Nous sommes dans un régime de terreur et où tout le monde doit la fermer

par pierre Dieme

A n’en point douter, nous sommes dans un régime de terreur et où tout le monde doit la fermer. Où il faut émettre sur la même longueur d’ondes que des sicaires qui ont vite retrouvé leurs grandes gueules depuis que la tension sociale de la semaine dernière a baissé.

En tout cas, jamais les prisons sénégalaises n’ont été aussi encombrées de prisonniers politiques que depuis le début de cette année. Aux 500 et quelques activistes, journalistes, influenceurs et autres militants de Pastef embastillés pour avoir fait des post pou demander de « résister » ou de sortir dans la rue si leur leader est condamné, viennent de s’ajouter quelques centaines d’autres manifestants arrêtés jeudi et vendredi dernier.

Des interpellations qui n’ont pas cessé bien que le calme soit revenu. Pas un seul jour sans qu’un citoyen ne soit convoqué sous le très fallacieux prétexte d’actes susceptibles de compromettre la sécurité publique. Des centaines de personnes sont privées de liberté pour leur pensée qui ne va pas dans le même sens que celle de ceux qui sont au pouvoir et qui ont ramené le Sénégal au rang de démocratie en balbutiement.

Tous ces prétendus intellectuels de bas-étage qui vocifèrent et insultent pour répondre à la tribune de trois de nos plus éminents intellectuels, de vrais ceux-là, ne veulent que préserver leurs intérêts en conservant postes et privilèges avant la fin du festin. Leur positionnement est loin d’être dans le sens de servir le Chef qu’ils présentent dans leur stupide réflexion comme « indispensable ».

Or les cimetières, dit-on, sont remplis de gens qui se croyaient indispensables. Personne aujourd’hui ne peut regarder le Sénégal et dire que nous sommes dans un Etat de droit respectant les libertés individuelles ou collectives. Jamais également le pays ne s’était autant trouvé dans l’œil du cyclone comme aujourd’hui avec la fermeture de nos consulats à l’étranger après le saccage par des manifestants de ceux de Paris, Bordeaux, Milan et New York.

Et ils viendront certainement nous dire que ce sont les forces occultes tapies dans ce pays qui se sont déplacées jusqu’à l’étranger pour y commettre ces forfaits contre nos symboles à l’étranger. Qu’attend-on donc pour y envoyer le brave directeur de la Sécurité publique, le commissaire Ibrahima Diop, afin d’y rétablir l’ordre ? Les libertés sont étouffées et nous ne sommes pas loin de l’œuvre du britannique Georges Orwell. Qui peut aujourd’hui regarder un compatriote dans le blanc des yeux et lui dire que la liberté d’expression est une réalité au Sénégal ?

Dans le roman « 1984 », tous les comportements sont minutieusement surveillés grâce à des machines appelées « télécrans. Notre police traque les gens sur les réseaux sociaux et suit leurs moindres déclarations à la télé ou dans les radios pour aller les cueillir manu militari avant de les envoyer en prison après plusieurs valses entre des commissariats, gendarmeries et la cave du Tribunal.

Une façon inique de les brimer. Les pages de nos journaux sont passées au peigne fin pour y dénicher la moindre virgule qui pourrait courroucer le Chef. Nos flics de la pensée ne s’encombrent même plus de galanterie pour envoyer en prison des dames dont le seul tort est de ne pas penser comme le Chef et ses affidés. La Femme, on la sublime, on ne la déshonore pas. Celles du bois sacré qui manifestaient, Falla Fleur, Ndèye Ndack Touré et bien d’autres doivent retrouver leurs familles.
KACCOOR BI – LE TEMOIN

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