3e Candidature: pourquoi la sortie de Macky sur L’Express est une « Haute trahison »

par pierre Dieme

Macky Sall ne se cache presque plus. Si l’on se fait aux propos tenus dans son entretien avec le média français L’Express, la Constitution lui permet de se représenter une troisième fois en 2024 pour briguer les suffrages des Sénégalais. 

« Sur le plan juridique, le débat est tranché depuis longtemps. J’ai été élu en 2012 pour un mandat de sept ans. En 2016, j’ai proposé le passage au quinquennat et suggéré d’appliquer cette réduction à mon mandat en cours. Avant de soumettre ce choix au référendum, nous avons consulté le Conseil constitutionnel. Ce dernier a estimé que mon premier mandat était intangible et donc qu’il était hors de portée de la réforme. La question juridique est donc réglée », a-t-il déclaré au journal français dans une interview largement relayée dans la presse nationale et au cours de laquelle, il a abordé plusieurs autres sujets.

L’acte de haute trahison posé pendant la campagne de 2016
Dans cette partie de sa thèse visant à fonder juridiquement sa candidature en 2024, Macky Sall fait un aveu de taille qui pourrait être considéré comme un acte de haute trahison envers le peuple sénégalais. Il admet qu’avant de soumettre le texte aux populations sénégalaises pour son vote en 2016 lors du Référendum, il savait déjà que que celui-ci lui permettrait de songer à un troisième mandat. 

En d’autres termes, il a battu campagne auprès des Sénégalais en omettant volontairement de leur dire que le texte lui ouvrait la voie à une 3e candidature. Pire, il a regardé ses concitoyens dans les yeux en leur racontant des contrevérités sur une partie essentielle de la révision constitutionnelle de 2016.

Dans cette vidéo qui date de 2016, le Président Macky Sall s’exprime à Tivaouane sur la réforme constitutionnelle contre la manipulation de la la charte fondamentale du Sénégal à des fins de 3e candidature.

« Vu l’ambition et vu la profondeur des mesures, en particulier les clauses de non-révision sur des domaines aussi essentiels que le mode d’élection du président de la République, le nombre de mandats et la durée des mandats, méritent que le peuple donne son onction pour que nul n’en ignore et que nul ne soit tenté à l’avenir de manipuler la Constitution pour un 3e mandat, un 4e et je ne sais quel nombre de mandats. Voilà pourquoi le peuple sénégalais doit faire sienne cette réforme et s’engager », avait-il dit durant cette campagne pour le Oui du Référendum de 2016.
Sept (7) ans après, c’est le même Macky Sall qui revient pour affirmer qu’au moment où il tenait ses propos à son peuple, le Conseil constitutionnel lui avait déjà indiqué que son mandat de 7 ans était intangible et hors de portée de la réforme.

Sans compter toutes les fois qu’il a répété ça avant la Présidentielle de 2019, quand il convoitait les suffrages des Sénégalais pour un « second et dernier mandat 

 « Un mensonge par omission volontaire

Sur Twitter, le Rédacteur en chef du site Emedia parle de mensonge par omission.

« Quand Macky Sall utilise l’argument de la consultation du CC avant le référendum de 2016 pour justifier une possibilité de 3e mandat, il y a un gros problème : parce que justement en campagne pour ce référendum et même après cette consultation, il a déclaré urbi et orbi avoir verrouillé cette question du mandat », écrit-il.

Avant d’ajouter: « Ce qui veut dire qu’il disait sciemment ceci après avoir eu un avis totalement contraire qui aurait été émis par le CC. Ceci n’est rien d’autre qu’un vulgaire mensonge par omission volontaire. La concordance des faits est claire ici. Pr ce référendum de 2016, l’un des principaux sujets avaient été le débat sur l’homosexualité et la polémique sur le mandat ».

AYOBA FAYE

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