Selon Demba Kandji qui organisait hier, mardi 14 février, à Dakar, une rencontre d’échanges avec les acteurs de la société civile, il appartient à la justice de définir les règles du jeu
Le médiateur de la République n’a pas beaucoup de pouvoir pour amener les politiques au dialogue. Selon Demba Kandji qui organisait hier, mardi 14 février, à Dakar, une rencontre d’échanges avec les acteurs de la société civile, il appartient à la justice de définir les règles du jeu. La Médiature de la République, quant à elle, a un pouvoir de pacification.
Le médiateur de la République, Demba Kandji, a organisé hier, mardi 14 février, une journée de concertation avec les acteurs de la société civile. Répondant à une préoccupation qui est fréquemment revenue dans le débat, à savoir la situation politique actuelle marquée par une forte tension entre le pouvoir et l’opposition, il a estimé qu’il n’est pas du devoir du médiateur de décider en pareille circonstance. «Le médiateur ne peut pas tout le temps parler, faire convoquer des gens et leur dire serrez-vous la main. Ce n’est pas le rôle du médiateur. Il est un pacificateur», a estimé Demba Kandji.
Le rôle du médiateur consiste, rappelle-t-il, à constater une situation et, de son propre chef, en informer qui de droit. «Nous avons un pouvoir qui nous permet de suggérer, de dire au président de la République, aux autorités compétentes, il faut entreprendre telle réforme, il faut entreprendre telle action, parce que le pays en a besoin». Et la rencontre d’hier devrait être, selon lui, «une occasion de faire remonter des choses, mais avec beaucoup plus de discrétion»
Le médiateur de la République d’ajouter, en outre, que dans un Etat de droit, il appartient à la justice de ramener l’ordre. «La paix sociale nous préoccupe tous ; mais la paix sociale, c’est l’Etat de droit. Dans ce contexte de l’Etat de droit, il n’y a qu’une autorité qui régule, il n’y a qu’un vrai médiateur : c’est le juge. Si nous perdons, dans ce pays, une justice qui réponde à nos préoccupations, qui réagisse à nos saisines, alors nous sommes en état de déliquescence. Et ça, c’est l’Etat de primauté, le retour à la nature», dit-il. Il ajoute, en outre : «il n’y a que le régulateur principal et central dans un Etat de droit, c’est la justice. Mais, avant d’aller en justice, il faut que nous respections dans nos relations la règle de droit qui nous unit, nous pacifie».
A signaler que le médiateur de la République, Demba Kandji a été beaucoup interpellé par les acteurs de la société civile, qui demandent son implication dans la pacification du climat politique. Selon la présidente du Réseau Siggil Jigeen, Safietou Diop, le climat politique actuel requiert l’engagement de tous, pour le respect de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance. Cette crise politique, qui survient après la pandémie de la Covid-19 et ses conséquences financières, peut plonger le pays dans une instabilité sécuritaire, surtout que dans les pays de la sous-région la tension est grande. Safietou Diop souhaite aussi un dialogue entre acteurs politiques, pour éviter au Sénégal les crises qui sévissent dans les pays pétroliers ou gaziers, communément qualifiées de «malédiction» du pétrole ou du gaz.
Penda Seck Diouf, présidente du Comité de lutte contre les violences faites aux femmes et présidente de la Plateforme de veille pour la paix et la sécurité, et imam Bamar Gueye, ont tous deux fait le même plaidoyer.
RECURRENCE DES ACCIDENTS DE LA ROUTE : DEMBA KANDJI ENGAGE LA RESPONSABILITE DE L’ETAT
De nombreux accidents de la route peuvent être évités, si l’Etat avait pris les mesures nécessaires. Le médiateur de la République, Demba Kandji, en est convaincu. «Sur l’autoroute Ilaa Touba, nous avons constaté qu’il y a des zones de silence, des poches de danger. Nous avons alerté le ministre en charge des Transports terrestres pour lui demander d’aménager des aires de repos. S’il y avait des aires de repos, avec des arrêts obligatoires, comme au Maroc, nos bus ne seraient pas conduits par des chauffeurs ensommeillés, au point de causer la perte de tant de vies», déplore-t-il, face aux acteurs de la société civile avec qui il a reçu dans le cadre d’une rencontre d’échanges hier, mardi 14 février 2023, à Dakar. Le médiateur de la République trouve également que «l’accident de Sikilo, quel que soit l’heure de marche du bus, pouvait être évité s’il y avait des aires de repos avec arrêt obligatoire». Il suffit juste, pense-t-il, «d’aménager des aires de repos, de mettre des postes de Police avec des arrêts obligatoire et un chauffeur qui relaie un autre». Ces mesures sont nécessaires, selon lui, pour arriver à une sécurité routière. «Les routes du Maroc étaient beaucoup plus accidentogènes, il y a de cela quelques années. Mais, c’est exactement les mesures de ce genre qui ont permis au roi de mettre un terme à cela. L’Etat Sénégalais construit des routes et des autoroutes, mais avec des véhicules laissés à la merci des conducteurs, qui sont parfois des tombeaux roulants».
NON-EXECUTION DES DECISIONS : UNE TARE DE LA JUSTICE
Les garanties d’un procès juste et équitables peuvent être remises en question. Selon le médiateur de la République et ancien président de la Cour d’appel de Dakar, Demba Kandji, trouve, «on ne peut pas parler d’un procès juste et équitable si les décisions de justice ne sont pas appliquées». Recevant les acteurs de la société civile dans le cadre d’un échange, hier mardi, à Dakar, il signale ainsi, pour étayer son propos, que l’Etat et les banques ne réagissent pas souvent quand ils sont condamnés. Pour Demba Kandji, «si les décisions de justice ne sont pas appliquées, il ne sert à rien d’aller devant le juge.» Le médiateur de la République répondait ainsi à une interpellation du président de l’Association des clients et sociétaires des institutions financières (ACSIF), Famara Ibrahima Cissé.
Fatou NDIAYE