Décidément depuis quelques années, chaque fois que Macky Sall s’exprime sur les réseaux sociaux, il bouillonne tellement il semble vivre un cauchemar causé par ces espaces de libre expression, ces espaces d’information non domestiqués, qui ne sont pas la RTS, cet organe public poubellisé à un niveau tel qu’il est capable de faire une édition spéciale de 10 heures sur l’anniversaire du chat de Marième Faye Sall.
En effet Macky Sall a saisi l’occasion de dire tout le mal qu’il pensait des réseaux sociaux lors du lancement de la semaine numérique ce 16 Mai 2023. Sa posture d’aujourd’hui démontre une fois encore qu’on a beau fait le tour de l’ensemble des propos, des positions et convictions exprimées par Macky Sall avant son élection en Mars 2012, et ceux d’après, il est impossible de trouver une seule opinion restée constante, une seule promesse tenue. Aucun de ses souteneurs serait en mesure d’en citer un seul sans être démenti.
Macky Sall lui-même, au cours d’une interview avec un magazine étranger, essaye laborieusement d’expliquer ses volte-face en ces termes : « Je ne me dédis pas. J’ai donné une opinion qui correspondait à ma conviction du moment. Celle-ci peut évoluer et les circonstances peuvent m’amener à changer de position. Nous sommes en politique ».
Parmi ses volte-face spectaculaires figure sa position par rapport à la presse et aux réseaux sociaux. Un revirement à 180°
1° Voici les propos de Macky Sall quelques mois avant son élection en Mars 2012
« Il faut que le futur président de la République, quel qu’il soit, se dise qu’il y’a une vigie populaire, une vigie citoyenne qui est là, qui va observer les faits et gestes du nouveau pouvoir. C’est ce que j’appelle la magie du click à travers les réseaux sociaux, qui fera face à la toute-puissance du Fric et du Flic. Donc quel que soit le président, et nous nous l’avons intériorisé, il ne peut plus se permettre de faire ce qu’il veut, les majorités aussi ne peuvent plus se permettre de faire ce qu’elles veulent…».
Une fois élu en Mars 2012, que vers 2014 il se soit rendu compte que les sénégalais regrettent de l’avoir élu, après que la république ait été transformée en l’une des pires mafias de cette planète, en l’une des pires républiques bananières, qu’il soit devenu le dirigeant le plus impopulaire de l’histoire du Sénégal, son discours a changé, ou comme il le dit, sa conviction du moment a changé. Dans ses nouveaux discours la presse ainsi que les réseaux sociaux sont passées de vigie à ennemi public numéro 1, ennemi à abattre par tous les moyens.
Chaque fois qu’il en parle, son visage se transforme, il devient nerveux et peine à se contenir, on ressent la haine dans ses propos.
2° Voici d’ailleurs quelques propos sur les réseaux sociaux tenus par Macky Sall en tant que dirigeant
« Les réseaux sociaux sont devenus un vrai cancer des sociétés modernes »
« Les réseaux sociaux constituent une peste mondiale. On va y mettre un terme d’une façon ou d’une autre »
« Les réseaux sociaux constituent une menace pour la sécurité et pour la paix mondiale »
« Il nous faut faire face au défi des réseaux sociaux. Nous assistons aujourd’hui à une dérive sans précédent sur les réseaux sociaux avec la manipulation et les fake news qui y sont distillés à foison.»
« Le monde réel est désormais à la merci du monde virtuel qui répand en une vitesse vertigineuse la duperie, le populisme, l’extrémisme, la haine et la violence »
« La frénésie quotidienne des médias sociaux, qui se sont transformés en une gigantesque usine de fausses nouvelles et de manipulation des personnes »
A Kaffrine le 29 Mai 2021, il a même oublié qu’il était à l’inauguration d’un hôpital et s’est emporté virulemment au sujet de la presse libre et des réseaux sociaux. Voici ses propos traduits qui laissent pantois :
« Dans ce pays, si on écoute les réseaux sociaux, les radios et les télés, on à l’impression que le pays est en train de bruler, que le Sénégal est en guerre, alors que tout cela c’est du n’importe quoi. (….). Rester devant son ordinateur à Kacci Kacci, à Kacci Kacci (tapoter) matin et soir, à palabrer, à insulter, pensant que le pays t’appartient, tu verras d’ici peu, tu ne perds rien pour attendre. »
Ho mon Dieu ! Quelle violence ! Il en veut vraiment à la presse non domestiquée.
A lire ces différents propos d’avant et après 2012, difficile de croire qu’ils ont été tenus par la même personne.
En réalité, tout le monde sait que le rôle de « vigie populaire » des réseaux sociaux n’a pas changé. Encore moins celui de la presse indépendante. Mais par contre c’est l’auteur des propos cités qui a muté d’espoir du Sénégal à source de tous les maux du Sénégal. Et il en veut aux réseaux sociaux ainsi qu’à la presse non alimentaire de révéler la vérité à l’opinion.
Joignant l’acte à la parole, Macky Sall a mis à exécution ses menaces contre la presse et contre les réseaux sociaux.
A. Son régime a battu en un seul mandat le record mondial d’arrestations et d’emprisonnements de journalistes.
¤ Pape Alé Niang (Dakarmatin). Coupable d’être incorruptible, et entre autres d’avoir donné des informations justes et vraies que les journalistes corrompus préfèrent taire
¤ Pape Ndiaye (Groupe Walf). Coupable d’être incorruptible, et entre autres de démontrer avec pertinence à quel point la justice a été transformée en arme politique contre les opposants dont le chef a peur d’affronter
¤ Babacar Touré (Kewoulo). Coupable d’être incorruptible, et de donner en permanence des informations irréfutables sur des combines et des crimes
¤ Thioro Mandela (Walf). Coupable d’être incorruptible, d’avoir refusé une audience au palais, d’exprimer des opinions qui déplaisent aux fossoyeurs à col blanc
¤ Maty Sarr Niang (Trade FM). Coupable d’être incorruptible. Allez voir les posts banals pour lesquels elle a été arrêtée, vous n’en reviendrez pas. En réalité le pouvoir lui en voulait d’avoir blanchi Ousmane Sonko au sujet du TF 5610/DG en interviewant la famille Dupont qui a rétabli la vérité.
