Le jeune Pape Djibril Fall a décidé d’entrer en politique, probablement convaincu en son temps par les nombreux citoyens qui lui manifestaient de l’admiration du fait de ses prises de position en faveur des gorgorlous, et de ses critiques sans complaisance vis-à-vis du pouvoir qui martyrise ces gorgorlous.
Il est vrai que depuis quelques temps, il est soudainement de moins en moins critique contre le pouvoir, mais par contre très virulent avec l’opposition. Pourtant ce n’est pas en attaquant l’opposition que le pouvoir d’achat des sénégalais s’améliorera, que la pauvreté reculera, que la répression et les assassinats cesseront, que le pillage s’estompera.
Les sénégalais démontrent à chaque occasion qu’ils n’aiment pas les transhumants, n’aiment pas les politiciens caméléons, n’aiment pas le ni-oui ni-non, n’aimes pas les dirigeants bourreaux.
Quand on entre en politique, avec des positions de NI-OUI, NI-NON, il faut s’attendre à être hué par les partisans du OUI, mais également par les partisans du NON. Donc le risque est double
Donc les acteurs politiques ou de la société civile qui se présentent comme les défenseurs du peuple, mais tiennent des discours contradictoires ou font montre de duplicité ne doivent pas s’étonner d’être rejetés par une population qui abhorre le double langage, qui abhorre la connivence avec un pouvoir répressif et prédateur.
Quel acteur politique ne s’est pas fait huer à un moment donné ou à un autre ? Parfois même par des partisans du même camp. On note souvent des violences verbales ou physiques au sein d’une même mouvance.
Combien de fois les présidents Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, Macky Sall, se sont fait huer ?
Combien de fois des leaders politiques tels que Ousmane Sonko, Idrissa Seck, Khalifa Sall, Ousmane Tanor Dieng, Karim Wade, et j’en passe des centaines d’autres, ont subi des huées, ou ont parfois vu leurs véhicules caillassés ?
Pape Djibril Fall n’est que le 1.000.000ème homme politique à se faire huer par des citoyens qui se considèrent comme trahis par lui, oui qui considèrent qu’il est au mauvais endroit, au mauvais moment. Il n’y a rien de nouveau à cela.
On note d’ailleurs qu’après les huées, le 1er réflexe de Pape Djibril Fall c’est d’essayer de transformer cette humiliation en gain politique, en se présentant comme un martyr, en essayant d’amplifier ce qui est une simple routine pour un homme public. Parler de tentative d’assassinat est ridicule et puérile de sa part, c’est de l’excès de zèle. Annoncer qu’il va porter plainte contre je ne sais qui est encore plus enfantin. Ses avocats vont juste bouffer son argent. Argent dont on ne sait toujours pas la provenance d’ailleurs.
On note aussi qu’il y’a toujours beaucoup d’hypocrisie de la part de certains médias ou politiciens qui s’offusquent un peu trop ou font mine de l’être, alors qu’on est au chapitre du détail, du fait divers.
Pape Djibril Fall n’a pas été hué en tant que journaliste ou chroniqueur ou homme de média. Il n’y a donc pas de solidarité de corps qui tienne. Pape Djibril a été hué en tant qu’homme politique, comme presque tous les hommes politiques l’ont déjà été et le seront encore. Il est certes devenu député, et là aussi rien d’exceptionnel à se faire huer dans la rue ou au sein de l’hémicycle comme on le voit.
Donc arrêtons de faire du boucan pour un simple fait divers. Si Pape Djibril Fall ne veut plus se faire huer, ou ne supporte pas les huées, la meilleure solution c’est de quitter la scène politique, de quitter l’Assemblée Nationale, de quitter les plateaux de média.
Si Pape Djibril veut réduire le risque d’être hué, il devrait adopter un positionnement sans équivoque plutôt que de faire dans la duplicité. Et que cesse toute cette hypocrisie lue ou entendue dans les médias.
Boubacar SALL