoir dans une lettre. Et encore, la junte a menacé de couper la tête au président déchu en cas d’intervention. Encore une fois, un dialogue vaudrait mieux qu’une intervention aux résultats incertains qui ne ferait que le jeu de la France !
KACCOR, Le Témoin