Grève des transporteurs: les usagers dakarois dans la peine, les moto-jakarta prennent le pouvoir et dictent leur loi

par pierre Dieme

La grève des transporteurs a créé une psychose chez les usagers. De nombreuses personnes ont vu leur emploi du temps chamboulé. Les arrêts de bus ne se désemplissent pas, aucun bus à l’horizon. De leur côté, les conducteurs de thiak-thiak, de clandos et de taxis font leur loi sur les routes.

Ce mercredi 18 janvier, les transporteurs ont commencé leur bras de fer contre l’Etat. Ils ont décidé de garer leurs véhicules  au grand dam des usagers. À 8 heures du matin, les arrêts de bus sont exceptionnellement remplis de monde. Le regard perdu, Pape Amath Fall tente de trouver un bus pour se rendre à Mermoz où il travaille. Rencontré à l’arrêt de Fass Mbao il attend n’importe quelle ligne du moment qu’il arrive à destination.

« Je suis ici depuis 7h 00 mn. J’ai quitté Rufisque et 6h mais c’était un parcours de combattant pour arriver ici. J’ai dû prendre deux bus alors que d’habitude je prends un seul bus. A ce rythme je ne sais pas si je serais au boulot à l’heure alors que je dois aller jusqu’à Mermoz », s’inquiète le jeune homme âgé de la trentaine.

Les Bus de l’AFTU saturés de monde
A moins de cinquante mètres de lui, certains font de l’auto stop, d’autres marchandent avec les conducteurs de motos « thiak thiak ». Chacun essaie de trouver un moyen pour rejoindre son lieu de travail ou de rendez-vous. Malgré que certains bus aient quand même décidé de continuer à travailler (l’Association de Financement des Transports Urbains de Dakar n’a pas suivi le mot d’ordre de grève, ndlr), le problème demeure.

« J’ai vu de nombreux bus passer, mais impossible de les prendre ! Ils sont saturés. La demande est trop forte. J’ai pensé me tourner vers les taxis mais comme chaque fois ils exagèrent sur le coût du transport,  je ne peux pas me le permettre », témoigne Adji Mbergane Guéye, rencontrée à Diamaguene Sicap Mbao. A l’en croire, l’augmentation des tarifs dans les minibus n’est pas un problème, car les bus restent plus abordables que les taxis et les « thiak thiak », ne sont pas sûres.

« Même si on augmenter le tarif, je prendrai le bus parce que je n’ai pas le choix. Aujourd’hui, beaucoup d’usagers sont affectés par cette grève alors que ça pouvait être évité. Il faut que les acteurs se regroupent et en parlent parce que cela ne peut pas continuer », déplore Mme Gueye.

 Les motos Jakarta profitent de la détresse des usagers
Comme on dit, le malheur des uns fait le bonheur des autres. En effet, de nombreux usagers se sont tournés vers les motos Jakarta communément appelés thiak-thiak, taxis et clandos. A Bountou Pikine, les conducteurs de thiak-thiak ont pris d’assaut l’arrêt de bus. Ils sont devenus très sollicités. Mais certains d’entre eux profitent de la détresse des usagers pour augmenter le prix de leur course en facturant la course partant de Bountou Pikine à Castor à 2000 et 2500. « C’est pour ça qu’ils travaillent jusqu’à la fin de leur vie sans rien réaliser », peste Mor Mbengue. Vêtu d’une capuche orange, il dit être en colère face à cette situation.

« Je ne comprends pas pourquoi à chaque qu’il y’a ce genre de problème, ceux qui se trouvent en position de force en profitent. Ce pays manque de solidarité, ce qui est déplorable. La grève a chamboulé le quotidien de plusieurs centaines de milliers de personnes. J’invite le gouvernement et les transporteurs à se rencontrer, à discuter et à trouver une solution parce que si cela continue, on risque de beaucoup souffrir de cette situation. Les bus Tata sont le moyen de transport le plus adapté. pour nous. Si nous sommes privés de cela, les conséquences seront terribles sur la population », prévient le sieur Mbengue.

Ce mercredi, au premier jour de grève des transporteurs affilés au Syndicat national des transports routiers de Abdoulaye Sylla, le désarroi était le sentiment le plus perceptible sur les visages des usagers dakarois. Un mort d’ordre de grève illimitée a été décrété par ce syndicat pour contraindre l’Etat du Sénégal à revenir sur certaines mesures prises après l’accident de Sikilo qui a fait 42 morts. Parmi ces mesures, il y a l’interdiction des véhicules de transport de circuler de 23 heures à 05 heures du matin, la suppression du porte-bagages etc.

Ndeye Fatou Touré

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