La baisse des prix de l’aliment de bétail, annoncée la semaine dernière lors de la visite du Premier ministre des sites de vente de moutons, pour la fête de l’Aïd el-Kébir ou Aïd alAdha, tardent encore à être effective dans certaines zones.
La baisse des prix de l’aliment de bétail, annoncée la semaine dernière lors de la visite du Premier ministre des sites de vente de moutons, pour la fête de l’Aïd el-Kébir ou Aïd alAdha, tardent encore à être effective dans certaines zones. Et les éleveurs continuent à acheter les produits pour les bétails aux mêmes prix qu’avant l’annonce faite par le gouvernement. Comme si aucune mesure n’a été prise pour réduire le coût de l’aliment bétail. Or, pour rendre opérationnelle des mesures étatiques notamment la levée des taxes et la subvention annoncée des aliments bétails, des points de vente normalisés ont été institués.
Au nombre d’environ 209, qui sont censés recevoir des dépôts d’aliments subventionnés, ces point de vente aux normes sont jugés insuffisants par les éleveurs et autres acteurs évoluant dans «l’opération Tabaski». A cela s’ajoutent les actions des spéculateurs. Issa Ndiaye, éleveur, par ailleurs, habitant de Darou Thioub, pour la circonstance, s’est installé au «quartier Usine» de Niacoulrab, avec une cinquantaine de moutons. «Jusqu’à nos jours, les prix de l’aliment de bétail sont maintenus à leur niveau d’antan… Nous craignons que l’on se retrouve dans des situations similaires à la baisse des loyers ou des denrées de premières consommations. Il y a eu tellement de désordre. Au finish ce sont les consommateurs qui se sont empêtrés dans un engrenage terrible. Car, c’est tout le contraire qui s’est produit. Les prix, au lieu de diminuer, ont augmenté. Des menaces pèsent sur la filière, si les autorités n’y prennent gardent.»
Au cabinet vétérinaire de vente de produits pharmaceutiques et d’aliments, le docteur Ousseynou Ndiaye, plus connu sous le nom de «Ndiaye Vétérinaire» note que le marché est déficitaire. «Peut-être que la situation va se rétablir, dans les jours à venir. Nous continuons à vendre l’aliment sans tenir compte des nouveaux prix. C’est au gouvernement de faire en sorte que les nouvelles mesures soient appliquées. En instituant des Commissions qui vont sillonner toutes les localités pour contrôler les points de vente. Auparavant, l’opération démarrait un mois avant la Tabaski. Cela permettait un bon suivi des animaux. Mais, cette année, surtout dans Dakar, les choses ont démarré avec un léger retard.»
CES FACTEURS EXTERIEURS QUI JOUENT SUR LE PRIX DU BELIER
En ce qui concerne l’opération Tabaski, les éleveurs déplorent la cherté des prix du sac de foin vendu à 6.000 FCFA et du baril d’eau à 750 FCFA. Par jour, les vendeurs de moutons peuvent utiliser jusqu’à quatre 4 barils d’eau. D’ailleurs, c’est ce qui explique le coût élevé du prix du bétail sur le marché. Les prix des béliers varient entre 150.000 FCFA et 450.000 FCFA voire plus. Issa Ndiaye, ne compte pas sur la clientèle locale. Ses prix proposés allant de 150.000 FCFA à 450.000 FCFA, il précise : «La plupart de mes clients, pour cette Tabaski, ce sont les immigrés. Car, les clients locaux n’ont pas les moyens. J’ai vendu quelques moutons. Mais certains de mes clients ont préféré les laisser ici. Ils vont attendre deux à trois jours de la fête pour venir récupérer leur animal.»
Par contre, au niveau du site situé au croisement Niague, contrairement aux années précédentes, ce n’est pas encore le grand rush, la clientèle se fait rare. Sur une parcelle estimée à 8 ha, Moussa Sow, un berger, a son troupeau, élève des moutons, chèvres et des dromadaires. Pour la fête de l’Aïd el-Fitr, M. Sow, souligne : «Je vendais jusqu’à 105 têtes de bêtes. Cette année, la situation est assez compliquée. Non seulement je n’ai pas pu obtenir de prêt bancaire, alors que je ne demandais que 10 millions FCFA, mais la sécurité pose problème dans la région de Dakar. Suite aux manifestations du 1er juin dernier».
Revenant sur la disponibilité et le coût jugé élevé, il ajoute : «Pour l’instant, seuls 60 moutons sont disponibles sur ce point de vente. Les gens estiment que les animaux sont chers. Ils n’essaient pas de voir d’où viennent nos bétails. Nous allons jusqu’à Missira (dans la région de Tambacounda) pour acheter les moutons. Avec tout ce que cela nécessite comme moyen financier. Vous pensez qu’un éleveur va accepter de vendre à perte ses bêtes, après avoir effectué des dépenses exorbitantes. Paradoxal ! On nous fait payer les taxes de douanes : 2000 FCFA pour 10 moutons. A chaque voyage sur Missira, j’amène, avec moi, 3 millions FCFA. Ce montant est insuffisant pour faire une opération, au regard des charges que auxquelles nous devons faire face», explique-t-il.
Lamine DIEDHIOU