Ils étaient en mission commandée. Vous en doutez ? Croyez-nous, ce n’était pas un procès ordinaire entre deux citoyens mais une affaire d’Etat.
La partie civile n’est pas n’importe qui. Lui, il est ministre et chouchou de l’épouse de celui qui nomme et dégomme. Il porte plainte, et sans tarder, l’affaire est instruite et jugée en mode fast-track. Il est sorti satisfait du verdict rendu hier par la cour d’Appel de Dakar même s’il évaluait son honneur à 29 milliards. La même somme qu’on lui reproche avoir dilapidé avec la complicité d’autres bienheureux.
Le tribunal de grande instance hors classe de Dakar puis la cour d’Appel de la même ville ont soutenu que cet honneur vaut 100 fois moins que le prix auquel l’estime l’intéressé mais ce dernier est quand même content bien qu’il avait interjeté appel et sur la peine et sur les dommages et intérêts qui lui avaient été alloués en première instance. Malgré tout, il était content hier à sa sortie de la salle d’audience.
Quand on sait que c’est la même somme qu’il avait trouvée insuffisante qui lui a encore été accordée hier et que malgré tout il est aux anges, on ne peut qu’en déduire que ce qui intéressait notre ministre du Tourisme ce n’était pas tant l’argent il ne se plaindrait pas sur ce plan mais l’augmentation de la peine infligée à son adversaire Ousmane Sonko. Une augmentation synonyme, dans les calculs de la majorité présidentielle, d’inéligibilité du leader de Pastef perçu comme le seul à pouvoir empêcher leur champion de rempiler pour un troisième mandat. Pardon, un deuxième quinquennat ! En tout cas, après Karim Wade et Khalifa Sall qu’il avait éliminés de la course en 2019 et qu’il essaie à présent de remettre dans le jeu pour 2024 !, le Chef est en passe de réussir la passe de trois.
Autrement dit, de mettre hors course son plus sérieux adversaire, celui que tout le monde voit à l’avenue Léopold Sédar Senghor en avril 2024. Avec bien sûr, comme lors des deux précédentes éliminations de poids lourds (les deux K), l’appui décisif de la Justice à travers des magistrats plus que bien disposés à l’endroit du pouvoir en place !
En tout cas, c’est sans doute la première fois que l’on voit au monde un candidat à une élection présidentielle éliminé de la course à la suite d’un condamnation pour … diffamation. Et encore on ne sait même pas si ce qu’il a dit est vraiment faux. Mais ça, on n’en aura le cœur net qu’après avril prochain !
KACCOOR BI – LE TEMOIN