Tant pis également pour ceux dont le seul tort est de s’opposer au pouvoir. En 2012, quand le Chef sollicitait les suffrages de ses compatriotes, personne assurément ne soupçonnait qu’on en arriverait là. Autrement dit, à voir notre si belle démocratie chahutée à ce point avec des arrestations pour un oui, pour un non voire un peut-être !
Il fut une époque, plus précisément durant les premières années Wade, où l’on faisait jouer à la Division des investigations criminelles (Dic), un rôle bien ingrat si bien qu’elle était devenue la salle d’attente des journalistes et des opposants. Elle était à ce point devenue une police politique qu’elle avait oublié de traquer de dangereux criminels. On pensait donc que cette époque serait révolue avec l’arrivée au pouvoir d’un président jeune et né après les indépendances.
Et surtout qu’il a milité dans les mouvements de gauche pour l’instauration de cette denrée si rare sous nos tropiques qu’est la démocratie. Il était également à l’avant-garde de ceux qui s’opposaient à la volonté de son prédécesseur de faire un troisième mandat, celui de trop, dénonçant certaines pratiques antidémocratiques. Dans un accès de colère homérique, il avait menacé son prédécesseur de le déloger de son palais.
Pire, il l’accusait de recruter des mercenaires pour le sale boulot. Il a tellement dénoncé, menacé qu’en un moment donné, on pensait qu’il souffrait de paranoïa. N’empêche, il ne lui est jamais rien arrivé de bien grave.
Pas même la plus petite convocation à la police. Ah si, une fois, sous l’accusation loufoque d’avoir fait débarquer au port de Dakar des conteneurs remplis de billets de banque ! Une convocation annulée au dernier moment. Aujourd’hui, sous le moindre prétexte, il emprisonne activistes, journalistes, opposants et jeunes chahuteurs. Il a mis en place une police de la pensée qui guette nos moindres éternuements.
Et traque les posts sur le net. Pour éviter d’être privé d’une liberté qui tient maintenant de la volonté du Chef, mieux vaut la fermer. Que tous ces messieurs et dames qui essaient d’interpeller le Chef par voie de presse se le tiennent pour dit. Personne n’est plus autorisé à l’apostropher sur certaines questions.
Ça peut vous valoir une privation de liberté. Pour le moment, avec ces nombreuses et inutiles arrestations que le tailleur constitutionnel tente de cautionner de façon hypocrite, notre pays s’offre ainsi une belle publicité dans les médias européens et américains.
Vous êtes avertis, faites-vous à l’idée qu’il est désormais interdit d’interpeller le Chef sur des questions qui pourraient le fâcher. Même Idi Amin Dada était plus conciliant. Belle dégringolade pour notre démocratie !
KACCOOR BI – LE TEMOIN