Les populations de la commune de Sébikhotane sont exposées à plusieurs sortes de particules nocives en suspension dans l’air qu’elles respirent
Les risques de contamination par l’air dans la commune de Sébikhotane sont assez grands. Selon une étude menée par des chercheurs du CNRS, l’air dans la commune est fortement contaminé par divers polluants dont le plomb. Les résultats de l’étude projet Air géo ont été présentés dimanche à Sébikhotane.
Les populations de la commune de Sébikhotane sont exposées à plusieurs sortes de particules nocives en suspension dans l’air qu’elles respirent. L’air dans la zone est de fait contaminé par plusieurs types de polluants issus des dégagements des usines sur place, des véhicules qui traversent la commune, mais aussi et surtout la combustion de charbon de bois dans les ménages. Et parmi ces différents agents pathogènes, la présence du plomb est singulièrement signalée avec ses nombreuses conséquences sur la santé infantile et sur les mamans. C’est ce que révèle la restitution d’une étude menée par des chercheurs du CNRS dans le cadre du projet Air géo.
Après avoir installé plus de 200 capteurs, dans divers endroits de la commune en janvier, les initiateurs de l’étude, en association avec les populations et les organisations communautaires ont procédé à l’analyse des résultats obtenus avec la séquestration de l’air ambiant dans des capsules fabriquées à base d’écorces d’Eucalyptus. Ces capteurs, après avoir séquestré pendant six mois les particules contenues dans l’air ont été envoyés à Toulouse puis au Brésil pour analyse. Et selon ces résultats, l’air dans la commune est fortement contaminé par le plomb. « La 3ème source de pollution de l’air, ce sont les usines de recyclage de fer, de recyclage de batterie au plomb (…) On broie et surtout on chauffe à haute température et c’est ça qui relâche des poussières », a indiqué Mélina Marcouin, chercheuse au Centre national de la recherche scientifique (Cnrs – France). « Les zones les plus problématiques, c’est forcément autour de l’usine de plomb. Le plomb, on sait que c’est extrêmement toxique », a poursuivi Marcouin dans sa restitution des premiers résultats.
Se voulant plus précis, un des membres de l’équipe d’enquêteurs a souligné que le plus grand responsable de cette situation est une usine qui est aujourd’hui à l’arrêt. Il s’y ajoute le trafic routier, les vents en provenance du désert et enfin la cuisson et le brûlage de déchets comme autres sources de pollution. Pour l’instant, l’ampleur des dégâts au plan sanitaire n’a pas été encore établie. Ce sera l’objet de la deuxième phase du projet qui sera assurée avec la collaboration des personnels médicaux et des laboratoires de la place. « On entre dans une 2e étape ; celle de l’impact sur la santé. Les médecins de l’hôpital de Dakar et de Thiès et les techniciens des laboratoires de toxicologie vont nous rejoindre dès la rentrée et dans cette 2ème phase, on va effectivement évaluer les aspects sur la santé », a annoncé Yann Philippe, autre chercheur engagé dans le projet. Les femmes enceintes et les enfants seront particulièrement ciblés dans cette deuxième phase de l’étude. « Une cohorte de 150 femmes enceintes vont être suivies par les médecins de l’hôpital pour enfant de Diamniadio depuis la grossesse et les 1000 premiers jours après la naissance pour voir le niveau d’impact de ces particules », a annoncé Mme Marcouin.
L’équipe de chercheurs a salué la collaboration des populations locales qui a permis d’avoir des résultats satisfaisants en termes de capteurs. « Plus de 80% des capteurs ont été récupérés alors qu’avec l’expérience à Toulouse, on a eu à récupérer 1 capteur sur 2 », a noté Marcouin.
WORE NDOYE