Au moment où les candidats sont connus au sein de certains Partis politiques, celui de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY) qui représente pourtant l’appareil politique qui dispose plus de moyens et de ressources traîne le pas. Source A pose ainsi le débat, en donnant la parole à Momar Diongue, journaliste et analyste politique qui décrypte la situation.
A une année de la Présidentielle, les Partis politiques présentent déjà leur candidat et d’autres sont en train de le faire. Seulement, tel n’est pas le cas pour la majorité présidentielle, autour de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY). Joint par téléphone, le journaliste et analyste politique Momar Diongue interprète la situation à trois niveaux. «Il y a d’abord l’indécision autour de la troisième candidature du président Macky Sall. Contrairement aux apparences, malgré les tournées politiques qu’il fait en marge des Conseils des ministres délocalisés, il n’est pas sûr lui-même qu’il y sera. Il est en train d’abattre ses cartes, de continuer l’activité d’animation de sa coalition, de s’offrir des bains de foules, pour tester encore sa popularité ; mais tout ceci ne l’a pas encore poussé à avoir une position tranchée sur la troisième candidature», explique d’entrée le journaliste.
«Tanor et Dansokho n’auraient pas laissé prospérer une situation d’indécision comme ça. Autrement dit, s’ils étaient encore vivants, aux côtés du président Sall, cette situation qui prévaut ne prévaudrait pas »
Pour la deuxième raison qui fonde l’indécision de la coalition BBY, notre interlocuteur dira : «Pour dire vrai, il y a maintenant un problème de leadership au sein de la coalition BBY. Au moment de sa création, il y avait, aux côtés de Macky Sall, des leaders de la trempe de Ousmane Tanor Dieng, pour le compte du Parti socialiste (PS), de Amath Dansokho, pour le compte du Parti de l’indépendance et du travail (PIT), de Moustapha Niass, pour le compte de l’Alliance des forces de progrès (AFP), de Abdoulaye Bathily, pour le compte de Ld (Ligue démocratique). Ceux qu’on identifiait comme étant les 05 majeurs ». Poursuivant son argumentaire, Momar Diongue de dire : « Tanor Dieng et Amath Dansoko ne sont plus de ce monde, paix à leur âme ; mais ils avaient un caractère et une personnalité tel qu’ils n’auraient pas laissé prospérer une situation d’indécision comme ça. Autrement dit, s’ils étaient encore vivants, aux côtés du président Sall, cette situation qui prévaut ne prévaudrait pas. Aujourd’hui, non seulement Tanor et Dansokho ne sont plus de ce bas monde, mais Abdoulaye Bathily a fini de prendre ses distances vis-à-vis de Macky Sall ; et il ne reste que Moustapha Niass. Et ce manque de leadership au sein de BBY fait que le dernier mot revient au président Macky Sall. Ce qui n’ aurait pas été imaginable si Tanor, Dansokho, et Bathily étaient à ses côtés. »
«En réalité, Macky Sall a réduit ses alliés à leur plus simple expression […] Ils sont tellement réduits au néant qu’ils sont obligés de l’accompagner dans la direction qu’il voudra indiquer »
S’agissant de la troisième raison, l’analyste politique d’indiquer : « Si Macky Sall avait dit qu’il allait réduire l’opposition à sa plus simple expression, en réalité, il n’a pas réduit l’opposition à sa plus simple expression. Aujourd’hui, nous sommes dans ce cas de figure où l’Assemblée est presque à 50/50. Par contre, ceux qu’il a réduits à leur plus simple expression sont ses propres alliés. Ils se sont affaiblis et fragilisés dans leur compagnonnage avec l’Apr dans Bby. Du point de vue de la représentativité, que ce soient dans les Institutions comme l’Assemblée, comme le Conseil économique, social et environnemental (Cese, même au niveau du Gouvernement, l’Afp, le Parti socialiste, le Pit et la Ld se sont beaucoup affaiblis et continuent de s’accrocher aux basques du président Macky Sall.» D’ailleurs, d’après notre confrère, il y en a très peu parmi ces alliés de l’Apr qui oseront présenter une candidature. « Ils sont tellement réduits au néant qu’ils sont obligés de l’accompagner dans la direction qu’il voudra indiquer. Et donc, ils n’osent pas en réalité couper les amarres avec l’Apr parce qu’électoralement leur compagnonnage avec l’Apr au sein de Bby les a beaucoup fragilisés», estime Momar Diongue.
«Les deux dangers de cette indécision»
Toutefois, que Bby se le tienne pour dit puisque, selon Momar Diongue, cette indécision n’est pas profitable à leur coalition en ce sens qu’elle présente des dangers. « Le premier danger est que personne ne sait jusqu’où les Sénégalais seront prêts à faire barrage à une troisième candidature du président Macky Sall. Le second danger, avec l’indécision qui prévaut dans Bby, c’est qu’elle pourrait ne pas avoir le temps matériel pour vendre sa candidature. Or, avec ce retard qui est actuellement observé, ils peuvent manquer de temps pour vendre leur projet politique et le protéger pour qu’il prospère.»
Amadou Dia