Si le juge de la chambre criminelle de Dakar suit le réquisitoire de la procureure, Sitor Ndour risque la réclusion criminelle dans cette affaire de viol dont il est accusé par sa femme de ménage. En effet, le parquet qui a pris la parole après la plaidoirie de la partie civile, soutient que les éléments factuels et les dispositions légales attestent de la culpabilité de l’accusé. L’autre élément de preuve est que le médecin qui a apposé sa signature sur le certificat médical qui aurait disculpé Sitor Ndour, n’a pas consulté la plaignante A.D. Mais plutôt un autre qui d’ailleurs n’est pas habilité à le faire.
La procureure dans sa plaidoirie commence par rappeler les motivations de la loi criminalisant le viol au Sénégal. Elle cite d’ailleurs quelques chiffres avancés par Onu femmes. » En 2019 quand il s’agit de criminaliser le viol, il y a un ONU femme qui dans son rapport avançait qu’ en moins d’un an 1200 cas de viols ont été recensés ».
Alors revenant dans le cas qui réunit la chambre, le représentant du ministère public de faire savoir que » tout est parti d’une dénonciation, matérialisée par une plainte. Ce qui s’est passé l’ accusé et la plaignante en ont largement narré devant votre juridiction. C’est une mineure (16ans) qui revenait d’un village et qui cherchait un travail. Et c’est Sitor Ndour qui devient son patron. A.D séjourna dans le domicile de Sitor pendant 72 heures. »
Dans ce dossier, le ministère public a soutenu avoir puisé ces réquisitions sur des éléments factuels et des dispositions légales du code de procédure pénale pour attester de la culpabilité de l’accusé.
Qu’est-ce qui est demandé à votre juridiction ?
Pour répondre à cette question, le parquet interpelle le président de la séance en le signifiant que » votre juridiction (chambre criminelle) a été saisie pour voir s’il a une conjonction sexuelle entre Sitor et A.D. par surprise ou par force. Et cela a été confirmé par la première personne qui a consulté la fille et qui a constaté des traces de sperme. Et surtout que la déclaration de la fille a été constante et invariable dès les premières heures. Et la plupart de ses dires a été confirmée par l’accusé lui-même devant votre barre. Qui a déclaré ceci : Tout ce que A. D a dit est vrai sauf la pénétration. Et c’est normal que l’accusé refuse cela ».
Elle en rajoute dans son réquisitoire que » l’acte de violence a été matérialisée par la marque de violence sur les bras de la fille. Cette blessure n’est pas imaginaire, c’est réelle. Quand la fille dit qu’elle m’a plaqué et tordu la main et les blessures (…) les marques de rougeurs ont été également confirmées. »
Évoquant l’attitude de l’accusé, le représentant du ministère public de faire remarquer à ce sujet que » depuis le début de cette affaire, la volonté manifeste de Sitor était d’étouffer l’affaire. Il dit que c’est un coup monté pour le nuire politiquement. Qu’il nous disent qui sont les commanditaires », a invité la procureure à l’accusé.
S’agissant de la perte de l’hymen de la plaignante mentionné dans le certificat médical, le parquet de balayer d’un revers de main cette » allégation » qui ne saurait être une porte de sortie pour Sitor. Elle signale au juge que « l’hymen est une membrane. La science a montré que la femme peut le perdre sans pourvoir entretenir de relation sexuelle ».
Et pour ce qui est du certificat médical, le parquet en émet ses doutes sur son authenticité. A l’en croire, le certificat médical ne renseigne en rien comme l’a plaidé la partie civile. « La Professeure Maguette Mbaye qui a apposé sa signature sur le certificat médical n’a pas consulté la fille. Raison pour laquelle, elle n’a pas déféré à la convocation de la gendarmerie. Pour vous dire que ce document ne disculpe en rien Sitor. Celui qui a examiné A.D c’est monsieur Sylla et il n’est ni gynéco ni obstétricien ».
Au regard de tous ces observations, la procureure requiert une « peine de réclusion criminelle de 10 ans » contre Sitor Ndour.
Fana CiSSE