Il m’arrive de me retirer au village pour fuir pendant quelques jours les bruits, le désordre, la pollution, les embouteillages-monstres et nombre d’autres
problèmes qui rendent Dakar de plus en plus invivable. Pendant que j’y séjournais ainsi dans les dix derniers jours du Mois de novembre, un ami
m’appelle pour m’informer que quelqu’un a répondu à une de mes contributions et ne m’a pas du tout ménagé. Il précise que son texte a été
publié au quotidien Kritik dans son édition du 25 novembre 2022. Il l’aura été certainement à WalfQuotidien et peut-être à deux autres quotidiens qui ont
publié mon texte, objet de la réponse particulièrement sévère de mon contradicteur, et dont le titre est : « Vous aurez beau crier, vous ne nous
convaincrez jamais que son bilan le rend indispensable, encore moins irremplaçable ». Mon texte a été publié le 22 du même mois. Dans mon village
Koki Ndiaga Issa Dièye, je ne pouvais pas accéder au quotidien Kritik en question.
C’est à mon retour à Dakar que je me le suis procuré. Je précise que mon contradicteur s’appelle Ibrahima Baba Sall et se présente comme député-maire de Bakel. J’entendais son nom pour la première fois. En Tout cas moi, je l’appelle par son prénom, celui que ses parents lui avaient donné une semaine après sa naissance. Je respecte ce prénom, Ibrahima, pour des raisons que le lecteur comprendra facilement. Lui, n’en a pas fait autant avec mon prénom qu’il s’est donné la liberté de changer. Cette liberté saute aux yeux, dès le titre de son texte, celui-ci : « MODY NIANG, NON ‘’MAUDIT’’ PLUTÖT. » Ce titre annonçait donc d’ores et déjà la couleur du reste du texte.
Pour permettre au lecteur d’en avoir le cœur net et d’apprécier, je le convie à lire ce qu’on pourrait appeler son introduction où il m’interpelle à sa manière : « Eh oui l’officier d’état civil recevant ta déclaration de naissance aurait pu mentionner sur ton acte de naissance « Maudit » au lieu de Mody pour mieux coller à ta personne, ta personnalité, ton passé, bref ta vie de vieux mercenaire, à la vie négativement chargée de haine et de ressentiments ! En fait Mody, tu es vraiment maudit par ta haine, ton acharnement sans raison qui caractérisent ta personnalité. Tous les Sénégalais se rappellent que tu avais les mêmes attitudes envers le Président Abdoulaye Wade et sa famille. » Il parle de moi, moi le « maudit », comme s’il me connaissait depuis de longues années et suivais pas à pas mes diverse activités. Or, il ne me connaît ni d’Ève, ni d’Adam. Ensuite de moi, il a très certainement peu lu. Peut-être même, n’a-t- il lu, par hasard, que ma contribution qui l’a fait sortir de ses gonds. D’abord, je précise que ce n’est pas la première fois que des gens comme lui, y compris un « grand » journaliste, me traitent de méchant, de haineux, de jaloux, etc. L’un d’entre eux est allé jusqu’à me traiter « d’ignoble, de menteur, d’ivrogne, d’imposteur, de lâche, de vil, d’ingrat ». Je n’invente rien, Yalla xam na ko. Je serais donc tout cela à la fois.
Ces inconditionnels du vieux président-politicien comme du président-politicien Jr, me collent ces qualificatifs peu glorieux, sans même s’attarder sur les différents sens qu’ils peuvent avoir. Ils se contentent de me couvrir d’injures, et parfois des plus indécentes, mais sans jamais opposer des arguments sérieux à ce que j’écris dans mes livres, dans mes nombreuses contributions comme à mes déclarations publiques devant les micros de radios et sur les plateaux de télévisions. Lui, le député-maire de Bakel, ajoute « maudit » à mes « défauts », tout en ignorant certainement le sens de ce mot, qui peut être nom ou adjectif.
Comme adjectif, Le Petit Larousse illustré 2012 lui en donne deux : 1) voué à la damnation éternelle ; 2) réprouvé et rejeté par la société. Comme nom, il
signifie le démon. Pour ce député-maire de Bakel, je serais tout cela à la fois. Il ne s’arrête pas d’ailleurs en si bon chemin. Il poursuit donc son sarcasme en ces termes : « Aujourd’hui, tu jettes encore ton dévolu sur le Président Macky SALL et encore sur sa famille. On serait tenté de se poser la question de savoir ce que tu as fait dans ta vie, de quels mérites pourrais tu te vanter par rapport à
ces deux présidents qui ont rendu les plus grands services à leur pays. La réponse à une telle question paraît tout à fait évidente. Mody, non j'avais oublié & quot; Maudit ", tu fais partie de cette race de soi-disant intellectuels qui s'adonnent à ce qu'on pourrait qualifier de " prostitution intellectuelle ". En effet, tu es un mercenaire à la solde de commanditaires politiciens qui vous changent de
discréditer le Président Macky SALL. »
Je serais tenté de porter plainte contre lui comme contre les autres, pour diffamations, injures indécentes, etc., si je n’étais pas membre de la famille
« Kumba amul ndey ». Ma plainte ne servirait certainement à rien, lui et les nombreux autres étant de la famille « Kumba am ndey », donc assurés de la totale impunité. Le député-maire se pose la question de savoir ce que j’ai fait dans ma vie, de quels mérites je pourrais me vanter « par rapport à ces deux présidents qui ont rendu les plus grands services à leur pays ». D’abord, j’attire son attention sur un fait, lui qui me traite d’ignorant un peu plus bas : il ne devait pas inverser le sujet dans « pourrais-tu ». Il ne s’agit pas ici d’une interrogation directe, mais d’une interrogation indirecte, où le sujet n’est pas
