Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) déclare être “constant et déterminé” à “ne laisser personne diffuser, pendant des heures et en live, des scènes de violence impliquant des enfants et des adolescents”.
Dans une déclaration, le CNRA, “droit dans ses bottes”, se veut “inflexible” sur cette question qui ne devrait pas être politisée, selon le texte reçu de son président, Babacar Diagne.
“L’organe de régulation des médias ne laissera personne diffuser, pendant des heures et en live, des scènes de violence impliquant des enfants et des adolescents”, lit-on dans cette déclaration faisant allusion à la décision du CNRA de suspendre, le 10 février dernier et pendant sept jours, la diffusion des programmes de Walf TV.
Il reproche à cette télévision privée d’avoir diffusé “en boucle des images montrant des violences” à Mbacké (centre), “en violation totale de la réglementation” du secteur de l’audiovisuel.
Le CNRA avait prévenu dans sa décision qu’en cas de récidive, après la reprise de la diffusion de ses programmes, Walf TV “pourrait voir sa convention résiliée définitivement”.
Les reproches faits par le CNRA à Walf TV découlent de la couverture d’un rassemblement que le Pastef, le parti de l’opposant Ousmane Sonko, tenait à Mbacké, le 10 février.
Les forces de l’ordre ont empêché la tenue de la rencontre de M. Sonko, maire de Ziguinchor (sud) et candidat à l’élection présidentielle de 2024, avec ses partisans.
Interdits d’accéder au boulevard où devait se tenir leur manifestation, l’opposant et ses partisans ont rebroussé chemin en parcourant les rues de la ville à bord de plusieurs voitures.
“Sur cette question, en dépit des rassemblements et autres vociférations, le CNRA restera constant et déterminé”, assure le régulateur dans sa déclaration transmise dimanche à l’APS.
Babacar Diagne affirme que “l’argument du ‘temps d’antenne vendu’ avancé comme ligne de défense par Walf TV est tout simplement inacceptable, d’autant plus qu’il y a deux ans, l’entreprise avait été mise en demeure et sanctionnée pour des faits de même nature”.
“Nous sommes devant un cas de récidive”, soutient le régulateur en faisant valoir que les dégâts de la violence à l’écran sur les enfants et les adolescents sont “un fait indiscutable, prouvé scientifiquement”. “Aussi ne pourrait-il y avoir de spécificité sur cette question. Aucun régulateur au monde ne l’accepterait”, argue Babacar Diagne.
“Il s’agit de l’avenir de nos enfants et de notre pays”
Il dit refuser de s’arrêter “sur les comparaisons tout à fait inadéquates entre les événements du Capitole et des Gilets jaunes survenus dans des pays où l’enfance est très protégée”.
Le président du CNRA fait allusion à l’attaque perpétrée contre le Capitole, le siège du pouvoir législatif américain, à Washington, par des personnes présentées comme des partisans de l’ancien président américain Donald Trump.
Cet assaut du 6 janvier 2021 s’inscrivait dans un contexte de contestation des résultats de l’élection présidentielle américaine de 2020.
Babacar Daigne laisse de même entendre que les faits pour lesquels le signal de Walf TV a été suspendu ne sont pas comparables au mouvement social apparu en France à partir d’octobre 2018, dont les Gilets jaunes – nom donné par allusion aux gilets de couleur jaune portés par les manifestants – sont la pointe contestataire.
Le groupe Walfadjri, se disant victime d’un “acharnement”, a organisé vendredi un sit-in de contestation auquel avaient participé des hommes politiques, mais aussi des personnalités des médias et de la société civile.
Certains participants à ce rassemblement ont comparé la couverture médiatique des événements du Capitole et des manifestations des Gilets jaunes avec la manière dont Walf TV a retransmis le rassemblement interdit de Pastef.
“Je comprends la propension de nos compatriotes à politiser toutes les questions mais celle-ci ne saurait être politisée, a commenté Babacar Diagne. Il s’agit de l’avenir de nos enfants et de notre pays.”
Aps