Au Sénégal, la fête de Tabaski ne se limite pas seulement à la tête du mouton à sacrifier. Elle est aussi l’occasion pour les femmes de se livrer a une sorte de concours de beauté et de stylisme. À quelques jours de la fête, les femmes, qui ont pris d’assaut les marchés, sont abasourdies par la hausse des prix des tissus et accessoires en cette période de préparatifs intenses.
Au marché Sandaga (situé au centre ville de Dakar), connu pour son immensité et son attraction, les dames étalent leurs états d’âme. Une espace bien animé avec étals et magasins vendant des tissus, sacoches, chaussures, bijoux et accessoires. Ici l’ambiance est au rendez-vous avec des chaines à musiques, le marchandage n’a pas manqué. Toutefois les dames se disent abasourdies par la cherté des tissus.
Même si le «le brodé Pirkha » et le «Lafaya» sont très prisés par les femmes, qui veulent être élégantes le jour de l‘Aïd El Kebir, le bazin « Getzner » reste le premier choix de ces dames malgré sa cherté et la crise économique qui étreint les chefs de ménage.
Trouvée devant le centre commercial Touba Sandaga, sachets tissus à la main, mère Néné dénonce la cherté des prix.
«Actuellement tout est cher. Les prix ont connu une hausse. Avec cette période de crise, c’est vraiment dure pour nous femmes. Les hommes sont obligés de supporter d’autres dépenses liées à la Tabaski. Surtout la nécessité qui consiste å trouver un mouton. J’étais venu pour acheter des bazin getzner pour mes enfants. Mais avec les prix là, c’est désolant. Ça a faussé mon budget », a déclaré Mère Néné qui s’apprêtait a démarrer sa voiture.
Saly Nar est venue de Rufisque. Interpellée en pleine négociation avec le vendeur, elle essaie de convaincre le marchand de rabaisser ses prix de vente. Elle propose 30.000 frs pour les 5 Yards du « Lafaya », le marchand persiste sur 40.000 frs.
«Les temps sont durs et les hommes ne nous aident plus assez, mais tout de même, c’est une grande fête pour nous musulmans, et c’est la meilleure occasion de réunir et de rendre heureuse toute la famille. Donc on s’efforce de faire le maximum. Les commerçants ne cèdent pas à la demande des clientes et c’est regrettable. Tous les tissus ont connu une hausse des prix. Les marchands doivent comprendre que les 90% des charges de la fête reviennent aux femmes. Les pères de famille veulent bien assurer les dépenses, mais ils n’ont pas les possibilités », a-t-elle révélé.
À quelques mètres de ces dames, une jeune fille du nom de Mamie, habillée en jean et chemise blanche confirme la cherté des prix. « Je suis venue pour acheter un Getzner. J’ai quitté Rufisque rien que pour avoir un produit de bonne qualité. Malheureusement pour moi les prix ont connu un hausse par rapport à la Korité. Le Getzner que j’avais acheté à 10.500 frs est aujourd’hui à 12.000 frs le mètre. Une grande surprise pour moi. Mais j’ai pas le choix. Je vais acheter le tissu et annulé les autres achats que j’avais prévu », a souligné la fille âgée d’une vingtaine d’années.
Au moment où certaines femmes préparent avec allure la fête, d’autres semblent ne pas être concernées.
À la sortie du centre commercial, l’on intercepte Myriam, la jeune fille souligne qu’elle « n’est pas concernée par ces préparatifs. Personnellement suis pas en mode préparatif car l’argent n’est pas encore là. Les temps sont durs et la fête ne tombe pas sur la bonne période. Je vais juste porter un boubou »voile » et attendre la prochaine fois ».
La Tabaski, en arabe El Kebir, signifie littéralement la »Grande fête ». C’est la fête la plus importante de l’islam, après l’Aïd El Fitr (la fête qui célèbre la fin du ramadan). C’est l’importance qu’elle représente pour les musulmans qui motivent les femmes à la préparer en grande pompe.
Aïssatou Diéne