Sonko fera face à Adji Sarr le 16 mai. Mais déjà, les forces de défense et de sécurité vont tâter le pouls de la journée avec son procès en appel de ce lundi 8 mai. Et pour une semaine, Dakar sentira l’atmosphère qui avait prévalu à la veille de la convocation de « Oscar Sierra » en début novembre 2022. La police et la gendarmerie surveillent les faits et gestes des pastéfiens « fichés violents » et des « cellules de riposte en gestation ».
Ce 8 mai, Ousmane Sonko ne sera pas à la barre de la Cour d’appel de Dakar pour son procès pour diffamation contre Mame Mbaye Niang. Non pas seulement parce qu’il a convoqué les conseillers municipaux de la Ville de Ziguinchor pour une réunion, mais parce que le contraire aurait surpris. Déjà qu’en première instance, il a été condamné en son absence et n’avait jamais voulu être forcé à comparaitre. En principe, il ne devrait pas y avoir de grabuge comme on l’a vécu à chaque fois que le leader de Pastef doit faire face au juge. Mais le quotidien Bés bi a appris de sources sécuritaires que l’Etat n’entend pas baisser les bras dans le déploiement des forces de l’ordre. Il se susurre, en effet, que des jeunes de Pastef se prépareraient à monter des « cellules de riposte » en cas de condamnation de Sonko à une peine susceptible de le rendre inéligible. « Ces cellules de riposte en gestation sont parties de l’affaire des cocktails molotov pour laquelle il y a eu plusieurs arrestations dont une femme qui en serait la promotrice », confient des sources policières.
Les messages de Sonko qui alertent les Fds
Mais ce 8 mai n’est pas l’objectif pour des jeunes de Pastef. Il y en a qui se préparent pour la journée du 16 mai, ouverture du procès Sonko-Adji Sarr pour viol présumé. Si pour l’heure, on ne peut parier que le leader de Pastef sera devant la Chambre criminelle, les Forces de défense et de sécurité ont pris les devants, « sur la base du discours radical » et du « silence » de Sonko qui n’en a pas parlé depuis que la date du procès a été retenue. « Quand il avait voulu se rendre au Tribunal pour sa confrontation avec Adji Sarr devant le Doyen des juges, il avait assuré ses militants qu’il défèrera et que rien n’allait se passer. Mais là, le discours est tout autre et il l’avait dit lors de son meeting à Keur Massar. J’ai fait mon testament et on connait la suite », rappelle-t-on. Aussi les autorités semblent-elles comprendre à travers la « désobéissance civique contre la justice » prônée par Sonko, lors de son point de presse du 1er mai, une intention de ne pas assister à l’audience du mardi 16 mai. Entre-temps, il y aura le 12 mai, avec la manifestation du mouvement des forces vives du Sénégal (F24). Un test grandeur nature de mobilisation et de gestion de la foule à quatre jours du procès tant redouté.
Les Rg en action pour « étouffer les initiatives subversives »
Les services de la gendarmerie et de la police ont « multiplié les réunions de coordination ces derniers temps » pour occuper les rues, les enseignes, les services stratégiques… Cette fois-ci, les messages comme celui codé sous le nom d’« Oscar Sierra » à la veille de l’audition de début novembre, ont été davantage verrouillés. Les Renseignements généraux (Rg) épient les moindres faits et gestes de « potentiels manifestants violents ». Et la police virtuelle est bien impliquée pour aider à détecter les « messages violents » sur les réseaux sociaux. « Il faut étouffer des toutes les initiatives subversives », apprend-on des services de sécurité.
Par Hamath KANE