inversé. Pour répondre à son interpellation,
je n’envie point son bienfaiteur ni son prédécesseur et sosie dans ce qu’ils ont fait, pendant bientôt vingt-quatre ans. Je suis fier, très fier de ce que j’ai fait dans ma vie, dans ma vie d’enseignant comme dans ma vie tout court. De toute cette vie, je n’ai jamais fait ou dit soit oralement soit pas écrit, quelque chose dont ma famille élargie, mes amis et tous mes compatriotes qui me connaissent pourraient avoir honte. Les deux présidents de notre maire pourraient-ils faire honnêtement la même, affirmation ? Ces deux-là n’ont point plus de mérites que moi. Je suis d’ailleurs gêné qu’on me compare seulement à eux. Je dirai, en langue nationale walaf, tegu ma lèen nawle. Les présidents Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy sont condamnés dès qu’ils ont quitté le pouvoir, le premier à deux ans de prison avec sursis à cause de son âge et de son était de santé de l’époque, le second à trois ans de prison dont un an ferme, même s’il est encore en appel. Les délits pour lesquels ils sont condamnés sont des peccadilles, comparés aux nombreux scandales qui ont jalonné leur gouvernance respective, eux le « père » et le « fils ». Á propos de ces scandales, j’ai toujours écrit et déclaré publiquement
que, s’agissant du vieux président-politicien, le plus insignifiant des scandales qui ont entaché sa longue gouvernance meurtrie, est infiniment plus grave quen l’Affaire du Watergate, qui avait coûté sa démission forcée à Richard Nixon en 1974. Il en est de même d’ailleurs de ceux de la gouvernance du président- politicien Jr. Ces deux-là, je refuse d’être comparé à eux et n’accepte point qu’ils aient mieux servi le pays que moi. Il y a bien servir et servir. Ne se sont-ils pas davantage servis , eux et leur dynastie ? Le député-maire de Bakel me charge encore plus violemment en ces termes :
« Tu fais partie de cette race de soi-disant intellectuels qui s’adonnent à ce
qu’on;on pourrait qualifier de qualifier; prostitution intellectuelle ". En effet, tu es un mercenaire à la solde de commanditaires politiciens qui vous changent de discréditer le Président Macky Sall. » Il aurait certainement porté plainte contre moi si je m’étais permis de le traîner dans la boue comme il le fait ici avec moi. Et il me ferait sûrement condamner car, pour beaucoup moins que cela, l’un des leurs m’a traîné devant le tribunal de Dakar et m’a fait condamner à trois mois d’emprisonnement avec sursis et à payer, conjointement avec Papa Alé Niang, la somme de dix ou vingt millions de francs – je ne me rappelle plus exactement – au plaignant.
Pour notre député-maire donc, je ferais partie « de cette race de soi-disant intellectuels qui s'adonnent à ce qu'on pourrait qualifier de "prostitution intellectuelle" ». Je serais encore un mercenaire à la solde de commanditaires politiciens qui me chargent (et non me changent comme il l’a écrit) de discréditer le Président Macky SALL. Un mercenaire ! Un prostitué intellectuel ! Tout ce que je ferais donc, ce ne serait que pour un salaire, ce ne serait inspiré que par le profit ! Je ne le ferais que pour des commanditaires politiciens ! Je serais aussi un prostitué intellectuel qui est un cousin direct du mercenaire !
Tout cela, venant de quelqu’un qui ne me connaît point, qui n’écrit que pour faire mal d’un côté, et pour plaire de l’autre ! Je crois que je ne laisserai pas
passer son audace. Il s’en sortirait très facilement alors qu’il a affirmé gratuitement des choses gravissimes sur mon dos. Je mettrai notre justice à
l’épreuve, en portant plainte contre ce Monsieur Ibrahima Baba Sall. En attendant, je passe sur « le bilan élogieux (de son mentor) que nos
connaissent compatriotes et approuvent », selon lui. J’y reviendrai bien plus longuement pour le relativiser de façon notable. Enfin, à sa conclusion, il me
renvoie, moi « Maudit », à une citation, celle d’Édouard Herriot qui disait, selon lui : « La haine n'est qu'une des formes de l'ignorance ». Et il m’invite « à apprendre davantage à connaître le Président Macky SALL ».
Ma haine se dissipera alors, et je serai vraiment Mody et non plus « Maudit ». Ma « haine » ne serait donc qu’une forme d’ignorance. Lui l’érudit, le grand intellectuel, qu’a-t-il produit pour convaincre de ses deux gros titres ? Moi, « Maudit », l’ignorant, j’ai produit huit livres et un en chantier, ainsi qu’un nombre indéterminé de contributions. Quant à apprendre à connaître Macky Sall, je suis persuadé, même ne sachant pas qui il est, que je connais ce président- politicien cent fois plus que lui. Concernant cet homme, ce politicien pur et dur, nous n’avons pas les mêmes préoccupations. Ce député-maire de Bakel, cherche à lui plaire au quotidien et à continuer de bénéficier des prébendes qu’il distribue à tout bout de champ ; moi, pour suivre pas à pas sa nauséabonde gouvernance et mettre en garde mes compatriotes contre le gros risque qu’il y a pour notre pays, à seulement envisager que cette famille dite libérale reste au pouvoir au-delà de février ou de mars 2024. Ce serait une catastrophe nationale que nos enfants et petits-enfants ne nous pardonneront
jamais.
Dakar, le 13 décembre 2022
Mody Niang