Le leader du parti « Ensemble pour le travail, l’intégrité et la citoyenneté (Etic) », Hamidou Dème s’est indigné des nombreuses poursuites judiciaires dont sont victimes des militants et leaders de l’opposition et des violences venant de tous bords, lors d’une conférence de presse à Thiès (est).
« Si nous regardons la situation du pays avec lucidité, on ne peut que constater que l’histoire est en train de se répéter sous nos yeux et personne ne semble y prêter attention. A 10 mois de l’élection présidentielle, nous sommes encore aux regrets de constater que le pays et notre démocratie sont pris en otage par des hommes politiques de tous bords. La violence d’Etat, les violences physiques, les invectives et autres violences verbales règnent actuellement en maître dans le champ politique. Malheureusement, les combats de rue ont pris encore le dessus sur l’instauration des débats se reins, les réformes politiques et institutionnelles pour sortir de la politique politicienne et de la mauvaise gouvernance», s’est-il désolé.
Face à la remise en cause du contrat social, à l’effritement de notre démocratie et de nos institutions, Hamidou Dème croit qu’il faut une résistance pour préserver la République. Mais il précise que ce sursaut ne doit pas être synonyme de violence.
«On ne doit pas soigner un mal par un autre mal. Nos reconquêtes démocratiques peuvent et doivent se faire dans la paix, la sérénité et le respect de la loi. Le pays doit retrouver le calme et la discipline. Nous devons être convaincus que le bien le plus précieux, la ressource la plus vitale dont les pays disposent est la paix. Faisons tout pour la préserver. C’est de la responsabilité de tous, surtout de nos gouvernants», a-t-il fait savoir. Non sans ajouter: «Ce 26 mars (hier) est la date d’anniversaire de ma démission de la Justice. Ça fait 5 ans que j’ai démissionné de la magistrature pour dénoncer l’instrumentalisation de la Justice par l’Exécutif. Depuis lors, il est regrettable de constater que la situation de la Justice ne s’est guère améliorée», a-t-il dénoncé dans L’Observateur.
L’avocat à la Cour pénale internationale (Cpi) pense que la responsabilité de ce recul démocratique incombe d’abord au président de la République qui a l’obligation constitutionnelle de garantir l’indépendance de la Justice, mais aussi à la hiérarchie judiciaire qui, dit-il, n’a pas su préserver un héritage d’une longue culture d’indépendance.
Selon l’ancien juge Dème, la conséquence est que la Justice est toujours contestée, voire discréditée. Le président du parti « Etic » a souligné que l’actualité judiciaire montre encore un usage excessif et inopportun des poursuites pénales et des détentions dans certaines affaires à coloration politique. Pour lui, cela renforce le sentiment de la dépendance de la Justice au pouvoir Exécutif. «C’est une exigence pour que la Justice retrouve la confiance des justiciables afin de s’exercer avec l’autorité et la crédibilité nécessaires pour un Etat de droit. Le combat pour l’indépendance de la Justice, essentielle pour la survie de notre démocratie, doit concerner tous les citoyens», a-t-il confié.
« une troisième candidature du Président Macky Sall est inacceptable »
Ibrahima Hamidou Dème a estimé que chaque membre de la collectivité doit prendre conscience de l’importance de la Justice. Car, dit-il, si la Justice ne joue pas convenablement son rôle de régulateur social, d’arbitre impartial à l’égard de tous les justiciables, il n’y aura pas de liberté, ni d’équité, ni de démocratie, ni de paix sociale.
«C’est la raison pour laquelle il est essentiel, surtout en perspective de la prochaine élection présidentielle, d’en faire un sujet prioritaire par rapport aux réformes à entreprendre. Les états généraux de la Justice que nous appelons de tous les bords devraient regrouper tous les corps judiciaires et toutes les forces vives de la Nation. C’est devenu une impérieuse nécessité pour la survie de notre Etat de droit et de notre société. Il n’y a aucune alternative à la Justice. Le chaos, que Dieu nous en préserve», a-t-il indiqué. Non sans souligner «qu’une troisième candidature du Président Macky Sall est inacceptable.»
Salif SAKHANOKHO