Etrange Sénégal, pays plus autarcique qu’on ne l’imagine: sa presse fait ses choux gras d’un livre sur lequel elle ne pose pas les questions journalistiques les plus fondamentales: les 5 W. Who, What, When, Where, Why -and for Whom? Qui est derrière, qui a fait quoi (levée d’un contrôle judiciaire en catimini de l’auteur), quand (le timing est aussi important que la motivation), où (qui a concocté et à quelles fins le projet?), et pourquoi mais surtout au service de qui -de l’auteur, de commanditaires ou pour descendre des cibles, auquel cas renouvelant une pratique de mercenariat de la plume devenue courante sous nos tropiques.
En passant à côté des questions centrales sur le livre dont elle parle à satiété comme si elle avait une dimension déterminante pour la marche du pays, la presse provincialisée passe sous silence deux évènements majeurs; la visite de Marine Le Pen, marqueur d’une mutation à venir dans les relations socioculturelles et politiques avec l’ancienne puissance coloniale, et celle de Janet Yellen, la ministre des Finances des USA annonciatrice d’une descente dans la mêlée de l’Oncle Sam au titre d’une nouvelle guerre froide de portée géoéconomique dont le continent africain est parti pour être l’épicentre.
Evoquer le livre de Cheikh Yerim et passer au crible ce qu’il dit ou, mieux, ce qu’il cache, peut certes avoir une justification dans le contexte politiquement survolté du pays mais, diantre, pourquoi passer à côté d’enjeux beaucoup plus pertinents pour comprendre ce qui travaille en profondeur notre société:
-les détournements autour de la pandémie Covid19 (quelle presse tente de nous faire mieux connaître les protagonistes de ce crime, notamment, pas seulement elle, Katy Gadiaga?);
-les micmacs de Thierno Gigolo Ndom au coeur de la République, avec ses pontes les plus visibles, du Président à son Directeur de Cabinet et à l’ex-tonitruant ministre de l’Environnement, Abdou Karim Sall;
-les accidents meurtriers sur nos routes;
-les bandes armées qui terrorisent les populations rendant leurs vies impossibles:
-les audiences de Macky Sall à Xippi Khôl Liffi Macky Deff (mouvement dirigé par Doro Gaye et qui est un nid d’espions et de nervis armés) ou à Ansoumana Dione (dont on dit qu’il est fou -la cause de malades mentaux est importante cependant- mais n’oublions pas que les faux fous sont légions dans l’industrie du renseignement);
-l’ethnicisation, pour ne pas dire la pularisation, en lame de fond, du pouvoir, prémisses d’une fragmentation sociale aux conséquences incalculables sur la société sénégalaise;
-Le silence des instances judiciaires et constitutionnelles sur la campagne électorale déguisée de Macky Sall, avec les moyens de l’Etat, dans les régions (après Tamba, Thiès le mois prochain…);
-Les fréquentations dangereuses de nos alliés étrangers avec ce régime dont ils savent tous qu’il est mû par des penchants génocidaires pour se maintenir au pouvoir, confirmant qu’ils lui appliquent la règle ancienne qui ferme les yeux sur la racaille qui est à leur service en ignorant le plaidoyer d’un peuple qui suffoque sous son genou.
Encore un effort pour voir au delà du buzz de la communication, coup de départ d’une année qui sera chahutée…
Photo:
Entre Cheikh Wade tué, d’une balle aux Parcelles Assainies, voici deux ans, les détournements Covid, le trafic d’armes et de drogue et les agitations diplomatico-politiques, où est le centre des enjeux de la nation?
Le flot des nouvelles: buzz et silences
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