Rapport Cour des Comptes sur le fonds Covid-19: le braquage financier du siècle

par pierre Dieme

UN COMMANDITAIRE, DES COMPLICES,
DES BRAQUEURS ET UNE COUR TROP REPUBLICAINE*

Mr le Ministre Mamadou Moustapha BA,
 » CAAXAAN BAAXUL WAAY « 
Dans cette présente analyse du rapport de la Cour des comptes, deux hypothèses difficilement innocentes qui s’excluent mutuellement, expliquent la raison et l’opportunité de sa publication un jour solennel de déclaration de politique générale de la part du Premier Ministre, Amadou BA.
La première hypothèse consiste à dire que ce sont les magistrats de la Cour des comptes qui, jaloux de leur indépendance et de la souveraineté de leur institution, ont choisi de publier cet excellent rapport sur la gestion calamiteuse du fonds Covid-19, à leurs risques et périls.
En cela nous leur devons reconnaissance et respect, car ils ont été à la hauteur de la mission à eux confiée par la République.
La deuxième hypothèse, quant à elle, penche plutôt pour la livraison d’une commande du Président de la République pour affaiblir ou renforcer son Premier Ministre en décrédibilisant certains membres de son gouvernement.
Dans le sillage de n’importe laquelle de ces deux hypothèses, le Président pourrait aussi chercher à donner aux populations la preuve de l’indépendance des juges pour faire avaler, dans l’avenir, à la frange contestataire du peuple sénégalais, des cas de manipulation de la Justice, le moment venu.
Cela va de soi que je préfère la première hypothèse qui réhausse la démocratie et l’état de droit dans notre cher Sénégal.
Mais, ce n’est pas aujourd’hui l’objet de cette présente contribution qui veut circonscrire sa portée sur le contenu du rapport et les conséquences tues qu’il implique.
Après avoir rendu un hommage mérité aux magistrats de la Cour des comptes pour ce précieux rapport produit, je ne peux pas passer sous silence leur courtoisie complaisante à l’endroit du Président de la République qui a créé les conditions de la commission de tels crimes financiers, aidé en cela par des complices dont le ministre des Finances d’alors, dans une moindre mesure et le Directeur général du budget devenu depuis, argentier de l’Etat.
D’aucuns me rétorqueront que cela ne serait pas de leur ressort, car en le faisant, les magistrats de la Cour des comptes auraient empiété sur le périmètre d’autres institutions comme l’Inspection générale d’Etat, l’OFNAC ou la CREI.
UN BRAQUAGE FINANCIER SAVAMMENT PLANIFIE
Imaginons un chef de famille qui, pour satisfaire les caprices de sa nouvelle copine trop exigeante, fait inhaler un gaz soporifique à sa femme et à ses enfants, puis paie un groupe de nervis et leur donne les clés de sa propre maison afin qu’ils la vident de tout son contenu qui servira ensuite à équiper la villa cossue qu’il vient de louer pour sa nouvelle conquête.
Imaginons un Directeur d’une banque réputée qui fait arrêter le fonctionnement des caméras de surveillance, fait éteindre les foyers d’éclairage de la zone, fait procéder à l’arrestation des agents de sécurité et remet les clés de la banque à des braqueurs qu’il a engagés.
Imaginons un Directeur d’une pouponnière-hôpital qui détourne les aliments et médicanents destinés à la prise en charge des nourrissons orphelins après avoir mis au repos forcé le personnel et fait arrêter les agents de sécurité.
Comme nous étions en période de guerre, imaginons enfin un Général qui envoie la troupe au front, très loin de toute zone urbaine et qui demande aux services d’intendance des différents camps militaires, de revendre une bonne partie des stocks d’aliments en réserves et de lui remettre le produit de la vente qu’il ajoute au montant de l’effort de guerre.
Ne se préoccupant ni du sort des soldats qui défendent le territoire face au envahisseurs au prix de leur vie, ni de l’intégrité physique menacée du territoire national, ce traître de Général utilise une bonne partie de ces fonds pour ses propres besoins et ceux de sa famille.
Si nous étions vraiment en guerre, les autorités incriminées mériteraient tous la COUR MARTIALE.
Ces différents exemples illustrent parfaitement ce BRAQUAGE du siècle conçu et savamment planifié par le Président de la République et ses complices avant d’être perpétré par des « Dage » suffisamment irresponsables et complaisants.
Pour démontrer le caractère prémédité de ce carnage financier à grande échelle, remontons au mois de Janvier 2020 et interrogeons certains textes de loi ou de règlement de la République qui ont été créés ou modifiés.
Alors que la Chine avait déjà enregistré son premier cas de contamination au virus covid-19 le 12 Novembre 2019, toutes les organisations internationales concernées étaient mises en alerte par l’Oms dès le mois de Décembre 2019 vu la rapidité de la propagation du virus et son caractère massif.

