Ah, le pouvoir, il est irrésistible. Ça vous change, ça vous change !! Ça vous change, on vous dit ! Il fait d’un gringalet un homme dodu et empli de suffisance. Pourquoi donc pensez – vous au Chef avec son discours très martial ? Notre charte nationale? Un bout de feuille où l’on peut s’essuyer les pieds.
Il est formel, nous devons nous aplatir de façon obséquieuse pour qu’il daigne renoncer à un troisième mandat auquel il n’a pas droit. Il faut le lui demander avec révérence et respect. Lui, c’est un être exceptionnel et nous autres, ses sujets, devons savoir comment lui adresser la parole. «Si vous voulez un mandat, il faudra me le demander, mais dans le respect», a-t-il lancé dans la salle.
Il faut le supplier à genoux. Personne n’a certainement murmuré dans l’auguste assemblée. Quand le Prince parle, on se tait. Elle est belle, notre République ! Croyez nous, il n’est pas prêt à renoncer.
On ne peut rêver de la plus belle femme, la posséder et s’en débarrasser aussi facilement. Surtout que l’odeur du pétrole et du gaz sent si fort. Le pouvoir qu’on lui avait confié, il en fait sa propriété. Apparemment, ce charmant pays pourrait être comparé à une grosse farce. Tout est facétie. Les principaux acteurs de ce vaudeville se recrutant sur la scène politique. C’est dans un espace de dialogue qu’un prétendu chef religieux – mais vrai « Kàccoor »- appelle au meurtre d’un opposant.
Personne pour montrer sa désapprobation. Faut croire que y’en a parmi eux qui rêvent insidieusement de le voir trois mètres sous terre. Le Procureur n’était certainement pas dans la salle. Lui qui a tendance à s’en prendre aux insulteurs de nos distingués marabouts.
Dans l’excès de la parole, un autre hurluberlu s’est présenté. Le bonhomme pense sincèrement que certains de nos compatriotes ne devraient pas vivre dans la capitale. C’est à peine s’il n’a pas demandé l’extermination de tous ces gens qui ont envahi Dakar. Ce vaudeville se jouait dans la salle de baquet de notre prestigieux Palais de la République. En attendant le verdict d’un autre vaudeville, Dieu sauve ce pays !
KACCOOR BI – LE TEMOIN