On pensait avoir tout entendu de la part de ce régime mais, apparemment, on était loin du compte! Depuis quelques jours, en effet, un nouveau délit a fait son apparition dans l’arsenal juridique de nos policiers et aussi des magistrats. Ce délit c’est celui de non-détenteur de la carte nationale de presse !
Ou, plus exactement, d’exercice illégal de la profession de journaliste. Selon nos braves limiers et nos distingués magistrats, tout écrivassier qui ne dispose pas de la carte nationale de presse… eh bien n’est pas un journaliste. A contrario, si l’on est un truand (ou un chauffeur de ministre comme on l’a raconté dans ces mêmes colonnes) et qu’on réussit par des subterfuges à obtenir le précieux sésame, alors on est un journaliste !
Du n’importe quoi…Nul n’est besoin de dire que toute la communauté de la presse adhère à l’assainissement d’un métier devenu le refuge de tous les cancres qui ont échoué ailleurs mais de là à penser retirer à de vieux briscards de la presse leur titre de journaliste, il y a assurément des non-dits qui sous-tendent une telle démarche. Figurez-vous que la stratégie élaborée par la Commission nationale de délivrance de la carte nation ale de presse est tout simplement harassante pour des doyens qui ont blanchi sous le harnais du journalisme.
On demande à ces derniers d’aller chercher toute une paperasse et la déposer pour pouvoir justifier du titre de journaliste, ce à quoi ces doyens qui ont blanchi sous le harnais de la presse se refusent à juste raison. Quitte à ne pas être reconnus comme des journalistes! Et puis, de quoi se mêlent les flics et les magistrats ? N’existe-t-il pas un Conseil pour le respect des règles d’éthique et de déontologie (Cred) qui est mieux habilité pour faire le tri au sein de la profession?
De nombreux journalistes ayant passé un certain nombre d’années dans la profession et reconnus comme tels ne feront jamais le déplacement jusqu’au siège de la commission pour aller déposer cette paperasse afin de pouvoir bénéficier de la fameuse carte.
L’épreuve vécue par notre confrère Serigne Saliou Guèye, journaliste qui a fait toute sa carrière au niveau du quotidien Le Témoin, n’est qu’une volonté d’humilier un brillant professionnel. Nous pouvons l’attester : Serigne Saliou est mille fois plus compétent que certains « journalistes «qui trônent à la commission nationale chargée de délivrer des cartes nationales de presse !
Une commission dans laquelle on trouve même un…magistrat chargé de valider les demandes et de dire que tel est journaliste et tel autre ne l’est pas! On vous le disait bien que les journalistes sont d’éternels mineurs qui ont besoin de tuteurs… Cette farce de mauvais goût concernant l’introduction d’une nouvelle infraction par nos flics a commencé il y a deux semaines lorsque une dame collaboratrice de Kewoulo et un autre jeune homme animateur d’une web télé «Bambey Tv », arrêtés, se sont vus reprocher le délit d’exercice illégal de la profession de journaliste !
Pour donner un exemple des bonnes manières dont sont traités les anciens ailleurs, lisez ce qui suit. Le Grand chancelier de l’Ordre national du Lion, le Général de gendarmerie Meissa Niang se déplace très souvent jusqu’aux domiciles des récipiendaires aux différents ordres pour leur remettre leurs médailles. Chez nous, un certain nombre de doyens de la presse dont Mamadou Oumar Ndiaye, directeur du « Témoin » et 43 ans de journalisme surtout, ancien président de la commission de délivrance des cartes de presse ! se voient exiger de présenter une demande pour obtenir une carte nationale de presse…
Aux yeux de la Sûreté urbaine et du procureur de la République, donc, voilà de dangereux usurpateurs de la profession de journaliste ! Pour ce qui nous concerne, nous plaidons coupables messieurs les policiers et juges: nous exerçons illégalement la profession de journalistes.