Sans insinuer que le vote de la Loi du 04 Mai 2019 portant suppression du poste de Premier Ministre, un mois seulement après la prestation de serment du Président de la République pour un deuxième et dernier mandat et bien avant la survenance de la contamination au virus covid-19 en Chine, ainsi que l’entrée en vigueur le 01 Janvier 2020 de la Loi portant Déconcentration de l’Ordonnancement des dépenses, devenu dès lors une prérogative de chaque ministère au détriment de la Direction du Budget qui en avait l’exclusivité, font partie d’une stratégie globale d’organisation d’un braquage des fonds d’un virus Covid-19 qui n’était pas encore présent dans nos murs, nous pouvons quand-même dire que la nouvelle configuration des procédures qu’ils ont induite, a largement contribué à l’ampleur du massacre en démultipliant, d’une part, le nombre des braqueurs tout en diversifiant le nombre de coffre-forts remplis en les délocalisant, d’autre part.
Était-ce la survenue de coincidences heureuses qui sont tombées à pic pour les malfaiteurs ou bien le résultat d’une planification quasi prophétique de la part de ces derniers ?
Ont-ils savamment tout planifié ou juste honteusement profité?
That is the question.
Seulement, en voulant faire exploser les quelques verrous qui continuaient de tenir malgré tout, il est procédé, par inspiration et au profit du Président de la République, au vote de la loi d’habilitation générale (illimitée dans le temps), du Plan de résilience économique et social (PRES 2020-781) qui légalise le contournement/suspension du code des marchés alors que ce dernier avait pourtant anticipé sur les cas d’urgence et de force majeure en son article 76, alinéa 10 et tout ceci a été courronné par la suspension de l’article 250 du Règlement de la Comptabilité publique qui exigeait le contrôle administratif à priori et la pose du visa de validation par la Direction Générale du Budget.
Ainsi le système vertueux de gestion orthodoxe des Finances publiques qui a toujours prévalu au Sénégal, a été violemment et brusquement déréglé de manière volontaire et remplacé par un ECOSYSTEME DE LEGALISATION DE LA DELINQUANCE FINANCIERE.
Au-delà donc des simples manquements et graves indélicatesses de SIX « petits » MILLIARDS CFA (6B cfa), des détournements de deniers publics et surfacturation facilement décelables dont parle, toute honte bue, l’actuel ministre des Finances, ce système mafieux a permis la commission de plusieurs délits d’initié, de beaucoup d’enrichissements sans cause et des paiements évidents de nombreuses rétrocommissions; ce qui avoisinerait DEUX CENT CINQUANTE MILLIARDS CFA (250B cfa) indus.
Un Procureur spécial n’aurait aucune difficulté pour dénouer cette nasse s’il dispose de moyens humains et financiers conséquents, mais surtout d’une suffisante liberté d’agir.
Posons-nous alors la question simple de savoir pourquoi ces deux éminentes personnalités du gouvernement ont-elles opté pour la solidarité gouvernementale au détriment du respect de l’orthodoxie financière basique qui consiste à se conformer aux procédures et protocoles élémentaires, mais fondamentaux qui gouvernent la gestion de toute comptabilité en général et des comptes publics en particulier, en priorité et en principal.
Je le dis en faisant naturellement allusion au Premier Ministre, Mr Amadou BA, mais surtout au Ministre des Finances, Mr Mamadou Moustapha BA.
Nous voyons désormais, sans ne rien y comprendre, ces deux premiers responsables de la tenue des comptes publics du Sénégal après le Président Macky Sall qui en est le garant, le gardien et unique délégant, contrer les axes du rapport de la Cour des comptes qui incriminent des ministères qui ont fait preuve sinon de pratiques comptables criminelles, au moins d’un amateurisme et d’une incompétence manifestement coupables.
Cherchant alors à comprendre la raison de leur incompréhensible posture en dépit de leurs qualités de fonctionnaires « carriéristes » rompus à la gestion des finances publiques d’une part et de surveillants fonctionnels de nos deniers publics pour leur traitement rationnel, leur sauvegarde et leur amélioration, d’autre part, nous nous sommes focalisé sur leurs positions respectives dans l’actuel gouvernement, qui devraient plutôt les incliner à saluer bruyamment l’excellent travail des magistrats de la Cour des comptes qui sont leurs alliés naturels dans la tenue orthodoxe des comptes de l’Etat.
La seule explication rationnelle de cette incongruité criminelle se résume simplement au fait qu’ils sont tenus d’assurer le service « après livraison » de la commande honteuse et illégale du Président de la République.
Ils ont donc choisi de s’aplatir devant les injonctions illégales et immorales de leur patron, fut-il le Chef de l’Etat, plutôt que de préserver les biens précieux et largement insuffisants du peuple sénégalais, dépourvu du minimum vital et affamé à dessein.
Cela témoigne d’un manque de patriotisme et d’une absence de moralité manifestes.
Bien que n’étant que ministre des Affaires étrangères lors de son dernier passage dans le Gouvernement, au moment des faits, son Poste actuel de Premier Ministre aurait dû lui imposer plus d’élégance républicaine vis-à-vis du rapport de la Cour des comptes et plus de respect à l’endroit des magistrats qui la composent.
Malgré son discours succulent empreint de douceur et de respect et son sourire séducteur, l’actuel Ministre des Finances qui était le Directeur du budget au moment des faits, est le bras armé chargé de la mise en oeuvre de ces crimes financiers abominables.
En parcourant le rapport de la Cour des comptes, c’était comme si je me retrouvais subitement entrain d’analyser les journaux comptables d’une puissante entreprise informelle de commerce général évoluant dans un Etat naissant, sans cadres supérieurs, qui vient de sortir de 20ans d’une guerre atroce qui a emporté la majeure partie de sa population instruite et valide.
En effet, dans un tel contexte, proche de celui du Soudan du Sud, TOUT est tolèré, car TOUT est en ruines.
J’ai définitivement arrêté ma lecture du rapport quand j’ai suivi pendant la journée du vendredi, 23 Décembre 2022, la conférence de presse du Gouvernement avec le Ministre des Finances, Mr Mamadou Moustapha BA, qui s’est curieusement comporté comme avocat défenseur des ministères incriminés par le rapport, puis comme chargé de leur communication le soir du même jour, lors de la diffusion de l’excellente èmission de la TFM « JAKAARLOO », un formidable « amortisseur » des chocs socio-politiques au Sénégal; soit dit en passant.
Alors que, normalement, en tant qu’actuel argentier de l’Etat et ancien Directeur du budget au moment de la commission des crimes, objet du présent rapport de la Cour des comptes, on attendrait légitimement de lui qu’il fut le premier à s’indigner de ce massacre financier doublé d’un attentat terroriste contre toutes les règles de la comptabilité.
Alors je me suis rué sur GOOGLE

