Le corbeau et le rossignol, ou quand le vice tente d’écrire un traité de grandes vertus.

par pierre Dieme

Un recueil d’anecdotes vulgairement racontées et abusivement appelé « livre » est apparu cette semaine et largement partagé dans les réseaux sociaux, renseignant d’ailleurs au passage sur le caractère relativement minimal des exigences de rigueur éditoriale, sur la forme et sur le fond.

Sous une apparence un tantinet racoleuse renvoyant a priori à une diatribe contre le président et son régime, sa visée cachée, très vite « dénichée » par les « nandités », est de contribuer au travail de salissage d’un opposant irréductible au bienfaiteur du « griot » de service si habité à ramper qu’il n’est plus capable de « voler » (pas de « violer »), pour reprendre le mot de Mao.

Le jeu, l’enjeu et le timing sont si bien choisis par cet arbitre, ce juge « vertueux » (pardon pour l’évitement ironique) auto-désigné de la prochaine bataille que se livreront un candidat légitimé par une jeunesse démographiquement majoritaire et radicalement engagée et un autre candidat impopulaire et juridiquement disqualifié mais tenté par le diable du forcing, qu’ils ne laissent aucun doute sur la nature de la commandite et la personnalité lugubre du commanditaire.

Entre le dépit et le mépris, me vient en souvenir un conte subtil. Mais, connaissez-vous la fable du corbeau et du rossignol? Un petit rappel :« Un corbeau et un rossignol, perchés sur une branche, cherchaient à savoir qui des deux chantait le mieux.

Et le corbeau d’y aller de sa voix graveleuse : Croâ ! Croâ ! Croâ ! Le rossignol à son tour de sa voix flûtée : Pfui ! Pfui ! Pfui !

Et de chanter chacun à leur tour sans être capables de se départager. Passe par là un petit cochon.

Le corbeau aussitôt lui demande de les aider à savoir qui des deux chante le mieux. Le cochon n’ayant pas d’autre chose à faire accepte de servir de juge.

Le jeu recommence.

Le corbeau : Croâ ! Croâ ! Croâ ! et le rossignol : Pfui ! Pfui ! Pfui ! Le cochon écoute, réfléchit et donne pour gagnant le corbeau.

Le rossignol fond en larme.

Le cochon voyant cela dit au rossignol : « Alors ? Vous pleurez parce que vous avez perdu ? »

Le rossignol de répondre : « Non ! Je ne pleure pas parce que j’ai perdu. Je pleure parce que j’ai été jugé par un porc ! »

À qui sait lire et comprendre!

Ndiaga Loum, professeur titulaire, UQO

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