Un éternel recommencement

par pierre Dieme

Si Abdoulaye Wade avait porté son choix sur la plan Reva et la Goana pour être autosuffisant en nourriture, Macky Sall a misé quant à lui sur le Pracas et la Stratégie nationale pour l’atteinte de la souveraineté alimentaire

La problématique de la sécurité alimentaire a été toujours au cœur des politiques agricoles des différents régimes qui se sont succédé au pouvoir. Si le gouvernement de l’ancien Président de la République Abdoulaye Wade avait porté son choix sur la plan Reva et la Goana pour être autosuffisant en nourriture, l’actuel Président Macky Sall a misé quant à lui sur le Pracas et la Stratégie nationale pour l’atteinte de la souveraineté alimentaire.

La question de la sécurité alimentaire a toujours préoccupé les autorités sénégalaises. Dès son accession au pouvoir en 2000, l’ancien Président de la République Abdoulaye Wade a mené des politiques agricoles pour permettre au Sénégal d’être à mesure de nourrir sa population. C’est dans cette dynamique que Me Wade avait lancé en 2006 le Plan-REVA (Retour vers l’agriculture). L’objectif de ce programme était de créer les conditions physiques et institutionnelles d’exercice d’activités de productions agricoles rémunératrices, durables qui garantissent le maintien de la ruralité et la fixation des populations. Le plan Reva n’a pas porté ses fruits malgré les milliards qui ont été décaissés pour sa réalisation. Deux ans après précisément en Avril 2008, Abdoulaye Wade revient à la charge et lance la Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance (GOANA), une initiative qui vise à mettre fin à la dépendance alimentaire du Sénégal. Avec un coût estimé à 344 milliards de francs CFA, elle prévoit, en l’espace de six mois une production de deux millions de tonnes de maïs, trois millions de tonnes de manioc, 500 000 tonnes de riz paddy et deux millions de tonnes pour les autres céréales (mil, sorgho, fonio).Pour l’élevage, les objectifs portent sur une production de 400 millions de litres de lait et 435 000 tonnes de viande. Ces deux programmes ont mobilisé beaucoup de politiciens, proches du pouvoir d’alors, vers la terre.

Ce qui avait même semé le doute chez des membres de la société civile qui avait demandé un audit des terres destinées à ces programmes.

Après le départ de Wade du pouvoir, son successeur Macky Sall s’est beaucoup investi pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire au Sénégal. En 2014, il a lancé le Programme de relance et d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise (PRACAS) doté de 425 milliards de FCFA. Cette option pour l’autosuffisance est une anticipation sur les grandes mutations du commerce international. Ainsi les autorités ont porté leur slogan « Autosuffisances en riz en 2017 » dans toutes les régions du pays.

Mais le 15 avril 2017, Waly Diouf, coordonnateur du Programme d’autosuffisance en riz (Pnar) dira à l’occasion d’un point de presse de la Société de développement agricole et industriel (Sodagri) : «Je ne sais pas si l’objectif sera atteint ou non, parce que l’avenir appartient à Dieu.» Quelques mois plus tard, à l’issue d’une mission conjointe effectuée dans le pays par le Conseil inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (Cilss), le Programme des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (Fao), le Programme alimentaire mondial (Pam), Fewsnet et le gouvernement du Sénégal, l’on apprenait que les productions de riz paddy pour la campagne 2017/2018 étaient d’1 million 15 mille 334 tonnes, soit une augmentation de 7% par rapport à la campagne 2016/ 2017. Alors que l’objectif des autorités était d’atteindre une production d’1 million 80 mille tonnes de riz blanc, soit 1 million 600 mille tonnes de riz paddy à l’horizon 2017. L’échéance a été donc reportée jusqu’en 2019. Toutefois, cette autosuffisance en riz n’est pas encore une réalité au Sénégal. Aujourd’hui encore, après avoir subi les conséquences de la pandémie de la Covid-19 et de la crise Ukrainienne, le Chef de l’Etat Macky Sall se donne un mot d’ordre la souveraineté alimentaire au Sénégal. Le Sénégal parviendrait-il à relever ce défi ? Si on sait que la vétusté des aménagements, le faible rythme de réalisation de nouveaux aménagements et les coûts de production sont autant de facteurs qui freinent l’atteinte de ces objectifs.

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