pour en savoir un peu sur le profil du ministre des finances, car le plus minable des financiers ne saurait cautionner un tel brigandage. Au-delà des simples compétences professionnelles intrinsèques, la moralité du financier et de l’informaticien (pour ne citer que ces deux professionnels parmi les autres) ne peut pas s’accomoder de telles pratiques qui défient toutes les règles de procédures en la matière et la décence tout court.
Quelle fut ma surprise de constater que notre actuel Ministre des Financiers est tout sauf un financier, malgré son parcours respectable de haut cadre de la Fonction publique. Il est juste un économiste doué et expérimenté.
C’est là que j’ai compris qu’il ne peut occuper le présent poste que par reconnaissance de l’Etat pour services criminels rendus au Président de la République et pour maquiller ce scandale financier indigne du Sénégal.
J’ose l’affirmer, car la Présidence de la République a pris connaissance de ce rapport depuis le mois d’Août 2022; donc bien avant la nomination de l’actuel Premier Minisre et la mise en place du présent Gouvernement.
Comprenons alors tous désormais ce qui fait courrir Mr Mamadou Moustapha BA; il a parfaitement raison d’assurer le service « après-livraison » de manière subtile contre le rapport de la Cour des comptes en défendant les ministères que ce dernier pointe du doigt. La curiosité gênante et abjecte, c’est qu’il continue de le faire en tant qu’argentier de l’Etat en foulant au pied les règles les plus élémentaires en matière d’éthique, d’orthodoxie financière et de tenue sérieuse d’une comptabilité.
Mais, n’ayant pas la grandeur ou le courage de démissionner, tout ce qui lui reste c’est de communiquer pour espérer tromper, car il sait, avant même les magistrats rédacteurs du rapport, qu’il est l’auteur principal de tous ces crimes financiers avèrés pour les avoir facilités en amont et couverts en aval.
Mr Mamadou Moustapha BA aurait alors été le premier à devoir répondre de ses actes ignobles si on était en présence d’une cour pénale digne de ce nom, car les conseils des pauvres « DAGE » auraient évidemment demandé sa comparution.
Mr Mamadou Moustapha BA doit tout de suite démissionner et comparaître devant la Haute Cour de Justice, juridiction spéciale dont il est malheureusement un des bénéficiaires privilégiés.
Par conséquent, il est désormais indigne de gèrer les Finances du Sénégal et n’en a même pas les compétences requises.
Interrogeons-nous alors sur quel type de message veut lancer le Président de la République Macky Sall aux partenaires bilatéraux et multilatéraux du Sénégal en confiant ce ministère si stratégique à Mr. Mamadou Moustapha BA.
Surtout quand ce dernier doit représenter l’Etat du Sénégal auprès de ces mêmes partenaires techniques et financiers qui lui auront déjà retiré confiance et respect après qu’il ait réussi le braquage du siècle en mondovision.
Chers compatriotes sénégalais, NOS RESSOURCES financières actuelles et à venir sont entre des mains sales et inexpertes tant que c’est Mr Mamasou Moustapha BA qui continue d’en assurer la garde.
Pourtant, comme la majorité des Sénégalais, les députés et les journalistes en premier, lors du marathon budgétaire de ce mois de Décembre 2022, j’étais moi aussi tombé sous le charme de ce séducteur braqueur.

