Mal placé est Macky Sall pour bénéficier d’une quelconque rallonge de mandat. Le prétexte d’une stabilité politique ne tient pas la route. Il le serait s’il n’avait pas usé et abusé, depuis son avènement à la tête du pays, de son statut pour embastiller à tout-va des adversaires, et ce, au mépris des droits les plus élémentaires. D’ailleurs, la déplorable situation actuelle que vit le Sénégal n’est que la résultante logique et implacable de ses agissements autocratiques. De toute évidence, la prolongation de mandat au profit de Macky Sall sera davantage un nouveau facteur de crise qu’une solution aux tensions meurtrières qui ont jalonné sa présidence. Il s’agira, comme par le passé, d’un facteur crisogene présent dans tous les contentieux politiques ou politico-judiciaires. Le report des élections n’est pas envisageable. Tout artifice destiné à se maintenir au pouvoir sera un facteur de tension grave.
Dès lors, rien du paysage politique et de ses exigences d’émancipation citoyenne ne pourra raisonnablement justifier son repêchage. Cherche-t-il à redorer le blason? Il nous revient, encore plus dignement, de sauver le pays, d’embellir au plus vite l’image de la nation sénégalaise. L’augmentation ou même la diminution de la durée des mandats politiques est devenue impossible au Sénégal, depuis la décision du Conseil constitutionnel du 12 février 2016. Les sages ont clairement posé un principe d’interdiction absolue et totale de modifier la durée des mandats politiques, « quel que soit, au demeurant, l’objectif recherché ». En effet, après s’être engagé, à la suite des élections de 2012, à réduire son mandat de 7 à 5 ans, le président Macky Sall avait trouvé le moyen d’amener le Conseil à se prononcer sur l’engagement qu’il avait pris et répété à plusieurs reprises. Finalement, il obtiendra beaucoup mieux du Conseil qui, à la place d’un simple avis, a rendu une décision avec tous les effets que cela comporte.
Ainsi, à la suite de la consultation devant le Conseil constitutionnel, le juge, sous forme de décision, avait bel et bien tranché sur la question. « Considérant, en effet, que ni la sécurité juridique, ni la stabilité des institutions ne seraient garanties si, à l’occasion de changements de majorité, à la faveur du jeu politique ou au gré des circonstances notamment, la durée des mandats politiques en cours, régulièrement fixée au moment où ceux-ci ont été conférés pouvait, quel que soit au demeurant l’objectif recherché, être réduite ou prolongée. » Clair et net!
Macky Sall n’a-t-il pas déjà changé tout le régime politique par le moyen d’une révision de la Constitution, à travers une procédure d’urgence à l’hémicycle. Les huit mois qui lui restent sont largement suffisants pour réaliser les réformes nécessaires, d’autant plus que le travail a déjà été accompli par les assises nationales et par la CNRI qu’il avait lui-même instituée. Dès lors, il ne saurait être question de corriger de multiples injustices par une autre forfaiture. Les huit mois qui nous séparent de l’élection présidentielle lui sont largement suffisants pour préparer sa sortie en aménageant un espace propice à l’expression de la volonté populaire. Tout compte fait, Macky Sall a déjà raté le coche.
A présent, il y va de la nécessité et de l’urgence de refondation de l’État et de restauration de nos institutions. Voilà depuis douze ans que l’affaissement des valeurs républicaines et le mécontentement populaire ne cessent de saper les liens de confiance entre les citoyens et les pouvoirs publics. En outre, la fracture sociale n’a jamais autant produit d’animosité jusqu’à briser les relations de fraternité et de civisme au sein des populations. Dans de telles conditions, un climat de renouveau s’impose comme jamais. Il ne nous est plus possible de le concilier avec des micmacs qui iront dans le sens d’une prolongation de mandat. Trop…, c’est trop.
Moussa tine
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