Le 13 décembre 1998, Norbert Zongo, journaliste d’investigation très célèbre au Burkina Faso, est assassiné par le régime de Blaise Campaoré. Cet assassinat au retentissement planétaire va faire vaciller le pouvoir du dictateur de Ouaga. Les conditions horribles dans lesquelles
notre confrère a été assassiné renseignent du niveau de haine que lui vouaient Blaise Campaoré et son clan. 24 ans après, à Dakar, un journaliste qui n’est certes pas de la trempe du fondateur de l’hebdomadaire L’Indépendant, croupit dans les geôles d’un disciple de Blaise Campaoré.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Macky Sall crée toutes les conditions pour faire crever le patron de Dakarmantin.com. Sa stratégie est sournoise. Car contrairement au sanguinaire Blaise Campaoré, il n’a pas le cran pour se salir les mains. Il veut, pour éviter de se salir les mains, l’user mentalement, psychologiquement, le tuant à petit feu pour assouvir une vengeance qu’il n’a pas encore pu infliger au tribun Ousmane Sonko. Car il faut le dire, la détention de Pape Alé Niang est une détention par procuration contre Ousmane Sonko. C’est une stratégie malsaine du fait qu’elle sacrifie des innocents pour arriver à ses fins. Humilier par le tonitruant maire de Ziguinchor, Macky Sall cherche par tous les moyens de prendre sa revanche. Alors, à défaut de se faire l’ancien député, il faut frapper ceux qui lui sont proches. Et Pape Alé, qui n’a jamais caché sa proximité et ses prises de position en faveur
du leader de Pastef, était la cible idéale. Il fallait juste donc trouver un alibi pour le coffrer.
Attention à la colère du peuple
Et la publication de ce document qui ne nécessite même pas de tuer une mouche, se présentera comme un cadeau tombé du ciel pour les faucons du Palais. Cette affaire nous renseigne sur la personne qu’est Macky Sall. Il est rancunier et foncièrement rancunier. Il est de cette catégorie de personnes qu’il ne faut jamais confier tous les instruments de la puissance publique. Il n’est magnanime que quand les choses vont dans le sens de ses intérêts. Donc, il est loin de la définition que les enfants du Livre ont d’un homme bon. Il est mauvais et viscéralement mauvais. C’est pourquoi il ne faut rien attendre de bon d’un tel personnage. Tout ce qu’il cède, c’est parce que le rapport de force lui est défavorable. C’est pourquoi il ne faut pas relâcher la pression sur le monstre. Car la différence entre lui et son sanguinaire parrain ouagalais, c’est que ce dernier assume et accepte de se salir les mains.
Par contre, notre peureu national se dérobe. Car il sait que tôt ou tard, il quittera le pouvoir et en ce moment-là, viendra l’heure du bilan et des comptes.
En ce moment-là, « l’affaire Pape Alé Niang » sera sur son compte. Et il payera pour cela. Il est encore temps, pour ne pas en arriver-là, de libérer l’innocent Pape Alé Niang. Si par malheur il lui arrive quelque chose, la fin de règne de son parrain au Burkina Faso sera meilleure que
le sien. Parce que la révolte du peuple sera foudroyante et aucun de nos régulateurs sociaux ne pourra le calmer.
Francois Mendy
Journaliste-Politiste