Ça spécule et écrit des scénarii. Il va participer, il ne sera pas de la partie. Mais lui, le principal concerné, présenté comme étant le maître des horloges alors que tout le monde sait bien que le véritable Maître des Horloges c’est Dieu ! est toujours hermétique dans sa bulle du ni oui ni non. Ah, on oubliait, lui, il n’est pas n’importe qui puisque d’une ascendance guerrière et princière. Ce qui fait que nous autres roturiers devons lui demander avec révérence qu’il veuille bien lui plaire de se mettre au-dessus de la mêlée. Ou qu’il nous restitue notre mandat. Pour les autres, c’est-à-dire ses plus sérieux challengers qu’il a rendus inéligibles de par sa glorieuse justice, c’est lui qui doit donner l’onction de leur réhabilitation. Et personne d’autre que lui.
Tout cela pour résumer la politique qui a fini par cannibaliser ce charmant pays des paradoxes avec les mœurs ténébreuses de certains politiciens adeptes de la danse du ventre. Surtout quand ils sentent une fin de règne et s’empressent de s’enrichir sans coup férir avant le grand basculement qui devrait intervenir dans moins de neuf mois. La durée d’une grossesse… Il faut bien profiter de ce laps de temps qui reste pour ne pas mourir idiot. Et puis, personne ne sait de quoi demain sera demain.
Mais pour l’instant, malgré les infrastructures que les flagorneurs du Chef nous vantent, la misère jalonne les rues de la capitale jusqu’à l’obstruer. C’est connu, le bitume ça ne se mange pas. La pauvreté crève les dalles des mairies des communes et celles de la ville de Dakar. Pour l’émergence, il faudra bien repasser. Nos compatriotes tirent la langue et cherchent le diable pour lui tirer la queue. A quelques jours de la Tabaski, il suffit de se promener dans certains quartiers de notre capitale ruralisée pour voir la misère populaire dans sa cruelle nudité.
Dans les mairies, des nuées de nécessiteux venus racler ce qui reste des fonds de secours de ces institutions. C’est à croire que toutes les populations de notre capitale hypertrophiée sont devenues indigentes. Et la procession se poursuit jusqu’à l’arrière-cour du palais présidentiel dans l’antre « du plus fort du Chef » où l’on soigne la misère. Cette pauvreté que le pouvoir feint de ne pas voir est pourtant à l’origine des manifestations du début de ce mois de juin. Et non pas d’imaginaires « forces occultes ». La phrase du Père Kéba Mbaye selon laquelle « les Sénégalais sont fatigués » demeure toujours d’actualité. Les Sénégalais sont fatigués et au bord de la déprime.
La jeunesse est esseulée et déboussolée face à un marché du travail inexistant. Et, plutôt que de soigner cette misère, ils sont là à nous faire peur avec des terroristes qu’ils sont les seuls à voir en oubliant que le plus grand terrorisme, la bombe la plus redoutable dans ce pays reste la pauvreté face à des gens qui font preuve d’une insolence suicidaire.
Par KACCOR, Le Témoin