Défi de la bonne gouvernance et lutte contre la corruption à 14 mois de la présidentielle,

par pierre Dieme

La communauté internationale célèbre en ce jour du vendredi 9 décembre, la 19e journée internationale de lutte contre la corruption. Au Sénégal, la coïncidence de cette célébration avec la nomination à la tête de l’Office national de Lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) de l’ancien procureur Serigne Bassirou Guèye qui s’était illustré par son mépris des rapports de cet organe suscite moult interrogations. Surtout à moins de quatorze mois du renouvellement de l’actuel mandat présidentiel dont certains partisans ont été épinglés par les rapports de l’Ofnac.

Le Sénégal célèbre, en ce jour du 9 décembre, la journée internationale de lutte contre la corruption. Instituée par l’Assemblée générale des Nations unies à la suite de l’adoption de la Convention des Nations unies contre la corruption le 31 octobre 2003, cette 19e édition intervient dans un contexte très particulier marqué par la nomination de Serigne Bassirou Guèye, à la tête de l’Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption (Ofnac).

Ancien procureur de la République près le Tribunal de grande instance hors classe (Tgihc) de Dakar, Serigne Bassirou Guèye n’a jamais accordé du crédit au travail de cette autorité administrative indépendante, créée par la loi N° 2012-30 du 28 décembre 2012. De 2016, année de la publication du premier rapport de l’Ofnac jusqu’à son départ du Parquet en 2021, Serigne Bassirou Guèye n’a instruit aucun rapport d’enquête que lui a transmis l’Ofnac.

Mieux, il s’était plutôt érigé en défenseur des responsables du régime en place dont la gestion a été épinglée en classant sans suite ces documents compromettants. Parmi ces rapports, nous pouvons citer entre autres, le rapport de 2019 qui incrimine l’ancien Directeur des Domaines Mamour Diallo avec Tahirou Sarr d’« association de malfaiteurs, escroquerie portant sur des deniers publics, tentative d’escroquerie portant sur des deniers publics; complicité d’escroquerie portant sur les deniers publics » dans l’affaire dite des 94 milliards. Il en est de même du rapport de 2015 qui fait état d’une malversation portant sur plus de 127 millions de FCFA au niveau du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), alors dirigé par l’actuel ministre de l’Éducation nationale, Cheikh Oumar Anne.

Toujours dans cette liste des rapports rangés dans les tiroirs du Parquet par l’actuel président du l’Ofnac, figure également celui de l’année 2020 qui a épinglé la gestion des 69 milliards F cfa de fonds dans le cadre de la lutte contre la pandémie Covid-19 par l’actuel ministre des Transports terrestres, Mansour Faye, alors ministre du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale (MDCEST).

Cette liste des rapports de l’Ofnac rangés dans les tiroirs du Parquet ou mis sur le coude par Serigne Bassirou Guèye est loin d’être exhaustive puisque son prédécesseur, Mme Seynabou Ndiaye Diakhaté, a annoncé en 2020 que l’OFNAC avait transmis plus de 20 rapports au Procureur de la République dont elle ignorait totalement la suite qui leur a été réservée.

Au regard de ces faits, pas mal de Sénégalais s’interrogent, aujourd’hui, sur le choix de Serigne Bassirou Guèye pour présider aux destinées de l’Ofnac, organe que le chef de l’Etat a dit avoir créé pour veiller au respect des règles de la bonne gouvernance des deniers par les membres de son régime. Serait-on forcé à penser, comme certains esprits subversifs, que le maître du jeu chercherait à laver plus blanc encore ses partisans incriminés ou incriminables ? Surtout à moins de quatorze mois du renouvellement du mandat présidentiel qui donne tous les signes d’une compétition acharnée entre l’opposition et le pouvoir, sur fond de troisième mandat.

Nando Cabral GOMIS

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