Le silence de Macky Sall sur sa 3e candidature est pris au piège par sa propre loi sur le parrainage. Si Macky Sall a l’intention de briguer un 3e mandat, il ne pourra pas déposer en catimini sa candidature au Conseil constitutionnel au dernier moment. En effet, pour toutes les élections au Sénégal, une candidature, qu’elle soit présentée par un parti politique légalement constitué, par une coalition de partis politiques légalement constitués ou par une entité regroupant des personnes indépendantes, est astreinte au parrainage par une liste d’électeurs.
En vertu des dispositions de la loi constitutionnelle modifiant l’article 29 de la Constitution, toute candidature à l’élection présidentielle doit, pour être recevable, être accompagnée de la signature d’électeurs représentant au minimum, 0.8% et, au maximum, 1% du fichier général des électeurs. Ces électeurs doivent être domiciliés dans au moins 7 régions du pays à raison d’au moins 2000 électeurs par région.
Et selon la loi électorale, « la période de collecte des parrainages est ouverte 180 jours ( soit 6 mois) avant la date du scrutin à la date de la fixation du montant de la caution. Elle débute après la publication et la mise à disposition du modèle de fiche de collecte et se poursuit jusqu’à la date limite de dépôt des candidatures prévue le 26 décembre 2018. Elle dure quatre (04) mois ».
BBY contraint de divulguer le nom de son candidat en août
La troisième candidature de Macky Sall est sur toutes les lèvres au Sénégal. Aussi bien sur celles de ses détracteurs que celles de ses soutiens. Le 12 décembre 2022, dans un entretien avec le New-York Times, le principal intéressé avait laissé entendre ceci: « Il est clair qu’aujourd’hui, il n’y a pas de débat juridique (pour savoir s’il peut ou non se représenter). Maintenant, que je sois candidat ou non, c’est ma décision. (…) Quand je me déciderai, je le ferai savoir au peuple sénégalais ».
Il affirme ainsi clairement qu’il ne s’est pas encore décidé sur le sujet. Ce qui constitue déjà un reniement de sa parole de la veille de la Présidentielle de 2019.
Si l’on suit les dispositions de la loi électorale, Macky Sall sera contraint de se découvrir au plus tard en septembre 2023 à six mois de la Présidentielle de 2024 qui aura lieu, dans les normes, en février 2024. Selon le mandataire de la coalition Yewwi Askan Wi lors des dernières élections législatives de 2022, au mois d’août, la coalition au pouvoir sera obligée de dire qui est son candidat. « Dès le mois d’août, on saura tout sur sa posture. Parce qu’il faudra aller chercher les parrainages conformément au Code électoral. À ce moment-là, nous saurons qui sera le candidat de Benno Bokk Yakaar », a-t-il prédit.
Même si Macky Sall entretient encore le flou sur son intention, dans son parti, il n’y a plus l’ombre d’un doute. Une cérémonie a été organisée le 7 janvier à Dakar par les jeunesses de l’Alliance pour la République (APR) pour investir Macky Sall comme candidat. Tous les responsables du parti présidentiel étaient présents, dont plusieurs ministres.
La Société civile sénégalaise a lancé, en octobre 2022, une initiative contre le 3e mandat. Dans une lettre ouverte, les organisations signataires dont le mouvement Y’en A Marre, appellent le chef de l’État à s’exprimer clairement, et à respecter la Constitution, qui stipule dans son article 27 : « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Le nom donné à ladite initiative est la suivante: « Jàmm a Gën 3ᵉ mandat » en wolof, « la paix vaut mieux qu’un troisième mandat ».
AYOBA FAYE