La décision du khalife générale des mourides sera-t-elle suivie par l’Etat ? Mais surtout quand ? En effet, la délocalisation de tous les bureaux de vote de Touba va impacter négativement le processus électoral. Mama Ndiaye, membre de la société civile, énumère les conséquences d’une telle éventualité. « La première des conséquences, c’est de procéder à une nouvelle révision exceptionnelle spéciale pour les électeurs de Touba afin qu’ils puissent changer de lieu de vote. La seconde, c’est d’imprimer de nouvelles cartes d’électeurs parce que les lieux et bureaux de vote auront changé. L’autre conséquence, et qui n’en est pas des moindres, c’est que le taux d’abDstention risque d’être élevé surtout que les lieux et bureaux de vote risquent d’être trop distants des électeurs alors que le Sénégal a fait l’option de rapprocher les lieux de vote des électeurs. Il s’y ajoute que Touba qui constitue le grenier électoral du département de Mbacké a inscrit plus de la moitié des électeurs de cette circonscription administrative », a-t-il dit.
PRÈS DE 300 000 ÉLECTEURS À DÉPLACER
La délocalisation des bureaux de vote de Touba, comme ordonné par le khalife général des mourides, serait si lourde de conséquences que la Direction générale des élections aura beaucoup de travail. À la date du 15 novembre 2021, la carte électorale pour les élections locales du 23 janvier 2022 dans cette commune dite Touba Mosquée affichait 45 lieux de vote, soit 602 bureaux de vote et 275 880 électeurs, puis 53 lieux de vote 641 bureaux aux Législatives. A la clôture de la dernière révision en vue de la Présidentielle de 2024, le 2 mai 2023, Touba a enregistré 10 619 nouveaux inscrits. Ce serait donc près de 300 000 électeurs à déplacer. D’ailleurs, c’est presque la même population électorale que le département de Mbacké qui compte Plus de 366 000 électeurs.
COUP DUR POUR L’OPPOSITION
Les chiffres de la population électorale sont donc assez éloquents pour l’enjeu de la Présidentielle de 2024. Un éventuel déplacement des électeurs de Touba à Mbacké pourrait se répercuter sur le taux de participation. Et ce ne serait pas forcément une bonne affaire pour l’opposition puisque la cité religieuse est tombée dans son escarcelle depuis longtemps. Et Benno bokk yaakaar très souvent laminée dans cette commune ne s’en relèvera que miraculeusement. Alors, se pose aussi d’autres interrogations. Ce n’est point une extrapolation que d’évoquer un éven- tuel report de la Présidentielle, sujet qui fait déjà débat depuis quelques jours. En effet, si une délocalisation des bureaux de vote devrait provoquer une révision des lis- tes électorales dans cette circonscription électorale, plus grande que cel- les de Grand Yoff et Parcelles assainies réunies, le scénario du report – peu probable – pourrait être dans l’ordre du possible.
Hamath KANE