Nous avons malheureusement la tristesse et la colère de constater à travers l’éclairage de ce rapport de la Cour des comptes croisé avec l’étendue de ses anciennes attributions de Directeur Général du Budget au moment de la commission de ce braquage financier abject et à grande échelle, qu’il n’a hélas, ni profondeur caractérielle, ni épaisseur intellectuelle, encore moins une quelconque rigueur professionnelle.
Pour en avoir le coeur net, revisitons ensemble les responsabilités et autorités attachées à sa fonction ancienne de Directeur Général du Budget pour comprendre la colère légitime des populations qui se sentent trahies et flouées.
Méfions-nous désormais des beaux discours et de nos émotions.
POURQUOI Mr MAMADOU MOUSTAPHA BA DOIT DEMISSIONNER !!!
Sous son autorité au moment du braquage du siècle, la Direction générale du Budget était chargée, entre autres, du contrôle général de l’emploi des crédits budgétaires et de l’exécution des recettes du budget de l’Etat, de la centralisation de la programmation budgétaire des projets et programmes d’investissements publics élaborés par les différents ministères et organismes intéressés ainsi que de la recherche de financements nécessaires à leur réalisation, de la répartition des enveloppes indicatives de crédits budgétaires entre les départements ministériels et les institutions constitutionnelles,
de la gestion des relations de coopération financière avec les collectivités et organismes publics ou privés étrangers ou internationaux, de l’acquisition, pour les institutions et autres structures administratives, de matériel et mobilier de bureau, de mobilier d’appartement et de véhicules administratifs, de la centralisation de la comptabilité des matières des administrations publiques, de la gestion des formalités de douane, de transport et de magasinage du matériel appartenant à l’Etat et de l’administration des systèmes d’information de gestion des dépenses publiques.
A la lumière de tout ce qui précède, à qui mieux que lui doit-on réclamer des comptes !!!
Je conseille alors aux « Dage » d’être courageux, de ne chercher à protèger aucun ministre indélicat et de se chercher de bons avocats qui n’auront aucune difficulté pour les sortir de la situation grave dans laquelle les vrais commanditaires et bénéficiaires de ces crimes odieux veulent les plonger.
Avec ce Mr Mamadou Moustapha BA, comme ministre des Finances, nos sous n’ont jamais été entre d’aussi indélicates mains.
Mais aussi, le Président de la République qui a osé suspendre des lois pour permettre un carnage financier de la part de son gouvernement, ne se gênera pas à faire suspendre la Constitution pour prolonger la durée de son mandat ou renouveler celui-ci de manière illegale.

A bon entendeur, salut.

Contribution V.I.P.
Chérif Cheikh TIDIANE Seck

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