¤ Modou Ndiaye (Bambey TV). Coupable d’être incorruptible, et entre autres de diffuser sur sa chaine la réalité du terrain que refuse de diffuser les médias corrompus
D’autres arrestations de journalistes ou de chroniqueurs vont suivre, le régime Sall se sachant finissant et prêt à en découdre avec quiconque contribuant à éclairer l’opinion sur les scandales et les crimes.
B. Le régime Sall a battu le record du plus grand recul de l’histoire dans le classement mondial de la liberté de la presse, recul de 31 places
Ce recul unique dans l’histoire ne tient même pas encore compte des dernières arrestations et brutalisations de journalistes, toujours liées aux tentatives de liquidation de Ousmane Sonko, celui qui hante le sommeil des délinquants et des magouilleurs.
C. Le régime Sall a battu le record mondial d’arrestations, d’emprisonnements de citoyens pour des délits d’opinions.
La DIC, le Procureur de la République, la Brigade de Recherche, la Sureté Urbaine, la CDP, et autres entités ont tous rangé dans les placards leur rôle premier, celui protéger les citoyens et lutter contre la criminalité. Elles passent à présent tout leur temps sur TIK-TOK, sur YOUTUBE, sur FACEBOOK, sur TWITTER, sur INSTAGRAM, dans les Forums, sur les sites d’information en ligne, etc…. à la recherche d’audios, de vidéos, d’écrits, de mots, de virgules, pouvant être exploités, manipulés, amplifiés pour permettre d’emprisonner des citoyens dont le seul tort est en réalité de dénoncer la mal gouvernance ou de prôner le changement.
Macky Sall a commencé dès Aout 2017 par l’arrestation de l’artiste Amy Collé Dieng qui a exprimé dans un groupe Whatsapp privé une opinion on ne peut plus banale, mais qui l’a déplu car le décrivant avec une certaine ironie.
Depuis lors il ne se passe pas un jour sans qu’un citoyen innocent ne soit arrêté pour des délits d’opinion, amplifiés en Offense au chef de l’état – Appel à l’insurrection – Diffusion de fausse nouvelle – Discrédit sur les institutions – Atteinte à la sureté de l’état, et autres charges aussi farfelues les unes que les autres
Aujourd’hui son régime compte des centaines de citoyens innocents emprisonnés depuis des mois, voire des années pour avoir exprimé des opinions qui lui déplaisent, qui déplaisent à sa famille, qui déplaisent à ses amis, qui déplaisent aux fossoyeurs de la coalition au pouvoir.
Les dirigeants qui se savent populaires, qui se savent compétents, les dirigeants qui ont de vrais bilans à faire valoir, les dirigeants qui ont une image facile à vendre, les dirigeants qui ont de bonnes intentions, les dirigeants qui disent la vérité, les dirigeants qui respectent leurs promesses et leurs engagements, ceux-là considèrent la presse et les réseaux sociaux comme de puissants vecteurs pour vulgariser leurs actes, pour répandre leurs paroles, pour écouter et échanger avec les populations, pour gagner l’adhésion des administrés.
Par contre il y’a d’autres types de dirigeants qui sont tout le contraire, qui ont tout à se reprocher, qui se savent impopulaires et honnis, qui ont des cadavres cachés dans le placard, qui ont des magouilles à dissimuler, qui sont dans les ndoudj ndadj, qui ne veulent pas entendre les opinions des populations, qui nourrissent et entretiennent la mal gouvernance, qui se savent destinés à sortir par la petite porte, ce type de dirigeant là considère la presse libre et les réseaux sociaux comme un cauchemar, comme un cancer, comme l’ennemi à abattre.
Pourtant le collectif de journalistes d’investigations « Forbidden Stories » nous a révélé en Février 2023 que la société israélienne TEAM JORGE, a loué ses services au clan Macky Sall pour tenter d’influencer les élections au moyen de la création de milliers de faux comptes répandus sur les réseaux sociaux. La mission de ces faux profils est ainsi de publier des opinions orientées pour influencer le plus de personnes possible en ligne, de s’attaquer à des personnalités, chefs religieux, et dignitaires en faisant croire que cela provient des adversaires politiques.
Malgré les milliards engloutis pour envahir les réseaux sociaux, ces faux comptes sont engloutis par la vraie vigie populaire, par la vraie magie du click.
Malgré les milliards engloutis pour acheter de nombreux patrons de presse et leurs organes, ceux-ci sont démasqués au fur et à mesure, et l’opinion sait vers quels journalistes, vers quels patrons de presse, vers quels médias se tourner pour avec des informations non corrompues.
Macky Sall a déjà choisi le chaos plutôt que de céder le pouvoir en 2024 à Ousmane Sonko ou un autre animé de la même détermination à demander des comptes aux pilleurs et aux fossoyeurs, à éclaircir les dizaines de meurtres de citoyens. La Magie du Click continuera aujourd’hui à jouer le rôle qu’elle a joué avant 2012 quand cela bénéficiait à Macky Sall, et elle veillera après 2024 à ce que les fossoyeurs de la république payent le prix de leurs crimes commis durant 12 années en toute impunité.
MARVEL NDOYE
Email : marvel@hotmail.fr