Il nous a bien eus, le mec !Il nous était apparu si touchant, si amorphe (si, si !!) et attendrissant à la fois. On avait de la peine à le voir chassé des ors du pouvoir comme un mal propre. Le Père Wade avait fait d’un homme sans étoffe un martyr. En fait, ils étaient nombreux à penser qu’il l’était sous ses dehors de bon garçon qui peinait à sourire. Le pouvoir qu’il avait servi avant d’en être écarté nous montrait des signes extérieurs de richesses.
Des pauvres devenaient subitement riches en plus de faire preuve d’arrogance. Lui-même, on le soupçonnait d’être assis sur un joli magot. Mais voilà, son projet de société séduisait. Il nous dessinait un autre Sénégal. La Patrie avant le Parti. On pouvait le croire parce que, contrairement à ses prédécesseurs, lui, il avait vu le jour après nos glorieuses indépendances.. On pensait qu’il serait le mieux à comprendre certains enjeux. Il nous promettait plus de liberté, une justice indépendante, la reddition des comptes avec une gestion sobre et vertueuse. L’ayant cru sur parole, le peuple lui accorda sa confiance et il fit serment de ne jamais s’éloigner de ses belles promesses.
Il a fallu moins de temps qu’il n’en faut pour qu’il nous montre un autre visage. Sa reddition des comptes n’était qu’un paravent pour régler des comptes à ses adversaires. Deux furent mis en prison. Pendant ce temps, il avouait sans fausse pudeur qu’il protégeait certains délinquants à col blanc pour leur éviter la prison. Son coude servait à retenir mais aussi à pistonner ses hommes dont certains, pris la main dans le sac de liasses de billets de banque, ont bénéficié d’une belle promotion. La gestion de nos finances, plutôt que d’être vertueuse, était devenue calamiteuse.
Des scandales étouffés. La justice chahutée avec des détenus d’opinion, sa parole élastique et souvent menaçante et se comportant en monarque. Et voilà que la Cour des comptes vient de mettre une couche sur la gestion des finances publiques. Vous pensez sérieusement que les fautifs seront sanctionnés ? Bien naïfs que vous êtes! La fin de la gabegie n’est pas pour demain. Dans une ambiance de fin de règne, chacun cherchera à se faire plein de magot pour ne pas mourir idiot.
KACCOOR BI – LE TEMOIN