Faites vos jeux, rien ne va plus dans ce charmant pays qui dégringole de son piédestal. La jadis si illuminée et enguirlandée vitrine démocratique sénégalaise est désormais craquelée. Les libertés collectives et individuelles, la liberté de presse, les droits humains, les confrontations intellectuelles qui faisaient son charme, etc., tout semble foutre le camp.
Détenir un cocktail Molotov ou même poser des herses est désormais assimilé à un acte terroriste ! A cette aune, les prisons françaises devraient être pleines à craquer en ce moment au vu des violences qui marquent les manifestations contre la réforme des retraites !
A Marianne, des cocktails Molotov sont balancés en veux tu en voilà sur les CRS voire sur des édifices publics ou des commerces, mais jamais ça n’a donné lieu à la furieuse chasse à l’homme qui prévaut de nos jours chez nous. Nos braves policiers ont même poussé le zèle jusqu’à traquer une financière présumée des cocktails Molotov saisis à Keur Massar ! C’est d’autant plus ridicule qu’avec 5000 francs seulement, on peut fabriquer des dizaines de ces engins incendiaires.
Pas donc besoin d’un bailleur de fonds pour les financer puisque même le dernier des chômeurs peut trouver le moyen d’en fabriquer sans bourse délier ! Et quand on entend le ministre de l’Intérieur parler des cocktails Molotov, c’est à se demander d’où il sort cet hurluberlu…car enfin, rares sont les lycéens des années 70 à 90 à ne pas savoir fabriquer de cocktails Molotov.
Si ça devait brûler un pays, y a longtemps que le Sénégal aurait cramé ! Toujours est-il qu’ils seront huit malheureux jeunes gens à s’expliquer probablement devant la chambre criminelle pour des peccadilles. En tout cas, dans ce pays qui fut un berceau de la démocratie et un paradis des libertés, quelque 300 personnes sont embastillées pour des vétilles et pour, surtout, le délit d’opposition.
Elles sont poursuivies pour diffamation à l’encontre d’un corps constitué, outrage à magistrats et actes de nature à compromettre la paix publique, association de malfaiteurs, participation à une manifestation non autorisée. D’autres sont en prison pour avoir dépassé quelques petites minutes de l’heure prévue pour la fin d’une marche autorisée. Si, si, ce n’est pas une blague ! Pour cet écart, une enseignante a été éloignée de ses élèves et de son enfant qu’elle allaitait pour quelques mois. Dans ce pays qui fut le pionnier sur le continent en matière de liberté de la presse, le moral des journalistes est dans les chaussettes et ces professionnels de l’information en sont réduits à s’autocensurer pour ne pas aller en prison.
La preuve par le classement mondial de la liberté de presse édition 2023 qui fait porter à notre pays le bonnet d’âne aux côtés de…la Tunisie du satrape Kaïs Saïed! De la 73e position, il dégringole à la 104e en attendant sans doute d’être lanterne rouge ex-aequo avec la Corée du Nord lors du prochain classement! En plus d’être embastillés pour avoir fait leur travail, ils sont gazés et matraqués s’ils se hasardent à se rendre sur les théâtres de manifestations par les forces dites de l’ordre du désordre plutôt ! qui ne tolèrent pas leur présence ! Les gens du pouvoir déclarent avec beaucoup d’arrogance et de prétention qu’ils ne laisseront personne brûler le Sénégal.
Mais ils oublient qu’ils sont les vrais pyromanes en poussant leur Champion sur une ligne rouge qui mènera inéluctablement ce cher pays que nous leur avons confié au chaos. Surtout avec la détermination des membres de la plateforme F24, qui ressemble comme un frère siamois au mouvement du 23 mars, à les faire dégager. Et leur sur détermination à eux de réprimer quiconque voudra s’opposer au 3ème mandat pardon « deuxième quinquennat » ! de leur Chef. Comme l’histoire peut se répéter…
KACCOOR BI – LE TEMOIN