Sénégal hors émergence

par pierre Dieme

Et pourtant les populations sont toujours plongées dans une extrême pauvreté ! Des femmes meurent encore en couches. Pour obtenir des soins, les habitants doivent parcourir des milliers de kilomètres. Ils vivent dans une situation de précarité extrême. Le repas est pour le moins austère. Le menu reste pour une bonne partie de cette population constitué par du riz blanc agrémenté de la fameuse pâte d’oseille.

C’est le menu quotidien de cette partie du Sénégal des profondeurs que visite actuellement le Chef. D’autres populations meurent de faim malgré les bourses familiales devenues un fonds de commerce électoral. Les enfants étudient dans des abris de fortune qui ne devraient même pas accueillir des animaux. Dans ces régions de l’intérieur du pays subsistent encore des bizarreries qui crèvent l’œil.

C’est pourtant dans ces contrées que l’on dit avoir investi des milliers de milliards de francs pour leur développement. A quelques kilomètres de l’endroit où le Chef tient ce matin son Conseil des ministres, dans une région aurifère où des compagnies internationales explorent des zones et font des bénéfices de milliers de milliards.

Dans ces zones, donc, des gens pataugent dans la misère et crèvent de faim. Ils ont beau crier leur indigence, ils peinent à se faire entendre des décideurs. Ces malheureux vivent dans des endroits qui devraient être des paradis et qui sont devenus un enfer pour eux.

Ce sont justement ces miséreux qui ont été transportés comme du bétail pour orner le cortège du Chef et à qui on faisait hurler des slogans à sa gloire. Un tee-shirt, un bout de sandwich, un billet de cinq mille francs et ils sont comblés avant que tout ce beau monde ne les quitte, les laissant à leur vie de débrouille, jusqu’à la prochaine visite du Chef. Des populations abusées par des chiffres qui donnent le tournis et qui auront le destin des fonds Force Covid-19. Ce dont cette population a le plus besoin, c’est de travail et de pain. Ce qui manque, hélas, cruellement dans ces zones où sévit une pauvreté révoltante. Tant pis pour ces maudits qui pourront toujours rouler sur des routes neuves avec leurs vélos.
KACCOOR BI – LE TEMOIN

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