Qui pourrait douter qu’il existe dans ce charmant pays deux catégories de citoyens. C’est à dire ceux qui se reconnaissent dans la coalition au pouvoir et les autres qui s’opposent à elle. Aux premiers, on passe tout.
Aux autres, rien ne leur est permis ni autorisé. Pour la moindre incartade, les portes des prisons leur sont largement ouvertes. Dernière preuve en date de ce « Coumba am Ndey », deux évènements qui se sont déroulés ce weekend-end. Lors d’une émission télévisuelle, le placide Oustaz Assane Seck a émis un sentiment.
C’était pour dire que si Ousmane Sonko est écarté de la présidentielle de 2024, le pays serait à feu et à sang. Durant le même weekend, le président de l’Association des maires du Sénégal a dit la même chose. Juste que, lui, il a déclaré que si la candidature de Macky Sall est écartée, le pays sombrerait dans un bain de sang.
L’info est relayée par deux quotidiens. Deux opinions avec la même tonalité. L’auteur de la première déclaration a été cueilli par nos intrépides limiers de la Sûreté urbaine et pourrait être déféré au parquet aujourd’hui. Quant à l’éminent président de l’Association des maires du Sénégal, il ne lui est rien arrivé.
S’il n’a pas eu droit à des félicitations en haut lieu. Comme Amath Suzanne Kamara qui vaque tranquillement à ses occupations après avoir demandé de tuer le leader de Pastef alors qu’un militant de ce même parti, qui a tenu des propos du même ordre que ceux de l’enseignant aperiste, est en prison depuis plus de quatre mois. Selon donc que l’on est de l’Apr-Benno ou de l’opposition, les jugements de cour vous rendent blanc ou noir dans ce charmant pays.
Hier, le village Lébou de Ngor a été le théâtre d’une violence inouïe. Soumis à un blocus impitoyable, genre état de siège, par les gendarmes, il a vu les grenades lacrymogènes pleuvoir er il y aurait même eu des tirs de fusils. Les images de ces affrontements sur les réseaux sociaux rappelaient la bande de Gaza.
L’attachement des Lébou à la terre est connu de tous, les en déposséder, c’est leur déclarer la guerre. Aujourd’hui, les litiges fonciers essaiment un peu partout et surtout dans ce qu’on appelait la Presqu’île du Cap- Vert, terre des si accueillants Lébous qui ont reçu à bras ouverts les habitants des régions de l’intérieur que nous sommes.
Des problèmes fonciers qui pourraient prendre la forme d’une lave coulant du volcan des Mamelles pour tout ensevelir. Le pays est en danger et tout le monde feint de l’ignorer. Trop de fronts sont ouverts et celui qui incarne l’Autorité ne fait rien pour apaiser les tensions, se réfugiant derrière une force répressive, n’agitant le drapeau que lorsque ça dégénère.
Il a fallu une vague d’indignation pour qu’il convoque, tard dans la nuit, une réunion d’urgence avec les autorités administratives et coutumières de Ngor. Après qu’il y a eu au moins un mort qui aurait pu être évité !
KACCOOR BI – LE TEMOIN