Macky Sall: de héros à zéro

par pierre Dieme

Premier Ministre du 21 avril 2004 au 19 juin 2007, Macky Sall détient alors le record de longévité à ce poste. Dès son premier discours de politique générale, il s’impose face aux ténors de l’opposition, puis met en œuvre les projets présidentiels alors en sommeil (autoroute, corniche de Dakar, nouvel aéroport…) avant de conduire la campagne pour la réélection du Président sortant en 2007.
Le 9 novembre 2008, Macky Sall quitte le PDS et abandonne tous les postes qu’il occupe grâce au parti. Le 1er décembre 2008, il crée, avec une trentaine de cadres du PDS, Alliance Pour la République.
Lors des élections locales du 22 mars 2009, dans le cadre d’une coalition formée avec les autres partis membres de Bennoo Siggil Sénégal, APR-Yaakaar remporte les localités de Fatick, douze collectivités locales au nord du pays et trois au sud, Gossas ainsi que toutes les grandes villes du pays.
Avec en ligne de mire l’élection présidentielle de 2012, il sillonne les campagnes sénégalaises et va à la rencontre de la diaspora à travers le monde. En 2010, un sondage le place en tête à Dakar et sa région. Polyglotte (wolof, sérère, pulaar, français et anglais), Macky Sall incarne la nouvelle génération de la politique sénégalaise.
Candidat de la coalition « Macky 2012 », avec pour slogan «  Yonou Yokuté », « La voie du véritable développement », il mène campagne à travers le pays sans couper avec le mouvement d’opposition du 23-Juin (M23). Il arrive en deuxième position du premier tour, avec 26,58 % des voix contre 34,81 % au président sortant.
Dans l’entre-deux-tours, il réunit tous les candidats battus dans la coalition Benno Bokk Yakkar (« Unis pour le même espoir » en wolof) et emporte le second tour le 25 mars avec 65,80 % des voix contre 34,20 %.
Le programme de Macky Sall est construit autour de deux grands axes. Le premier concerne la bonne gouvernance. Dénonçant frontalement la manière dont Abdoulaye Wade a exercé le pouvoir, Macky Sall s’engage à promouvoir les talents et les compétences au sein de son équipe. « Nous mettrons une dream-team. Toutes les compétences scientifiques et culturelles sont là pour faire décoller le Sénégal. Nous allons le faire pour bâtir une démocratie moderne », a-t-il encore déclaré lors d’un meeting àThies, mercredi 21 mars. Sa première mesure, une fois élu, sera de lancer un audit complet des comptes publics.
Le deuxième axe de son programme est social. Il s’est adressé en particulier aux plus modestes. La mesure la plus populaire qu’il a annoncée est la baisse du prix des denrées de première nécessité. Il n’a pas oublié les jeunes : il promet de créer 500 000 emplois.
Il a su unifier l’opposition derrière lui. Les 12 candidats éliminés au premier tour de l’élection présidentielle du 26 février ont tous appelé à voter pour lui. Ce qui lui fait, en principe, une grande réserve de voix pour le second tour.
Par ailleurs, il a conduit une vraie campagne de terrain. Depuis 2008 et la création de son parti, l’Alliance pour la République (APR), il a sillonné tous le Sénégal, montrant sa résolution et son ambition.
Ce qui fait de lui le héros ou tout simplement le « sauveur » car étant le seul Président jusque là né après les indépendances.
La plupart des sénégalais voyaient en lui, un homme serein, poli et croyaient en lui grâce à son discours de remettre le Sénégal sur la voie du développement.

Que s’est il réellement passé pour que le héros annoncé devient le zéro?
Le constat d’échec est quasiment là, les engagements pris par Macky n’ont pas encore été respectés.
Echec politique: les difficultés économiques et sociales des sénégalais traduisant ainsi un échec de la politique économique du régime en place. En effet, les différents chocs économiques enregistrés ont fini par rajouter à la souffrance du goorgoorlu sénégalais une augmentation du taux de chômage chez les jeunes, et la cherté de la vie avec une inflation sans commune mesure de toutes les denrées de première nécessité pour les ménages.
En outre de certaines réalisations, le bilan immatériel (scandales de ses ministres, ses proches etc..) de Macky fait de lui le « héros déchu » sans compter les nombreuses morts lors des manifestations, la « quête » d’un troisième mandat etc…
Mais son échec le plus visible est sans doute le fait d’essayer de Détruire Sonko qu’il a créé.
Pourtant, les Sénégalais ont l’habitude dire que « Macky Sall dafay soul ndanane » (Macky Sall a l’art d’enterrer les stars, en wolof). Pour ce coup-ci, notamment avec Ousmane Sonko, le dirigeant en a créé une vraie star. A force de ses agissements, ce dirigeant ouest-africain a fini de faire du leader de Pastef l’opposant numéro un du Sénégal. Aujourd’hui, sans conteste, Ousmane Sonko est l’homme le plus populaire au Sénégal.
Au point de troubler le sommeil du numéro un sénégalais ? Tout porte à le croire. Car aujourd’hui, au vu des évènements politico-sociaux au Sénégal, il ne fait aucun doute que le régime tente de barrer la route au nouveau phénomène Sonko. Pourquoi en arriver à vouloir détruire ce que l’on a créé ? N’est-ce pas là la preuve d’un cuisant échec des agissements du Président sénégalais ?
Chapelet de promesses non tenues
Toc et retoques pour sauver la face. Tous les programmes annoncés depuis six ans pour doper l’emploi des jeunes n’ont pas encore eu les effets escomptés.
Au contraire, l’avenir semble incertain pour la jeunesse qualifiée de «bombe sociale».
Un sombre constat qui prouve l’échec des mécanismes d’accompagnement des entreprises mis en place par le pouvoir comme le Fonds de garantie des investissements prioritaires (Fongip), le Fonds des investissements stratégiques (Fonsis), l’Agence nationale pour l’emploi des jeunes (Anpej), le Prodac et autres, censés booster l’emploi des jeunes. Cela, pour tenir la promesse de trouver un travail à 500 mille jeunes pour son mandat.
Mais aujourd’hui, face à ces fiascos, avec l’un des programmes qui s’est mué en gros scandale au point de créer une diffamation et « l’inéligibilité » de Ousmane Sonko, Mais, Macky Sall, qui jette encore ses promesses à la poubelle, estime que la Der va donner une «chance de succès à chaque talent, à chaque projet viable».
Le résultat: Djakarta à coté de TER et du BRT, ce qui est aussi un paradoxe, car on ne peut pas vouloir moderniser le secteur du transport et accepter les motos-taxi.
En somme, les échecs sont plus nombreux que les réalisations et les promesses, ce qui fait de notre prétendu sauveur un looser.
S.S.D

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