L’Inspection générale d’État (IGE), placée sous l’autorité directe du Président Macky Sall est chargée de la vérification administrative et financière des services publics. A l’issue de leurs missions, ces inspecteurs élaborent des rapports avec des recommandations qui sont soumises à la validation du chef de l’Etat. Les recommandations issues des rapports approuvées ont une valeur de directives présidentielles. Un supposé rapport de l’IGE transmis à Macky en mai 2022 sur Aminata Touré, et qui n’a pas empêché le parton de Benno Bokk Yakkar de faire de Mimi sa tête de liste lors des législatives de 2022 fera certainement douter de l’impartialité de ce corps de contrôle. Sans oublier l’affaire caisse d’avance qui a conduit à « un musellement politique » de Khalifa Ababacar Sall et celle des chantiers de Thiès avec Idrissa Seck. Mimi qui est aujourd’hui dans l’opposition va-t-elle échapper à la machine judiciaire ?
Le moment choisi est inquiétant. A peine qu’elle a décidé d’officialiser sa candidature pour la présidentielle de 2024, l’Etat s’engage à retenir la cadence de celle qui fut sa collaboratrice. En sortant un rapport de l’Inspection général d’Etat. Sur lequel, l’ancienne présidente du Conseil économique social et environnemental (CESE), Amina Touré sous le sobriquet de Mimi serait épinglée sur une somme de 2 milliards FCFA qui auraient « été orientés à des destinations inconnues avec plus de 157 millions pour son image ».
Face à ces accusations, la réponse du berger à la bergère ne s’est pas fait attendre. L’information parue dans deux journaux de la place hier-mercredi, a été jugée « fausse ». Mimi en voit même une opportunité pour faire oublier les fonds Covid 19. » Je dénonce une information totalement fausse ayant pour seul but de porter atteinte à mon honorabilité et par la même occasion de créer un contre-feu à la gestion scandaleuse des 1000 milliards des Fonds COVID », a fait savoir la députée non inscrite dans un communiqué.
Et pour prouver sa bonne foi, celle qui fut ministre de la Justice, Première ministre et envoyée spéciale du régime de Macky Sall a demandé une « AUDITION PUBLIQUE COLLECTIVE de l’Inspection Général d’Etat des trois Présidents du CESE nommés par le Président Macky Sall à savoir Mme Aminata Tall qui a exercé pendant 6 ans, moi-même, Aminata Touré qui ai exercé pendant 1 an et 4 mois et l’actuel Président du CESE, Mr. Idrissa Seck en poste depuis 2 ans et 2 mois. »
La candidate déclarée à la Présidentielle de 2024, en voit derrière cet acte une tentative de musèlement politique. Mimi Touré tient à informer ses détracteurs que : « Cette technique d’intimidation ancienne ne saurait nullement m’impressionner ». Rappelant que « le Président Macky Sall, lui-même a fait l’objet en 2011 d’accusation de détournement de 7 milliards du Fonds Taiwanais et a été convoqué au commissariat de police du Plateau pour être entendu sur une accusation de blanchiment ».
Les rapports de l’IGE soumis à l’appréciation du Président de la République fait du corps de contrôle une « arme » de mise à mort des adversaires politiques
Il faut rappeler que l’Inspection générale d’Etat est placée sous la direction directe du chef de l’Etat Macky Sall. Ses rapports soumis à la validation du Président de la République, est d’ailleurs confidentiels. Jusqu’à celui-ci en décide de son utilisation. Le plus souvent utilisé à des fins politiques.
Et le cas de Aminata Touré n’en déroge pas à la règle. En effet, le rapport d’IGE qui a épinglé Mimi a été finalisé en mai 2022 et remis au Président de la République. Ce qui n’a pas empêché le patron de Benno Bokk Yakkar de faire de Mimi la tête de liste de sa coalition aux élections législatives du 29 Juillet 2022. Et voilà 8 mois après, que Macky décide de faire payer à son ex-collaboratrice ses bisbilles contre lui. Sa déclaration de candidature pour la présidentielle de 2024 et son tube favori « de Macky, vous n’avez pas droit à 3é mandat » qu’elle crie sur tous les toits.
Khalifa Sall et Idrissa Seck, ont été aussi victimes du rapport de l’IGE
L’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall a été aussi victime du rapport de l’IGE, qui l’a conduit à une condamnation de 5 ans de prison dans l’affaire caisse d’avance. Il a été accusé de détournement de fonds publiques sur plus d’un un milliard FCFA, d’association de malfaiteurs, de faux et usage de faux. Khalifa Sall a d’ailleurs crié de cabale politique, même s’il a bénéficié d’une liberté provisoire après. L’épée de Damoclès pèse toujours sur sa tête. Il n’a pas participé à la présidentielle de 2019, des locales et législatives de 2022, même s’il nourrit des ambitions pour les joutes de 2024: rien n’est encore assuré.
Idrissa Seck s’est aussi retrouvé en prison avec le rapport de l’IGE. Elle passe 5 mois sous les verrous avant de bénéficier d’un non-lieu. Le 14 juin 2004, le président Abdoulaye Wade a prescrit un ordre de mission pour la vérification des investissements réalisés dans la ville de Thiès dans le cadre de l’organisation de la Fête de l’Indépendance 2004. Les Inspecteurs généraux d’Etat Nafy Ngom keïta (chef de mission), Babacar Thiaw et Lamine Diom, avaient reçu pour mission de vérifier particulièrement le volume des investissements, les conditions de passation des marchés et d’exécution des travaux.
L’équipe de vérification s’est attachée alors les services de six cabinets d’experts inscrits à l’ordre national des experts et des évaluateurs agréés du Sénégal concernant les aspects techniques relatifs à la voirie, à l’éclairage public, aux aménagements paysagers…
En tout, 87 ouvrages ont été expertisés. Un premier rapport approuvé par le président de la République a été déposé sur sa table le 12 janvier 2005.
Les conclusions sont tout simplement effarantes : – financement et exécution par le Gouvernement, sur instruction de monsieur Idrissa Seck, alors Premier ministre d’un programme d’investissements publics de plus de 46 milliards, non autorisé par l’Assemblée nationale, donc juridiquement inexistant ; – dépenses exécutées en dépassement du cadrage fixé par monsieur le président de la République qui avait arrêté l’enveloppe financière à 20 milliards FCFA.
Les rapports d’IGE, censés être confidentiels sont exclusivement destinés au chef de l’Etat. Donc s’il se retrouve sur la place publique, c’est que le Président a décidé de lever son coude sur certains dossiers qui pourrez le servir d’arme contre ses adversaires…